Lesarchives du Tarn-et-Garonne, trÚs actives sur le Web ces derniÚres semaines, ont mis en ligne les registres matricules militaires. Il s'agit des tables alphabétiques et des fiches matricules des soldats des classes de 1867 à 1938, qui ont été numérisées, mais seuls sont en ligne les documents antérieurs à 1921, CNIL oblige.
Hugues Fouras, poĂšte agenais Hugues Fouras, de son vrai nom Henri FourastiĂ©, est nĂ© Ă Agen le 16 avril 1899âŠ
Fournitureet transport de granulats routiers pour les routes et propriétés départementales sur le Sla de Plaisance Du Gers (subdivisions de Miélan, Nogaro et Riscle). Client : Département du Gers. Avis N° : AO-2235-0994 32 - CONSEIL DEPARTEMENTAL; Fournitures Appel d'offres ouvert Mise en ligne : 24/08/2022 Limite de réponse : 30/09/2022; Fourniture Et Livraison De Produits
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Descriptionsur Archives départementales de la Haute-Garonne - Toulouse. Les Archives départementales de la Haute-Garonne sont situées à Toulouse. Les Archives départementales assurent six grandes missions : contrÎle, collecte, classement, conservation, communication et valorisation des archives. A partir de 8 ans.
Les archives du Tarn-et-Garonne, trĂšs actives sur le Web ces derniĂšres semaines, ont mis en ligne les registres matricules militaires. Il s'agit des tables alphabĂ©tiques et des fiches matricules des soldats des classes de 1867 Ă 1938, qui ont Ă©tĂ© numĂ©risĂ©es, mais seuls sont en ligne les documents antĂ©rieurs Ă 1921, CNIL oblige. Pour les Ă©tats signalĂ©tiques de 1922 Ă 1938, ils sont accessibles sur Ă©cran en salle de lecture des Archives, partiellement occultĂ©s lorsqu'ils contiennent des mentions mĂ©dicales. Leur consultation intĂ©grale est possible sur place, sur dĂ©rogation. Dans le Tarn-et-Garonne, comme dans beaucoup de dĂ©partements, on englobe sous le vocable gĂ©nĂ©ral de registres matricules militaires plusieurs types de documents. Les registres matricules militaires apparus en 1859, mais tenus en sĂ©ries continues Ă partir de 1867, dĂ©butent dans ce dĂ©partement en 1872. La collection est complĂ©tĂ©e par les listes dĂ©partementales du contingent de la Garde nationale mobile 1865-1870 et les listes dĂ©partementales du contingent 1867-1871. Sur le site Web des archives dĂ©partementales, en l'absence d'indexation nominative, vous devez rechercher un soldat en observant quelques rĂšgles simples. Calculez dĂ©jĂ la classe d'Ăąge de votre conscrit en ajoutant 20 ans Ă son annĂ©e de naissance. Puis, essayez de retrouver dans quel bureau militaire il a pu ĂȘtre recrutĂ©. Le Tarn-et-Garonne comportait deux subdivisions Ă partir de 1902, Montauban et Montauban-Agen couvrant l'intĂ©gralitĂ© du territoire. Mais avant cette date, les frontiĂšres administratives Ă©taient diffĂ©rentes des circonscriptions militaires, aussi, selon la commune d'origine de votre conscrit, il a pu ĂȘtre recrutĂ© dans un dĂ©partement voisin. Sa feuille matricule de recrutement peut parfaitement ĂȘtre conservĂ©e dans les archives du Lot-et-Garonne et du Lot. Autre particularitĂ© des registres matricules du Tarn-et-Garonne, les archives dĂ©partementales peuvent Ă©galement conserver la mĂ©moire militaire des conscrits d'autres dĂ©partements. C'est le cas des registres matricules de 1872 Ă 1929 de 4 cantons du dĂ©partement du Lot Castelnau-Montratier, Lalbenque, Limogne et Montcuq. Par ailleurs, les registres matricules de 1870 Ă 1901, des cantons d'Auvillar, Bourg-de-Visa, Lavit, Montaigu et Valence sont conservĂ©s aux Archives du Lot-et-Garonne. Une fois ce dĂ©tail gĂ©ographique rĂ©glĂ© », dĂšs que vous avez identifiĂ© le bon bureau de recrutement, sĂ©lectionnez le dans le menu dĂ©roulant, puis passez Ă la recherche du numĂ©ro de matricule de votre conscrit dans les tables alphabĂ©tiques. Cherchez-y son nom, et relevez en face de celui-ci son numĂ©ro de matricule. Enfin, muni de celui-ci, passez Ă lâultime Ă©tape retrouvez sa fiche matricule en sĂ©lectionnant cette fois-ci Registres matricules ». Vous y trouverez des informations trĂšs prĂ©cises sur l'Ă©tat civil du conscrit, sa morphologie, son degrĂ© d'instruction, ses Ă©tats de service, Ă©ventuellement ses blessures, ses dĂ©corations ou ses condamnations ainsi que ses changements d'adresse successifs.MAISONDEPARTEMENTALE DES PERSONNES HANDICAPEES 82 â Maison dĂ©partementale des personnes handicapĂ©es du Tarn-et-Garonne. Adresse postale : 28 rue de la Banque â BP 783, 82013 MONTAUBAN CEDEX. TĂ©lĂ©phone : 08 00 10 28 48. Courriel : mdph@ledepartement82.fr. Horaire dâouverture : Du lundi au vendredi de 8h30 Ă 12h00 et de 13h30 Ă 17h00. RĂ©sumĂ© Index Plan Texte Notes Citation Auteur RĂ©sumĂ©s La conversion â le passage dâune affiliation religieuse Ă une autre - est un processus Ă la fois Ă©mouvant et ardu, mĂȘme dans le cas oĂč elle est estimĂ©e correcte du point de vue thĂ©ologique avec la promesse du salut Ă©ternel. A lâĂ©poque de la RĂ©forme, des hommes aussi bien que des femmes nous en ont donnĂ© la preuve. Pour examiner les questions autour du thĂšme des contextes de la conversion et les protestants français, cet article divise le problĂšme en trois parties. D'abord, il traite de la conversion au niveau de la communautĂ©. Il sâagit des structures politiques, professionnelles et Ă©conomiques qui favorisaient la conversion. DeuxiĂšmement, la famille, qui conversions souvent les plus fortes et les plus durables. Enfin, et c'est le troisiĂšme point, tous protestants français ont Ă©tĂ© obligĂ©s eux-mĂȘmes de se convertir au catholicisme en 1685 quand le Roi Soleil rĂ©voqua lâĂ©dit de Nantes. Comment ont-ils soumis Ă lâobligation de se convertir, et en mĂȘme temps quelle stratĂ©gie ont-ils mis en place pour maintenir leur foi rĂ©formĂ©e, sauvegarder leurs familles, et dâessayer dâĂ©viter la menace dâune monarchie catholique et ses alliĂ©s ecclĂ©siastiques ? Conversion â the passage from one faith to another â was a challenging and painful process, even when it was deemed theologically correct and held the promise of eternal salvation. The men and women of the Reformation era offer poignant testimony. In its assessment investigation of the various question concerning conversion and Protestantism in early modern France, this article takes up three main themes. To begin, it examines conversion within the context of the community. What were the political, professional and economic structures that encouraged conversion? Secondly, the family, beyond any doubt a fundamental institution in pre-industrial society, was the site of the strongest and more enduring conversions. Finally, Protestants throughout France were obliged to convert to Catholicism in 1685 when the Sun King revoked the Edict of Nantes. How did they go about submitting to conversion and, at the same time, devise strategies for maintaining their Reformed faith, safeguarding their families, and avoiding the menace of the Catholic monarchy and its ecclesiastical allies?Haut de page EntrĂ©es dâindex Haut de page Texte intĂ©gral 1La conversion â le passage dâune affiliation religieuse Ă une autre - est un processus Ă la fois Ă©mouvant et ardu, mĂȘme dans le cas oĂč elle est estimĂ©e correcte du point de vue thĂ©ologique avec la promesse du salut Ă©ternel. Ă lâĂ©poque de la RĂ©forme, des hommes aussi bien que des femmes nous en ont donnĂ© la preuve. Entrer dans une nouvelle Ăglise, soit protestante, soit catholique, c'Ă©tait bĂ©nĂ©ficier d'un milieu oĂč l'on trouvait la rĂ©ponse Ă des interrogations. Mais les exigences qui y avaient cours crĂ©aient aussi une tension paradoxale entre la vulnĂ©rabilitĂ© des personnes et leur dĂ©sir de fidĂ©litĂ©. Les Ăglises catholiques et rĂ©formĂ©es, malgrĂ© leurs nombreux fidĂšles, leur attrait indĂ©niable et leur signification unique, reprĂ©sentaient pour les convertis le changement et, en particulier, la disparition des usages coutumiers, souvent acquis pendant les dĂ©cennies - et leur remplacement par les nouveautĂ©s. Les transformations nĂ©cessaires n'Ă©taient pas toujours accueillies avec enthousiasme. Pour beaucoup de gens, l'adhĂ©sion Ă une nouvelle confession de foi, Ă une nouvelle liturgie, et Ă une nouvelle autoritĂ© ecclĂ©siastique fut gratifiante, en mĂȘme temps que difficile Ă vivre par ses consĂ©quences. 2Pour comprendre les difficultĂ©s et pour apprĂ©cier les possibilitĂ©s d'interprĂ©tation, on peut dâabord se demander ce que la conversion signifie Ă lâĂ©poque de la RĂ©forme. Au dĂ©but, la distinction entre les diverses traditions chrĂ©tiennes nâĂ©tait pas trĂšs claire. Martin Luther, par exemple, nâavait pas le sentiment de changer de religion quand il sâoppose aux pratiques religieuses de Rome dans ses textes cĂ©lĂšbres de 1519-1520. La situation Ă©tait encore fluide. Les gens ont passĂ© la frontiĂšre religieuse sans, paraĂźt-il, beaucoup de difficultĂ©. LâarchevĂȘque de Canterbury Thomas Cranmer, nous fournit un exemple frappant. Il Ă©tait dâabord un prĂȘtre catholique ; puis Henry VIII lâa envoyĂ© en Allemagne oĂč il Ă©tait conquis par le luthĂ©ranisme et se mariait avec la niĂšce dâAndreas Osiander, un des premiers thĂ©ologiens allemands Ă embrasser la RĂ©forme de Luther. DĂšs son retour en Angleterre Cranmer cachait sa femme ; puis sous le rĂšgne dâEdouard VI il devint rĂ©formĂ©. Lors de la succession de la reine Marie, Cranmer retourna au catholicisme et enfin, aprĂšs sa condamnation Ă mort, il se proclama protestant1. Par contre, il y avait les conversions trĂšs fermes telles que celle de Jean Calvin au dĂ©but des annĂ©es 1530. Quinze ans plus tard, ThĂ©odore de BĂšze, son successeur Ă©ventuel Ă GenĂšve, avait vraiment vĂ©cu lâexpĂ©rience de se convertir Ă la RĂ©forme. Pourtant, Ă lâexception dâun cercle Ă©troit des thĂ©ologiens et des intellectuels, on discerne avec difficultĂ© la conversion spirituelle de tel ou tel individu. Les conversions individuelles se produisaient, mais elles nâĂ©taient ni trĂšs transparentes, ni trĂšs abondantes. Pour la plupart des gens qui ont changĂ© de religion Ă lâĂ©poque de la RĂ©forme, il sâagissait moins dâune dĂ©cision individuelle que dâune extension des consĂ©quences supplĂ©mentaires des Ă©vĂ©nements qui se sont dĂ©roulĂ©s dans le cadre de leur communautĂ© ou de leur famille â et pour de nombreuses personnes, la situation religieuse restait trĂšs ambiguĂ«. 3Les psychologues, sociologues et anthropologues ont consacrĂ© Ă©normĂ©ment de temps et dâĂ©nergie Ă lâĂ©tude de la conversion. Bien que la littĂ©rature scientifique sur ce sujet soit vaste, je voudrais tout simplement signaler la notion de la dissonance cognitive ». Il sâagit dâun concept Ă©laborĂ© en 1956 par le psychologue amĂ©ricain LĂ©on Festinger dans son livre LâĂ©chec dâune prophĂ©tie2. Il fait suite Ă son Ă©tude d'une secte ufologiste qui croyait que les extraterrestres viendraient les chercher bientĂŽt en raison d'une fin du monde imminente. Selon cette thĂ©orie, l'individu en prĂ©sence de cognitions ou croyances incompatibles entre elles, Ă©prouve un Ă©tat de tension dĂ©sagrĂ©able c'est l'Ă©tat de dissonance cognitive ». DĂšs lors, cet individu mettra en Ćuvre des stratĂ©gies inconscientes visant Ă restaurer un Ă©quilibre cognitif. 4Le concept de la dissonance cognitive nous fournit une entrĂ©e dans la mentalitĂ© des gens de lâĂ©poque moderne qui nâacceptent quâavec difficultĂ©s les nouvelles » idĂ©es. Pour eux la nouveautĂ© est une critique ; elle est donc toujours dangereuse. Ainsi les rĂ©formateurs ont Ă©tĂ© obligĂ©s de prĂ©senter leurs idĂ©es non pas comme des innovations, mais comme un retour aux origines de lâĂglise chrĂ©tienne pour les faire mieux accepter. Lâautre aspect de la dissonance cognitive qui nous intĂ©resse est le fait que le processus de conversion Ă©tait difficile parce que les gens Ă©taient dans un Ă©tat dâambiguĂŻtĂ©. Leurs souffrances intĂ©rieures provenaient de leur position Ă cheval sur deux systĂšmes de croyances opposĂ©es. Prenons lâexemple dâune vieille dame de CamarĂšs qui selon son fils ne pouvait apprendre aucune chose [des nouvelles pratiques religieuses] combien quâon lâenseigne »3. MĂȘme aprĂšs la promulgation de lâĂ©dit de Nantes en 1598 les tensions nâont pas diminuĂ©. Un fidĂšle » Ă©tait convoquĂ© par le consistoire rĂ©formĂ© de Layrac en 1611 pour avoir constatĂ© que sâil y aura guerre, mon Ăąme serait bien de la religion, mais mon Ă©pĂ©e serait papiste »4. Bien que ce fidĂšle alĂ©atoire ait Ă©tĂ© partagĂ© dans ses attachements, il avait bien compris la distinction entre catholique et protestant, ce qui nâĂ©tait pas toujours le cas dans les annĂ©es 1550. Pourtant, la grande majoritĂ© des hommes et des femmes avait la volontĂ© de rĂ©soudre cette ambiguĂŻtĂ©, comme nous pouvons le voir en parcourant lâunivers mental de leur ville, village, ou quartier. 5Si lâidentitĂ© confessionnelle nâĂ©tait pas Ă©vidente au dĂ©but de la RĂ©forme, son amplification se produisait tout au long de la deuxiĂšme moitiĂ© du XVIe siĂšcle. Les rĂ©formĂ©s français sentaient progressivement les croyances et les coutumes religieuses qui les sĂ©paraient des papistes ». Ătre protestant que signifiaient ces mots pour un membre de lâĂglise rĂ©formĂ©e autour de 1600 ? Lâessentiel rĂ©side dans la capacitĂ© et lâhabitude de rĂ©citer les priĂšres â câest-Ă -dire le Notre PĂšre et le Symbole des ApĂŽtres - en Français, aller chaque dimanche au temple pour assister Ă la prĂ©dication qui est toujours lâexplication dâun texte de lâĂcriture Sainte, chanter ensemble les Psaumes en Français, et participer Ă la Sainte CĂšne du Seigneur quatre fois par an â le dimanche de PĂąques, le dimanche de PentecĂŽte, au mois de septembre et autour de NoĂ«l. En plus, la CĂšne Ă©tait lâoccasion pour chacun des fidĂšles de recevoir un morceau de pain ordinaire et non pas une hostie et de boire du vin ce qui est totalement rĂ©servĂ© aux prĂȘtres dans lâĂglise catholique. Ce sont les distinctions primordiales qui dĂ©finissent un protestant et les pratiques quâon devait accepter pour appartenir aux Ăglises rĂ©formĂ©es de France. 6Pour examiner les questions autour de ce thĂšme des contextes de la conversion et les protestants français, je propose de diviser le problĂšme en trois parties. D'abord, je traiterai de la conversion au niveau de la communautĂ©. Il sâagit des structures politiques, professionnelles et Ă©conomiques qui favorisaient la conversion. DeuxiĂšmement, la famille, qui Ă©tait incontestablement une institution de base dans la sociĂ©tĂ© prĂ©industrielle, Ă©tait le lieu des conversions souvent les plus fortes et les plus durables. La famille, comment a-t-elle encouragĂ© et, dans certains cas, dĂ©couragĂ© la conversion ? Enfin, et c'est le troisiĂšme point, tous les protestants français ont Ă©tĂ© obligĂ©s eux-mĂȘmes de se convertir au catholicisme en 1685 quand le Roi Soleil rĂ©voqua lâĂ©dit de Nantes. Comment se sont-ils soumis Ă lâobligation de se convertir, et en mĂȘme temps quelle stratĂ©gie ont-ils mis en place pour maintenir leur foi rĂ©formĂ©e, sauvegarder leurs familles, et essayer dâĂ©viter les menaces dâune monarchie catholique et ses alliĂ©s ecclĂ©siastiques ? 1. La conversion au niveau communautaire 7Le professeur amĂ©ricain Allan Tulchin vient de rĂ©diger une Ă©tude importante de la RĂ©forme Ă NĂźmes5. Il focalise ses efforts sur la question essentielle comment le mouvement protestant nĂźmois a-t-il attirĂ© de plus en plus dâadhĂ©rents au moment dĂ©cisif, câest-Ă -dire dans la pĂ©riode critique entre 1561 et 1562 ? Ă partir dâun dĂ©pouillement approfondi des archives notariales, surtout des contrats de mariage et des testaments, il a dĂ©couvert que la RĂ©forme Ă©tait bien accueillie parmi les membres des familles les plus renommĂ©es de la ville â les gens de justice, avocats, marchands, bourgeois, et artisans riches. Ils sont devenus les partisans de la RĂ©forme et ils ont utilisĂ© leur pouvoir politique et social pour la renforcer. Ensuite, Tulchin a construit un arbre des filiations entre ces familles les plus prestigieuses de NĂźmes. Par ce moyen, il les a divisĂ©es en 6 clans » ou factions liĂ©es par intĂ©rĂȘts Ă©conomiques et politiques, professionnels, et surtout par les alliances familiales. Les membres de ces clans Ă©taient les dirigeants de la RĂ©forme Ă NĂźmes et leurs rĂ©seaux dâactivitĂ©s professionnelles, de parentĂ© et dâamitiĂ© ont profondĂ©ment facilitĂ© la diffusion du protestantisme dans cette rĂ©gion. 8Bien que les perspectives proposĂ©es par Tulchin soient fructueuses, je voudrais ajouter que lâattrait de la RĂ©forme pour les Ă©lites provient aussi de lâutilisation des libertĂ©s et privilĂšges traditionnels des villes du Midi. Plusieurs â parmi elles Castres, Montauban et NĂźmes - avaient leurs propres consulats ; elles nâĂ©taient pas dominĂ©es par les seigneurs fĂ©odaux comme leurs homologues au nord de la Loire. Un patriciat urbain mĂ©ridional, largement composĂ© des membres de la bourgeoisie, dirigeait les affaires politiques et judiciaires, Ă©conomiques et sociales. Cependant le domaine ecclĂ©siastique, sous le contrĂŽle dâun Ă©vĂȘque, de plus en plus non-rĂ©sident, leur Ă©chappait. La RĂ©forme offrait donc Ă ses notables lâoccasion de complĂ©ter lâarsenal de leurs pouvoirs dans ce petit monde civique. 9En plus, lâĂglise rĂ©formĂ©e donnait aux bourgeois laĂŻcs lâaccĂšs aux fonctions qui Ă©taient totalement rĂ©servĂ©es au clergĂ© dans le monde catholique. Les protestants de la tradition rĂ©formĂ©e ont créé quatre ordres d'office ecclĂ©siastique le pasteur, le docteur, l'ancien et le diacre. Le pasteur annonçait la Parole de Dieu, chaque dimanche aux fidĂšles. Le docteur, pour sa part, est chargĂ© d'enseigner, surtout lâĂcriture Sainte, dans le cadre d'une acadĂ©mie. Bien que le pasteur et le docteur fassent partie du ministĂšre ordonnĂ©, les tenants des deux autres offices sont des laĂŻcs. L'ancien, peut-ĂȘtre le plus original de ces quatre ordres, a la responsabilitĂ© de veiller sur les mĆurs de la communautĂ©. Le quatriĂšme office, celui de diacre, se consacre aux besoins des pauvres6. 10Les anciens, dâhabitude choisis parmi les membres de la bourgeoisie, exerçaient une autoritĂ© singuliĂšre dans les affaires de lâĂ©glise. Dâabord, ils sont chargĂ©s de surveiller la conduite morale des fidĂšles et de faire les corrections fraternelles » ensemble avec les pasteurs dans le cadre du consistoire. Les villes rĂ©formĂ©es en France Ă©taient divisĂ©es en quartiers et chacun Ă©tait placĂ© sous la responsabilitĂ© dâun ancien dĂ©signĂ©. Lâancien notait attentivement les Ă©carts de comportement survenus dans son quartier et, normalement, il rendait visite, au moins une fois par, an Ă tous les fidĂšles. Il avait un pouvoir moral dĂ©mesurĂ© au sein de la communautĂ©. En plus, les anciens prĂ©paraient aussi les quatre cĂ©lĂ©brations annuelles de la Sainte CĂšne. Ils tenaient les listes des membres de lâĂglise susceptibles dây participer et leur distribuaient les mĂ©reaux - petits jetons dont la plupart Ă©tait en plomb - qui donnaient accĂšs Ă ceux qui Ă©taient en rĂšgle avec le consistoire. Un ancien recueillait Ă la porte du temple ou Ă la table de communion les mĂ©reaux de tous les communiants. Deux autres fournissaient le pain et le vin nĂ©cessaires. Dâautres anciens rangeaient » la congrĂ©gation - câest-Ă -dire veillaient Ă ce que les fidĂšles se prĂ©sentassent dâune maniĂšre ordonnĂ©e et sans bousculade Ă la table. Parfois, un ancien Ă©tait mĂȘme chargĂ© de verser » le vin ou prĂ©senter la coupe » au pasteur. Ainsi dans lâĂglise rĂ©formĂ©e, lâancien â un laĂŻc â pouvait prĂ©senter le vin quâil nâavait pas le droit dâaccepter dans la cĂ©lĂ©bration de la messe catholique. Ces responsabilitĂ©s reprĂ©sentaient un changement incalculable dans le statut des laĂŻcs et, par extension, un des principaux attraits de la RĂ©forme7. 11Enfin, dans certaines villes protestantes, Castres et Montauban par exemple, il y avait un corps dâĂglise qui se rĂ©unissait exceptionnellement pour discuter des affaires ecclĂ©siastiques les plus importantes et les plus dĂ©licates, comme les dĂ©cisions pour construire un nouveau temple, Ă©tablir les impositions pour les fidĂšles, et, de plus en plus au cours du XVIIe siĂšcle, conduire les relations extĂ©rieures avec les autoritĂ©s royales menaçantes8. MalgrĂ© la prĂ©sence des pasteurs, les consuls municipaux, les anciens et les chefs de famille le dominaient. De plus, câĂ©tait le juge dâappeaux de la ville â un laĂŻc â qui prĂ©sidait cette institution ecclĂ©siastique. Il est clair que la conversion au protestantisme apporte aux dirigeants de ces villes du Midi des avantages considĂ©rables pour diriger les affaires ecclĂ©siastiques. 2. La conversion au niveau familial 12Si la conversion au niveau communautaire a attirĂ© lâintĂ©rĂȘt des historiens par son dynamisme et ses consĂ©quences, câest au niveau de la famille que ce processus prend sa coloration profonde et rĂ©vĂ©latrice. Prenons lâexemple de la famille Lacger, composĂ©e de membres de la petite noblesse de Castres et dont jâai fait une Ă©tude dĂ©taillĂ©e. Dans les annĂ©es 1560, il y avait cinq frĂšres lâaĂźnĂ©, Antoine Ier, fut conseiller au parlement de Toulouse et se convertit au protestantisme bien avant les guerres de religion. Le second Jean, juge ordinaire Ă Castelnaudary dans le Lauragais, Ă©tait aussi devenu protestant. Antoine II, le troisiĂšme frĂšre protestant, fut juge dâappeaux Ă Castres. Les deux derniers frĂšres â Adrian et SĂ©bastien â restĂšrent catholiques. Lâun Ă©tait un commerçant du pastel Ă Toulouse ville trĂšs catholique, lâautre Ă©tait chanoine de lâĂglise collĂ©giale de Burlats dans les montagnes Ă lâest de Castres. Les cinq frĂšres entretenaient des liens solides, mais la persĂ©cution religieuse a bouleversĂ© Ă©normĂ©ment leur famille. Antoine Ier, le frĂšre ainĂ©, fut assassinĂ© par les catholiques Ă Toulouse au moment du massacre de la Saint-BarthĂ©lemy. Treize mois plus tard, le chanoine SĂ©bastien fut tuĂ© par les protestants. Ă ce moment, Jean juge Ă Castelnaudary, qui Ă©tait lui-mĂȘme blessĂ© dans la dĂ©fense de ses coreligionnaires rĂ©formĂ©s en 1562, a dĂ©cidĂ© de retourner au catholicisme dâune part parce que les papistes » avaient pris le contrĂŽle de Castelnaudary ; dâautre part, parce quâil chercha la stabilitĂ© quâil estimait pouvoir trouver dans la religion du roi. Ainsi chacun des trois frĂšres survivants faisait partie de la religion dominante de sa propre ville. Antoine II fut protestant Ă Castres, Jean catholique Ă Castelnaudary, et Adrian catholique Ă Toulouse9. Pour les Lacger les nĂ©cessitĂ©s de la famille allaient de concert avec les exigences de la communautĂ©. Et bien quâils se convertirent et se reconvertirent, les diffĂ©rences religieuses nâont jamais rĂ©ussi Ă les diviser â ce qui nâĂ©tait pas toujours le cas dans dâautres contextes. 13Dans ce monde violent, ni les catholiques, ni les protestants nâont hĂ©sitĂ© Ă utiliser un langage ordurier pour caractĂ©riser la perte dâun fidĂšle Ă lâautre religion. Pour leur part, les rĂ©formĂ©s profitaient de lâoccasion pour montrer une aversion profonde Ă lâencontre du christianisme papal - une hostilitĂ© souvent exprimĂ©e dans un langage violent et haut en couleurs. Un exemple particuliĂšrement saisissant lâillustre Ă Marsillargues au dĂ©but du XVIIe siĂšcle quand deux hommes qui sâĂ©taient convertis au protestantisme revinrent au catholicisme plusieurs mois plus tard, lâĂglise rĂ©formĂ©e locale les condamna pour ĂȘtre revenus Ă leur vomissement et dans le bourbier »10. Quand il sâagissait dâune conversion due Ă un mariage, le vocabulaire fut encore plus incisif le consistoire de Layrac convoqua plusieurs hommes au XVIIe siĂšcle pour avoir livrĂ© » leurs filles Ă Satan », c'est-Ă -dire pour les avoir exposĂ©es Ă un mariage cĂ©lĂ©brĂ© devant le prĂȘtre. Un tailleur Ă©tait convoquĂ© pour avoir donnĂ© sa fille en mariage Ă un papiste - dans le langage du consistoire pour lâĂ©pouser Ă Satan » car toute personne qui est de la communion de la messe est livrĂ©e au diable »11. 14Pour ceux qui se convertirent du catholicisme au protestantisme, les Ăglises rĂ©formĂ©es de France ont saisi lâoccasion pour souligner une distinction puissante entre la vraie religion et la tyrannie de lâAntĂ©christ. Comme il sâagissait des gens analphabĂštes, la cĂ©rĂ©monie de conversion se centrait sur lâEucharistie, le rite central dans lequel chaque membre de lâĂglise participait dâune façon habituelle. Le vocabulaire de ces conversions renforçait lâidentitĂ© confessionnelle en mĂȘme temps que les divisions entre protestants et catholiques. Dâanciens catholiques, au moment dâadopter la foi rĂ©formĂ©e, rĂ©pudiaient parfois expressĂ©ment la messe plutĂŽt que le christianisme papal. Les hommes et les femmes renonçaient aux abus de la messe ». Ainsi une femme de Layrac abjura la messe, dĂ©testant et abhorrant de tout son cĆur lâabus, superstition et idolĂątrie » quâelle contenait. Un serviteur de la mĂȘme ville renonça Ă la messe et ses dĂ©pendances, protestĂ© vivre et mourir en lâĂglise rĂ©formĂ©e par la Parole de dieu » et un noble protesta de vivre et mourir en la vraie religion chrĂ©tienne et renonça Ă tous les abus de la messe »12. Ă Rochechouart en Limousin au dĂ©but du XVIIe siĂšcle, un converti a abjurĂ© et renoncĂ© la messe, toute idolĂątrie [et] toutes les superstitions et erreurs de la papautĂ© [qui sont] contraires Ă la religion rĂ©formĂ©e et la Parole pure de Dieu »13. Dans les annĂ©es 1640, les convertis Ă Gordes en Provence continuaient Ă renoncĂ© toutes les erreurs et superstitions de lâĂglise romaine et, en particulier, le prĂ©tendu sacrifice de la messe »14. 15Les catholiques, pour leur part, ont mis lâaccent sur lâexclusivitĂ© de lâĂglise catholique dans les formules dâabjuration quâils ont demandĂ©es aux convertis vers la fin du XVIIe siĂšcle. Le nouveau catholique reconnaĂźt la vraie dans lâĂglise Catholique, Apostolique et Romaine, hors de laquelle, il nây a point de salut, et dĂ©sire se mettre dans son giron, et participer aux divins exercices, aux priĂšres et sacrifices de la vraie religion, et nâaura jamais dâautre croyance ». Parfois ces formules firent rĂ©fĂ©rence aux gĂ©nĂ©rations futures quand le converti promit de tenir et garder la foi Catholique, Apostolique et Romaine, [et] la faire garder par ses enfants »15. 16Les renonciations Ă la messe par les convertis au protestantisme et leurs affirmations de la religion rĂ©formĂ©e avaient lieu souvent Ă lâoccasion dâun mariage. Ainsi Françoise TournĂ© renonça Ă la messe et toutes ses dĂ©pendances », et protesta de vivre et mourir en lâĂ©glise de Dieu ». Ă mĂȘme instant » selon le registre du consistoire de Layrac, le pasteur a bĂ©ni et cĂ©lĂ©brĂ© » son mariage avec Raymond Vere. Une autre femme a renoncĂ© Ă la messe et Ă tout de ce qui dĂ©pend de lâĂglise romaine, promis de vivre et mourir en la religion rĂ©formĂ©e » et deux semaines plus tard se mariait avec un protestant. Une autre femme fut reçue le 2 mars 1607 et se maria le 26 mars16. 17Mais si un mariage Ă©tait souvent lâoccasion dâune conversion, ces unions interconfessionnelles posaient de graves dangers. Les mariages mixtes risquaient toujours dâexposer un fidĂšle â le plus souvent la femme, mais parfois le mari â Ă la conversion Ă la religion contraire. Les protestants aussi bien que les catholiques estimaient quâun mariage mixte fut le mĂ©lange confessionnel. La preuve de ce pĂ©ril Ă©tait bien dĂ©montrĂ©e par le cas dâune femme dâArchiac en Saintonge. Son mari catholique se convertit au moment du mariage. Puis, il se retourna Ă ses erreurs papistes » et contraignit sa femme Ă assister avec lui Ă la messe17. Plus dangereux encore Ă©tait le sort de ces enfants issus de ces mariages mixtes â la gĂ©nĂ©ration future â qui auraient Ă©tĂ© Ă©levĂ©s dans lâĂglise catholique. 18Elisabeth Labrousse a publiĂ© un bel article sur les unions mixtes Ă Mauvezin, en Gascogne au XVIIe siĂšcle. Mauvezin fut une ville bi-confessionnelle oĂč les gens passĂšrent facilement, paraĂźt-il, dâune confession Ă lâautre. Labrousse a trouvĂ© Ă partir du registre du consistoire rĂ©formĂ© quâil y avait vingt cinq passages du catholicisme au protestantisme et dix sept cas inverses pour la pĂ©riode 1628-1656. Un peu en dehors de ces cas, il y avait un bon nombre de conversions provisoires » des protestants au catholicisme qui se produisait dans le contexte dâun mariage avec un conjoint papiste. CâĂ©tait le cas pour treize personnes dont onze femmes et deux hommes. La prĂ©pondĂ©rance des femmes converties pour cause de mariage sâexplique par le poids du systĂšme patriarcal de lâĂ©poque. Les femmes protestantes ou plutĂŽt leurs pĂšres et leurs mĂšres, au moment dâune union mixte, se sentaient obligĂ©es de se marier Ă la messe ». AprĂšs le mariage devant le prĂȘtre, la convertie de fraĂźche date retourna Ă lâĂglise rĂ©formĂ©e18. Ce systĂšme de conversion fictive Ă lâoccasion dâun mariage mixte existait Ă peu prĂšs partout dans le monde rĂ©formĂ©. Robert Sauzet a dĂ©couvert quâentre 1609 et 1621 un quart des mariages cĂ©lĂ©brĂ©s dans la cathĂ©drale de NĂźmes, se produisait avec un des conjoints - le plus souvent la femme - converti dans les mois prĂ©cĂ©dents19. Les filles protestantes sont constamment convoquĂ©es par leurs consistoires Ă cause de leurs mariages Ă la papautĂ© ». Alors elles se repentaient et ensuite Ă©taient rĂ©intĂ©grĂ©es parmi les rĂ©formĂ©s. 19La question brĂ»lante pour Labrousse est de savoir dans quelle confession les enfants nĂ©s des ces mariages bigarrĂ©s » seraient Ă©levĂ©s. Elle constate que câĂ©tait normalement celle du pĂšre, ce qui reprĂ©sentait une hĂ©morragie confessionnelle et lâaffaiblissement de la communautĂ© protestante. Enfin, Labrousse conclut quâen gĂ©nĂ©ral les conversions, Ă Mauvezin et ailleurs, nâĂ©taient forcĂ©ment motivĂ©es ni par la ferveur religieuse, ni par lâintĂ©rĂȘt Ă©conomique. Il sâagissait plutĂŽt des pratiques de la sociabilitĂ© quotidienne qui encourageaient un changement, parfois provisoire, de confession. 20Gregory Hanlon, un chercheur canadien, a bien dĂ©montrĂ© dans son Ă©tude dâune autre ville gasconne, celle de Layrac, une exogamie confessionnelle analogue Ă celle que lâon trouve Ă Mauvezin. Pour lui comme pour Labrousse cette attitude montre une coopĂ©ration des membres des deux traditions chrĂ©tiennes. Selon Hanlon, lors de ces mariages mixtes les catholiques et les protestants nâĂ©taient pas des Ă©trangers... Ils Ă©taient les bons amis et les bons voisins »20. Bien que je ne conteste pas cette interprĂ©tation, je voudrais ajouter que, dans le cas dâune minoritĂ© religieuse comme celle des rĂ©formĂ©s de Layrac ou de Mauvezin, le mariage mixte entraĂźnait lâassimilation Ă©ventuelle par la majoritĂ© catholique. Plus les protestantes Ă©pousaient des catholiques, plus leurs enfants Ă©taient Ă©levĂ©s dans la foi catholique. 3. La conversion involontaire au catholicisme Ă lâĂ©poque de la RĂ©vocation 21Les soucis et les angoisses des pĂšres et des mĂšres protestants sâintensifiaient avec les efforts de la monarchie pour purifier » le royaume Ă partir des annĂ©es 1660. Les pressions fortes et odieuses pour se convertir Ă la religion du roi avaient des consĂ©quences importantes dans le cadre de la famille. Parfois, on trouve les allusions Ă ces tensions bien avant 1685. Ainsi, Jean Bruniquel, un reformĂ©, habitant de La DrĂšch dans le Tarn actuel, Ă©crivait en 1630 au sujet dâune branche de sa famille devenue catholique quâil est possible, probable mĂȘme, que, dans des temps de persĂ©cution, nos parents avaient adoptĂ© la religion romaine pour conserver leurs enfants... »21. Ce thĂšme de la sauvegarde des enfants et la prĂ©servation de la continuitĂ© de la famille sâest prolongĂ© tout au long du siĂšcle. 22Les familles protestantes se trouvaient obligĂ©es de mettre en place des stratĂ©gies pour maintenir leur foi, maintenant cachĂ©e, de gĂ©nĂ©ration en gĂ©nĂ©ration. Retournons Ă lâexemple de la famille Lacger, ces nobles protestants de Castres. Certains qui gardaient les terres ancestrales, avaient rĂ©sistĂ© aux actions catholiques pour les convertir. Le curĂ© local les considĂ©rait encore comme membres de la Religion PrĂ©tendue RĂ©formĂ©e. Par contre, les titulaires des offices royaux dans lâadministration judiciaire ou dans lâarmĂ©e ont Ă©tĂ© obligĂ©s de se convertir pour garder ces offices. Pour eux, il Ă©tait impossible de sâopposer Ă la monarchie et Ă lâĂglise catholique. Toutefois, ils ont essayĂ© de conserver leur foi familiale protestante parmi leurs enfants. Ainsi Jacques de Lacger, juge Ă la chambre de lâĂdit, se convertit en 1685 tandis que sa femme resta protestante et, par ce moyen, avait pu servir de relais confessionnel pour leurs enfants. Par mesure de sĂ©curitĂ©, Jacques et dâautres juristes protestants ont demandĂ© et reçu du roi les pardons du refus de leurs femmes de se convertir22. Finalement cette stratĂ©gie poursuivie par nombreux protestants de la petite noblesse a Ă©chouĂ©, en partie, parce quâils nâavaient pas pensĂ© que la RĂ©vocation durerait aussi longtemps. Conclusion 23Ă lâĂ©poque moderne la conversion provoquait infailliblement un grand scandale car câĂ©tait une affaire publique et sĂ©rieuse. La perte de lâun des membres Ă©tait considĂ©rĂ©e par le groupe comme une trahison de Dieu, de lâĂglise, de la communautĂ©, et de la famille. Un avocat catholique de Janville en Normandie qui se convertit au protestantisme dans les annĂ©es 1660 nâosa pas marcher dans la rue de peur que ses anciens coreligionnaires puissent lui jeter des pierres. Finalement il quittait son revanche, le parti qui gagnait un nouvel adhĂ©rent proclamait cette conversion au son de trompe. Une conversion nâest pas simplement lâarrivĂ©e dâun nouveau fidĂšle ; elle est aussi lâoccasion de souligner la valeur de la vraie religion. Ainsi les convertis au protestantisme renonçaient aux faux rites de la fausse religion quâils avaient abjurĂ©e, tandis que ceux qui passĂšrent au catholicisme affirmaient quâil nây avait pas de salut hors de leur nouvelle Ăglise. 24En dĂ©pit des multiples tentatives pour Ă©tablir clairement les limites de la vraie religion et le danger de les dĂ©passer, les gens se convertirent, soit dans le cadre de la sociabilitĂ© et du mariage, soit sous la menace des persĂ©cutions. Si les frontiĂšres religieuses Ă©taient parfois poreuses, les Ăglises, surtout celles qui Ă©taient minoritaires, ont travaillĂ© sans relĂąche pour maintenir leurs identitĂ©s confessionnelles et Ă©viter la menace des conversions. Leurs efforts se concentraient souvent sur les jeunes et les enfants, soit pour les protĂ©ger, soit pour les attirer. Il est certain que les gens changent de religion Ă diffĂ©rents niveaux â individuel, communautaire ou familial - et pour diffĂ©rentes raisons. En fin de compte, ce qui frappe le plus dans cet effort dâattirer les convertis ou de les empĂȘcher est que les gens continuaient Ă se convertir. Haut de page Notes 1 D. MacCulloch,Thomas Cranmer A Life, New Haven, Yale University Press, 1998. 2 L. Festinger, LâĂ©chec dâune prophĂ©tie, Ă©dition française, Paris, Presses Universitaires de France, 1993. 3 BibliothĂšque de lâArsenal, ms. 6563, fol. 82. F. Delteil, Institutions et vie de l'Eglise rĂ©formĂ©e de Pont de CamarĂšs », in M. PĂ©ronnet Ă©d., Les Ă©glises et leurs institutions au XVIe siĂšcle. Actes du VĂšme Colloque de Centre d'Histoire de la RĂ©forme et du Protestantisme, Montpellier, UniversitĂ© Paul ValĂ©ry â Montpellier III, 1978, p. 107. 4 Archives DĂ©partementales, Gers, 23067, le 4 fĂ©vrier 1611. 5 A. Tulchin,That Men Would Praise the Lord The Triumph of Protestantism in NĂźmes, 1530-1570, New York, Oxford University Press, Ă paraĂźtre. 6 F. MĂ©jan, Discipline de l'Ăglise rĂ©formĂ©e de France annotĂ©e et prĂ©cĂ©dĂ©e d'une introduction historique, Paris, Ăditions Je Sersâ, 1947, p. 189-228. Sur le modĂšle Ă©tabli par Jean Calvin Ă GenĂšve en 1541, voir les âOrdonnances ecclĂ©siastiques,â in R. M. Kingdon et Bergier Ă©d., Registres de la Compagnie des Pasteurs de GenĂšve, t. I, 1546-1553, GenĂšve, Librairie Droz, 1964, p. 1-13. 7 R. Mentzer, Acting on Calvinâs Ideas The Church in France », in D. Foxgrover Ă©d. Calvin and the Church, Grand Rapids, Mich., Calvin Studies Society, 2002, p. 35-38. 8 Archives DĂ©partementales, Tarn, I 1, p. 30-31, 154-155, 183-184, 192-193, 262, 270-272, 322-323, 337-338, 340-341, 503, 527, 911, 913, 914, 926, 1005, 1013-1015, 1220-12211232; I 2, fol. 99, 103, 146, 148, 149, 299-300, 410-411. Archives DĂ©partementales, Tarn-et-Garonne, I 1, fol. 45-50v, 72-72v, 144, 160v-162, 172-172v, 248-249, 250 v. R. Mentzer, Blood and BeliefFamily Survival and Confessional Identity among the Provincial Huguenot Nobility, West Lafayette Indiana, Purdue University Press, 1994, p. 164-166. 9 R. Mentzer,Blood and Belief, p. 27-47. 10 Daumas, Marsillargues en Languedoc, fief de Guillaume de Nogaret, petite GenĂšve, Marsillargues, Studium rĂ©formĂ© occitan, 1984, p. 63. 11 Archives DĂ©partementales, Gers, le 29 dĂ©cembre 1607, le 26 mars 1608. 12 Archives DĂ©partementales, Gers, 23067, le 20 janvier 1599, le 18 fĂ©vrier 1606, le 19 janvier 1618. 13 Extraits du premier registre consistorial de Rochechouart, 1596-1635 », in A. Leroux, E. Molinier et A. Thomas Ă©d., Documents historiques bas-latins, provençaux et français concernant principalement la Marche et le Limousin, 2 vol, Limoges, Ducourtieux, 1883-1885, t. 2, p. 90-91. 14 Archives DĂ©partementales, Vaucluse, 1 J 601, fol. 19. 15 C. Borello, Les protestants de Provence au XVIIe siĂšcle, Paris, Champion, 2004, p. 386-387. 16 Archives DĂ©partementales, Gers, 23067, le 10 janvier 1599, le 3 janvier 1607, le 2 mars 1607. 17 BibliothĂšque de la SociĂ©tĂ© de lâHistoire du Protestantisme Français, Ms 18, fol. 55v. 18 E. Labrousse, Conversion dans les deux sens », in J. SolĂ© Ă©d., La conversion au XVIIe siĂšcle. Actes du XIIe Colloque de Marseille janvier 1982, Marseille, 17, 1983, p. 161-177. 19 R. Sauzet, Contre-rĂ©forme et rĂ©forme catholique en Bas-Languedoc le diocĂšse de NĂźmes au XVIIe siĂšcle, Paris et Louvain, Vander-Oyez et Nauwelaerts, 1979, p. 165-167, 266-269. 20 G. Hanlon, Confession and Community in Seventeenth-Century France Catholic and Protestant Coexistence in Aquitaine, Philadelphie, University of Pennsylvania Press, 1993, p. 102-111. 21 C. Rabaud, Histoire du Protestantisme dans l'Albigeois et le Lauragais, 2 vols, Paris, Fischbacher, 1873 et 1898, t. 1 282. 22 R. Mentzer, Blood and Belief, p. 170-173. 23 E. Benoist, Histoire de lâEdit de Nantes, 3 vols, Delft, E. Beman, 1693-1695, t. 1, pt. 3, p. 449-550. Haut de page Pour citer cet article RĂ©fĂ©rence Ă©lectronique Raymond Mentzer, Les contextes de la conversion Ă lâĂ©poque de la RĂ©forme », Cahiers dâĂ©tudes du religieux. Recherches interdisciplinaires [En ligne], 8 2010, mis en ligne le 16 mars 2010, consultĂ© le 18 aoĂ»t 2022. URL ; DOI de page Auteur Raymond Mentzer Raymond Mentzer est professeur dâhistoire des religions dans le dĂ©partement des sciences religieuses de lâUniversitĂ© de lâIowa. Il est spĂ©cialiste de lâhistoire de la RĂ©forme, surtout en France. Il vient de publier La construction de lâidentitĂ© rĂ©formĂ©e aux 16e et 17e siĂšcles le rĂŽle des consistoires Champion, 2006. Ses recherches actuelles se centrent sur la liturgie et la discipline ecclĂ©siastique dans la tradition de page Archivesde France. CoordonnĂ©es des services d'archives du Tarn-et-Garonne. Archives DĂ©partementales. Site des Archives DĂ©partementales. Archives en ligne. Ătat civil. Cadastres. ImprimĂ©s. Maj Sandy-Pascal 21-07-2014. La salle de lecture de la rue Jeannin est ouverte au public du lundi au vendredi, en continu de 8 h 30 Ă 17 h La salle de lecture de lâannexe Quai Gauthey est ouverte au public le vendredi matin de 9 h Ă 12 h Il nâest pas nĂ©cessaire de s'inscrire ni de rĂ©server des documents sauf pour les documents conservĂ©s Ă l'annexe mais consultĂ©s rue Jeannin Archives contemporaines Cartes et plans GĂ©nĂ©alogie Iconographie Notaires PremiĂšre guerre mondiale Sceaux
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