journal article DĂMĂTRIOS J. LAZARIDIS 1917-1985 Revue ArchĂ©ologique Nouvelle SĂ©rie, Fasc. 2 1985, pp. 301-304 4 pages Published By Presses Universitaires de France Read and download Log in through your school or library Read Online Free relies on page scans, which are not currently available to screen readers. To access this article, please contact JSTOR User Support. We'll provide a PDF copy for your screen reader. With a personal account, you can read up to 100 articles each month for free. Get Started Already have an account? Log in Monthly Plan Access everything in the JPASS collection Read the full-text of every article Download up to 10 article PDFs to save and keep $ Yearly Plan Access everything in the JPASS collection Read the full-text of every article Download up to 120 article PDFs to save and keep $199/year Purchase a PDF Purchase this article for $ USD. Purchase this issue for $ USD. Go to Table of Contents. How does it work? Select a purchase option. Check out using a credit card or bank account with PayPal. Read your article online and download the PDF from your email or your account. Preview Preview Journal Information La Revue archĂ©ologique est lâun des plus anciens pĂ©riodiques scientifiques français. Dâabord surtout consacrĂ©e au territoire national, elle sâest peu Ă peu concentrĂ©e sur lâAntiquitĂ© classique. Seule revue française dâarchĂ©ologie restĂ©e gĂ©nĂ©raliste, elle sâouvre Ă toutes les facettes des mondes grec et romain, de lâIbĂ©rie Ă lâAsie centrale en passant par la Gaule sculpture, peinture et cĂ©ramique, petits objets, architecture, urbanisme, problĂšmes gĂ©ographiques, historiques et sociaux liĂ©s Ă lâarchĂ©ologie, et souvent abordĂ©s par le biais de l'Ă©pigraphie ou des textes anciens grecs et latins. Lâhistoire de lâart traditionnelle peut alors cĂŽtoyer lâarchĂ©othanatologie, la prĂ©sentation dâun nouveau musĂ©e ou dâun site Internet. L'actualitĂ© est suivie dans de nombreux comptes rendus de livres, dans le Bulletin annuel de la SociĂ©tĂ© française d'archĂ©ologie classique, avec les rĂ©sumĂ©s des confĂ©rences mensuelles de cette sociĂ©tĂ©, et dans des chroniques bibliographiques, dont celle des verres grecs et romains et le Bulletin dâarchitecture du monde grec. AssistĂ© par un ComitĂ© scientifique international composĂ© de 12 spĂ©cialistes reconnus dâAllemagne, dâEspagne, de Grande-Bretagne, de GrĂšce, dâItalie et de Russie, le comitĂ© de lecture de la Revue archĂ©ologique se rĂ©unit deux fois par an, au rythme des deux fascicules annuels, et se prononce sur les nouveaux manuscrits aprĂšs avoir entendu trois rapports. Les seuls critĂšres de sĂ©lection sont le trĂšs haut niveau scientifique et lâoriginalitĂ©, sans exclusive Ă©pistĂ©mologique, puisque cette revue ne reprĂ©sente aucune institution ni Ă©cole. Servie par une illustration de qualitĂ©, la publication se fait en français de prĂ©fĂ©rence, mais lâanglais, lâallemand, lâitalien ou lâespagnol sont acceptĂ©s. Publisher Information Founded in 1921, consolidated in the '30s by merging with three editors of philosophy Alcan, history Leroux and literature Rieder, Presses Universitaires de France today organize their publications around the following lines of force research and reference collections, journals, book collections, and essay collections. Rights & Usage This item is part of a JSTOR Collection. For terms and use, please refer to our Terms and Conditions Revue ArchĂ©ologique © 1985 Presses Universitaires de France Request Permissions
Motde passe oubliĂ© ? Afficher ou masquer le menu Menu. Accueil. Ressources. Parcours Chercheurs. Services. Recherche avancĂ©e. Recherche experte Pour en savoir plus sur les moteurs. La femme dans la Grece antique. Claude MosseLa dĂ©mocratie athĂ©nienne dĂ©signe le rĂ©gime politique mis en place progressivement dans la citĂ© d'AthĂšnes durant l'AntiquitĂ© et rĂ©putĂ©e pour ĂȘtre l'ancĂȘtre des dĂ©mocraties modernes. Le terme dĂ©mocratie vient des mots grecs ÎŽáżÎŒÎż / dĂȘmos le peuple» et ÎșÏÎŹÎż / krĂĄtos la puissance, le pouvoir». Il s'agit donc d'un rĂ©gime oĂč les dĂ©cisions sont prises par le peuple. La citĂ© Plate-forme de la Pnyx d'oĂč parle l'orateur public. En arriĂšre-plan, l'Acropole. AthĂšnes est fondĂ©e formellement vers 750 av. par synĆcisme de plusieurs agglomĂ©rations partiellement prĂ©servĂ©es de l'invasion des Doriens. Le site est choisi pour la forteresse naturelle que reprĂ©sente l'Acropole ; les habitants peuvent rĂ©sister aux hordes de pillards qui menacent la rĂ©gion, augmentant avec les annĂ©es sa fortification. Ă partir de 510 av. cette fonction dĂ©fensive est abandonnĂ©e, le lieu Ă©tant consacrĂ© aux cultes et notamment celui d'AthĂ©na, dĂ©esse protectrice d'AthĂšnes. Des remparts encerclent Ă partir de 478 av. la ville et son port, le PirĂ©e. Rares sont les bĂątiments au-delĂ des quinze majestueuses portes, exception faite du populaire quartier du CĂ©ramique dont la production inonde le monde grec entier, ainsi seuls quelques gymnases et Ă©coles de philosophie s'excentrent pour que leurs Ă©lĂšves profitent de la tranquillitĂ© et soient totalement isolĂ©s pendant les deux annĂ©es de leur Ă©phĂ©bie. L'agora devient le centre social et politique de la citĂ© avec l'installation des institutions dĂ©mocratiques sur cette place. En Ă©tĂ© de nombreux dĂ©bats houleux ou amicaux se tiennent Ă l'ombre du portique sud et de la Stoa PoikilĂš, on discute politique et philosophie. Des joutes oratoires d'un autre genre se dĂ©roulent sur la Pnyx, colline sur laquelle sont votĂ©es toutes les lois athĂ©niennes. La citĂ© est donc le cĆur de la dĂ©mocratie. GenĂšse de la dĂ©mocratie La naissance de la dĂ©mocratie peut ĂȘtre considĂ©rĂ©e par rapport Ă un horizon politique au sens large du terme qui va rendre cette rĂ©forme possible et nĂ©cessaire, une crise politique et sociale totale, la stasis. Les citoyens qui rĂ©gissent leurs affaires sont amenĂ©s Ă rĂ©flĂ©chir au meilleur systĂšme politique, Ă la meilleure politeia, c'est-Ă -dire la meilleure façon de sâorganiser pour surmonter cette crise multiple. Les origines de la dĂ©mocratie athĂ©nienne la crise de la citĂ© grecque La dĂ©mocratie trouve son origine dans la grave crise de la citĂ© grecque et les mutations propres Ă AthĂšnes. Au VIe siĂšcle av. les citĂ©s du monde grec sont confrontĂ©es Ă une grave crise politique, rĂ©sultant de deux phĂ©nomĂšnes concomitants. D'une part l'esclavage pour dettes, liant situation politique et situation financiĂšre, touche un nombre grandissant de paysans non propriĂ©taires terriens l'inĂ©galitĂ© politique et le mĂ©contentement sont forts dans le milieu rural. D'autre part le dĂ©veloppement de la monnaie et des Ă©changes commerciaux fait Ă©merger une nouvelle classe sociale urbaine aisĂ©e, composĂ©e des artisans et armateurs, qui revendique la fin du monopole des nobles sur la sphĂšre politique. Pour rĂ©pondre Ă cette double crise, de nombreuses citĂ©s modifient radicalement leur organisation politique. Ă AthĂšnes, un ensemble de rĂ©formes amorce un processus dĂ©bouchant au Ve siĂšcle av. sur l'apparition d'un rĂ©gime politique inĂ©dit une sorte de dĂ©mocratie pour les hommes libres mais avec la continuation de l'esclavage. Ă titre d'exemple, le philosophe Jacques RanciĂšre estime que la dĂ©mocratie est nĂ©e historiquement comme une limite mise au pouvoir de la propriĂ©tĂ©. Câest le sens des grandes rĂ©formes qui ont instituĂ© la dĂ©mocratie dans la GrĂšce antique la rĂ©forme de Dracon qui rĂ©forma la justice, la rĂ©forme de ClisthĂšne au VIe siĂšcle av. instituant la communautĂ© politique sur la base dâune nouvelle redistribution territoriale qui cassait le pouvoir local des riches propriĂ©taires ; la rĂ©forme de Solon interdisant lâesclavage pour dettes »[1]. On ne saurait mĂ©connaĂźtre cependant le lien essentiel entre dĂ©mocratisation Ă©conomique et sociale dĂ©crite ci-aprĂšs et dĂ©mocratisation politique, non plus que l'essor naval athĂ©nien Ă partir de 483 av. qui conditionna la dĂ©mocratie[2]. PaupĂ©risation rurale Ă partir du VIIe siĂšcle av. la plupart des citĂ©s grecques sont confrontĂ©es Ă une crise politique. Le commerce se dĂ©veloppe, notamment avec l'apparition de la monnaie au Ve siĂšcle av. en provenance de la Lydie de CrĂ©sus, en contact avec les citĂ©s grecques avant la dĂ©faite de -546 face au Perse Cyrus. Ce dĂ©veloppement extraordinaire du commerce mĂ©diterranĂ©en a deux consĂ©quences. D'une part, les agriculteurs grecs sont peu compĂ©titifs face Ă la concurrence de plus en plus vive des terres fertiles de la Grande-GrĂšce rĂ©cemment colonisĂ©e. De plus en plus de paysans, incapables d'Ă©couler suffisamment leur production, sont condamnĂ©s Ă se vendre comme esclaves pour faire face Ă leurs dettes. Cette main-d'Ćuvre servile est utilisĂ©e par les urbains et vient donc elle-mĂȘme concurrencer les petits artisans indĂ©pendants. Ces sujets peu fortunĂ©s, sur lesquels repose une part croissante de l'Ă©conomie, viennent grossir le rang des chĂŽmeurs et manifestent leur mĂ©contentement. RĂ©volution hoplitique Ă©mergence d'une petite bourgeoisie Gravure d'un hoplite. D'autre part, corrĂ©lativement Ă l'appauvrissement des masses paysannes, Ă©merge une nouvelle classe de sujets aisĂ©s, faite de commerçants et d'artisans notamment potiers Ă AthĂšnes[rĂ©f. souhaitĂ©e]. Ceux-ci sont dorĂ©navant suffisamment riches pour acheter des Ă©quipements d'hoplites la guerre nâest plus lâapanage de l'aristocratie. Le systĂšme aristocratique basĂ© sur la propriĂ©tĂ© agraire est battu en brĂšche face aux revendications Ă©galitaires de ces nouveaux citoyens-soldats. On parle de rĂ©volution hoplitique. InstabilitĂ© politique Au sein de chaque citĂ© les grandes familles s'appuient sur le mĂ©contentement populaire tant des paysans appauvris que des nouveaux riches urbains pour mieux se disputer le pouvoir. Elles n'hĂ©sitent pas non plus Ă faire appel Ă des puissances extĂ©rieures pour renverser les tyrans. Ainsi, les citĂ©s se combattent frĂ©quemment entre elles, ce qui nourrit souvent les rĂ©voltes, par ailleurs durement rĂ©primĂ©es. Mais les guerres sont aussi parfois un facteur de cohĂ©sion interne des citĂ©s. En outre, chaque citĂ© grecque frappe dĂ©sormais sa propre monnaie, forgeant ainsi une nouvelle composante majeure de son identitĂ©. Au Ve siĂšcle av. les citĂ©s grecques ne frappent plus la monnaie irrĂ©guliĂšrement et chacune appose un signe particulier sur la monnaie qu'elle frappe, l'Ă©picĂšne, qui permet de la reconnaĂźtre. Pour la monnaie athĂ©nienne, c'est une chouette. Qu'elles retardent ou prĂ©cipitent l'Ă©closion d'un nouveau rĂ©gime, les diffĂ©rentes mesures politiques guerres, chutes de rĂ©gime, rĂ©pressions, levĂ©es ou baisses d'impĂŽts, introductions de monnaies n'y pourront peu la donne sociale a dĂ©finitivement changĂ©. Partout la nouvelle configuration des rapports de forces sociales fait Ă©merger une nouvelle donne politique. Deux nouveaux modĂšles, appelĂ©s Ă s'opposer dans le siĂšcle Ă venir, se distinguent par leur originalitĂ© l'oligarchie militaire spartiate et la dĂ©mocratie athĂ©nienne. Les rĂ©formes politiques La dĂ©mocratie athĂ©nienne ne naĂźt pas dâinsurrections populaires mais de l'engagement de citoyens en politique pour assurer l'unitĂ© de la citĂ©. On distingue quatre principales sĂ©ries de rĂ©formes. RĂ©formes de Dracon Dracon est mandatĂ©, en 621-620 av. pour mettre par Ă©crit des lois ; on ne connaĂźt bien que sa lĂ©gislation sur les meurtres dĂ©sormais, tout meurtrier est soustrait Ă la vengeance des clans et un vĂ©ritable procĂšs se dĂ©roule devant l'ArĂ©opage ou devant les tribunaux des ĂphĂštes[3]. La sĂ©vĂ©ritĂ© des peines prĂ©vues reste lĂ©gendaire, et l'adjectif draconien » devient synonyme d' implacable ». Mesure limitĂ©e qui, cependant, affirme pour la premiĂšre fois l'autoritĂ© de l'Ătat au-dessus des parentĂ©s dans le domaine de la justice, instaure un droit commun pour tous et, par lĂ mĂȘme, porte atteinte Ă l'arbitraire des aristocrates. Six thesmothĂštes gardiens de la loi Ă©crite viennent alors renforcer le collĂšge des archontes. MalgrĂ© l'amplification de la crise, le monopole Ă©conomique et politique des grandes familles athĂ©niennes, les Eupatrides, n'est cependant en rien attaquĂ©, les archontes dirigeant collĂ©gialement la citĂ© Ă©tant toujours tous issus de ces milieux. Deux modĂšles rĂ©solvant ce problĂšme Ă©mergĂšrent en GrĂšce au VIe siĂšcle av. soit l'arbitrage d'un lĂ©gislateur, chargĂ©, dans une sorte de consensus, de mettre fin Ă des troubles qui risquent de dĂ©gĂ©nĂ©rer en guerre civile ; soit la tyrannie, qui, dans l'Ă©volution de la GrĂšce archaĂŻque, apparaĂźt bien souvent comme une solution transitoire aux problĂšmes de la citĂ©. Avec Solon, le lĂ©gislateur, puis avec les Pisistratides, AthĂšnes fera successivement l'expĂ©rience de l'une et de l'autre. RĂ©formes de Solon Solon. AthĂšnes est en pleine crise politique et sociale lorsque les adversaires se mettent d'accord pour choisir Solon comme arbitre. Archonte de -594 Ă -593, lĂ©gislateur, auteur dâun code de lois, il aurait effacĂ© les dettes, interdit lâesclavage pour dettes et dĂ©fait les lois draconiennes. Il a surtout effectuĂ© des rĂ©formes constitutionnelles qui lui valurent la rĂ©putation d'ĂȘtre le pĂšre de la dĂ©mocratie. Le systĂšme qu'il a proposĂ© est un peu diffĂ©rent de la ploutocratie. Il existerait alors quatre groupes socio-Ă©conomiques Ă AthĂšnes les aristocrates, ou Eupatrides, composĂ©s des propriĂ©taires fonciers les plus riches ; les gĂ©moroi, cultivateurs, constituĂ©s des autres propriĂ©taires fonciers ; la classe populaire, qui compose le reste de la population et vit de son salaire ou du commerce ; les esclaves, considĂ©rĂ©s comme des biens et non comme des hommes libres. Des hommes libres, Solon tire quatre classes censitaires. D'aprĂšs le nombre de mesures de blĂ©, de vin et d'huile que le citoyen possĂšde, il appartient Ă l'une des quatre classes » suivantes les pentacosiomĂ©dimnes, qui possĂšdent plus de 500 mĂ©dimnes de cĂ©rĂ©ales ; les hippeis, cavaliers plus de 300 mĂ©dimnes ; les zeugites, laboureurs plus de 200 mĂ©dimnes ; les thĂštes moins de 200 mĂ©dimnes. Les plus hautes magistratures ne sont accessibles qu'aux plus hautes classes ; les thĂštes n'ont accĂšs qu'Ă l'EcclĂ©sia et aux tribunaux. L'accĂšs aux charges passait toutefois par une Ă©lection Ă l'EcclĂ©sia. Aristote affirme qu'il aurait créé un deuxiĂšme Conseil de quatre cents membres[4] Ă raison de 100 par tribu au fonctionnement probouleumatique[5] mais aucune preuve de son existence n'a Ă©tĂ© dĂ©couverte Ă ce jour. La vĂ©ritable originalitĂ© de Solon rĂ©side toutefois dans ses rĂ©formes judiciaires il crĂ©a l'HĂ©liĂ©e, un tribunal populaire ouvert Ă tous oĂč, chose nouvelle, chacun avait le droit d'intervenir en justice contre quiconque aurait enfreint les lois, affirmant ainsi la responsabilitĂ© collective des citoyens. RĂ©formes de ClisthĂšne et poussĂ©e politique des thĂštes Organisation gĂ©ographique de l'Attique. Ă travers sa rĂ©forme de -508, ClisthĂšne, membre dâune des plus grandes familles dâAthĂšnes, les AlcmĂ©onides, concĂ©da au peuple la participation non seulement aux dĂ©cisions politiques mais aussi aux fonctions politiques en Ă©change de son soutien. Cette rĂ©forme repose sur la rĂ©organisation de lâespace civique. Les anciennes structures politiques fondĂ©es sur la richesse et les groupes familiaux furent remplacĂ©es par un systĂšme de rĂ©partition territoriale. Un citoyen athĂ©nien ne se dĂ©finit dĂ©sormais plus que par son appartenance Ă un dĂšme, circonscription administrative de base de la vie civique ; chaque citoyen athĂ©nien doit ĂȘtre admis dans son dĂšme lors de ses dix-huit ans. L'Attique est divisĂ©e en trois ensembles la ville asty, la cĂŽte paralie, et lâintĂ©rieur mĂ©sogĂ©e. Dans chaque ensemble se trouvent dix groupes de dĂšmes, nommĂ©s trittyes. La rĂ©union de trois trittyes, une de chaque ensemble, forme une tribu, phylĂš il y a donc dix tribus. Chaque tribu regroupe plusieurs membres ; ils sont mĂ©langĂ©s et non pas classĂ©s par culture, rĂ©gion et classes sociales afin que la population soit rĂ©partie de maniĂšre homogĂšne et que les goĂ»ts politiques et culturels et les envies soient tous entendus[6]. Ce systĂšme, sur lequel se base la nouvelle organisation des institutions, casse la pratique du clientĂ©lisme traditionnel. On parle d'isonomie, ce qui ne signifie pas Ă©galitĂ© devant la loi », comme on l'affirme souvent, mais Ă©gale rĂ©partition » du verbe grec ΜÎÎŒ, rĂ©partir, distribuer[7]. Nouvelle organisation administrative et civique de l'Attique aprĂšs la rĂ©forme de ClisthĂšne. Ă la structure sociale et administrative hiĂ©rarchisĂ©e DĂšme â Trittye â Tribu â CitĂ©, ClisthĂšne fait correspondre une structure hiĂ©rarchisĂ©e du pouvoir Prytanes â BoulĂš â EcclĂ©sia. Juges â HĂ©liĂ©e â EcclĂ©sia. La BoulĂš passe ainsi de 400 Ă 500 membres, 50 pour chaque nouvelle tribu, et sert non plus Ă Ă©clairer l'ArĂ©opage mais Ă dĂ©finir l'ordre du jour de l'EcclĂ©sia. MalgrĂ© la crĂ©ation des tribunaux de l'HĂ©liĂ©e, la mainmise sur le pouvoir judiciaire de l'ArĂ©opage reste prĂ©dominante. La rĂ©forme ne retint pas le vote comme mode principal de dĂ©signation des responsables politiques, lui prĂ©fĂ©rant des tirages au sort pour la dĂ©signation des bouleutes et des hĂ©liastes et un systĂšme d'alternance rĂ©guliĂšre pour les prytanes, ce qui fait, pour partie, de la dĂ©mocratie athĂ©nienne une stochocratie. D'autre part, lorsque ThĂ©mistocle convainquit les AthĂ©niens de construire une flotte de combat pour leur dĂ©fense contre les Perses, en 483 av. il fallut embarquer des milliers de citoyens de la quatriĂšme classe, les thĂštes Ă raison de 174 rameurs par bĂątiment, pour une flotte de deux cents triĂšres, ces citoyens pauvres acquĂ©raient un poids politique bien plus important que celui des hoplites. Cet essor naval d'AthĂšnes conditionna aussi la dĂ©mocratie proprement dite. RĂ©formes de PĂ©riclĂšs Vers le milieu du Ve siĂšcle av. en 451 av. PĂ©riclĂšs mit en place une indemnitĂ© journaliĂšre de prĂ©sence au sein de l'HĂ©liĂ©e et de la BoulĂȘ, ainsi qu'aux spectacles des PanathĂ©nĂ©es câest le misthoĂŻ salaire » destinĂ© Ă faire participer les citoyens les plus pauvres et rĂ©sidant le plus loin de la ville[8]. Elle leur permettait de chĂŽmer un jour pour assurer leurs fonctions civiques et politiques. Le montant de cette indemnitĂ© ou misthos passa de deux Ă trois oboles par jour sous ClĂ©on, soit l'Ă©quivalent du faible salaire d'un ouvrier. Cette mesure renforça le caractĂšre dĂ©mocratique du rĂ©gime athĂ©nien. Cependant, PĂ©riclĂšs se distingua plus par ses actions militaires et diplomatiques et par les grands chantiers qu'il entreprit que par sa rĂ©novation des institutions politiques. En -451, PĂ©riclĂšs fit adopter un dĂ©cret qui imposa, pour devenir citoyen, d'ĂȘtre nĂ© de l'union lĂ©gitime d'un pĂšre citoyen et d'une mĂšre, fille de citoyen[9]. Fonctionnement de la dĂ©mocratie athĂ©nienne La citoyennetĂ© athĂ©nienne Jusqu'en 451 av. pour ĂȘtre citoyen athĂ©nien, il faut ĂȘtre un homme nĂ© de pĂšre athĂ©nien, et avoir suivi l'Ă©phĂ©bie de 18 Ă 20 ans, câest-Ă -dire ĂȘtre capable de dĂ©fendre la citĂ©. L'Ă©phĂ©bie est en effet une formation militaire et civique qui permet Ă la citĂ© d'assurer sa dĂ©fense sans avoir d'armĂ©e permanente ; elle prĂ©munit aussi la ville des risques de tyrannie. En 451, PĂ©riclĂšs modifie la loi qui dĂ©sormais confĂšre la citoyennetĂ© au jeune adulte Ă la seule condition de la double filiation d'un pĂšre de statut citoyen et d'une mĂšre, fille de citoyen, ce second critĂšre introduisant une restriction notable. Les esclaves et les femmes considĂ©rĂ©s respectivement comme des biens et d'Ă©ternelles mineures, ainsi que les mĂ©tĂšques Ă©trangers n'Ă©taient pas inclus dans la communautĂ© politique, comme dans la plupart des citĂ©s grecques. Cependant, si un mĂ©tĂšque non barbare câest-Ă -dire grec accomplissait de hauts faits pour la citĂ©, il pouvait recevoir, Ă titre exceptionnel et en remerciement de ses actions, la citoyennetĂ© athĂ©nienne, moyennant finances. Une telle dĂ©cision ne pouvait ĂȘtre prise qu'Ă la suite d'un vote de l'EcclĂ©sia rĂ©unissant 6 000 citoyens. Ces naturalisations sont donc trĂšs rares et solennelles. Par exemple, un mĂ©tĂšque riche a fait don Ă la citĂ© d'AthĂšnes de plus de 1 000 boucliers, et il n'a jamais obtenu cette citoyennetĂ©. La raretĂ© de ce droit de citĂ© accordĂ© Ă des Ă©trangers s'explique par le dĂ©sir de maintenir un Ă©quilibre optimum entre le territoire et ceux qui se le partagent, et de ne point accroĂźtre inconsidĂ©rĂ©ment le nombre des citoyens, c'est-Ă -dire des ayants droit[10]. La citoyennetĂ© confĂ©rait un pouvoir politique, mais aussi une protection judiciaire, les citoyens ne pouvant ni ĂȘtre soumis Ă la question torture, ni ĂȘtre condamnĂ©s au supplice ou Ă une peine corporelle. Les seules peines qui pouvaient leur ĂȘtre infligĂ©es Ă©taient donc l'amende, l'atimie, l'exil, et la mort. La citoyennetĂ© confĂšre aussi un privilĂšge Ă©conomique seuls les citoyens peuvent avoir une propriĂ©tĂ© fonciĂšre. Ce privilĂšge s'explique par l'histoire de la dĂ©mocratie athĂ©nienne ; hĂ©ritier d'un passĂ© aristocratique, le rĂ©gime considĂ©rait l'agriculture comme le seul travail digne d'un citoyen, et valorisa la vie de rentier. Le citoyen athĂ©nien avait le droit de voter et d'ĂȘtre Ă©lu mais il avait le devoir de faire la guerre et de payer les impĂŽts. Par ailleurs, les riches devaient financer les liturgies et les pauvres devaient ĂȘtre aidĂ©s financiĂšrement pour pouvoir participer Ă la vie de la citĂ©. Les institutions politiques RĂ©partition des pouvoirs politiques dans l'AthĂšnes dĂ©mocratique au IVe siĂšcle. Les institutions constitutives de la dĂ©mocratie athĂ©nienne nous sont connues essentiellement grĂące Ă la dĂ©couverte inopinĂ©e, Ă la fin du XIXe siĂšcle d'une Constitution des AthĂ©niens attribuĂ©e Ă Aristote, et Ă ses disciples du LycĂ©e, et rĂ©digĂ©e aux environs de 330 av. Bien que la dĂ©mocratie athĂ©nienne n'eĂ»t jamais de constitution Ă©crite officielle, les rĂŽles de ses institutions n'en demeurent pas moins clairement connus et distincts les uns des autres. Leurs Ă©volutions font donc l'objet de subtiles luttes politiques. L'EcclĂ©sia C'est l'assemblĂ©e qui rassemble tous les citoyens rĂ©unis sur la colline de la Pnyx. Elle vote les lois en gĂ©nĂ©ral avec un quorum de 6 000 citoyens, en certaines circonstances ; la participation est normalement infĂ©rieure Ă ce chiffre si l'on en croit Thucydide[12],[13]. Ces votes se font Ă main levĂ©e et Ă la majoritĂ© simple. N'importe quel citoyen peut prendre la parole libertĂ© qu'en grec ancien on appelle áŒ°Î·ÎłÎżÏία, isegoria, exercer son pouvoir d'amendement et proposer une motion. Câest le propre de la dĂ©mocratie directe. Une fois votĂ©e, la loi est exposĂ©e au public sur l'Agora. Selon un processus similaire, l'EcclĂ©sia peut, une fois par an, prononcer l'exil d'un citoyen, pour diffĂ©rents motifs et pour une durĂ©e dĂ©terminĂ©e. Ce vote est appelĂ© l'ostracisme dont le nom vient du morceau de cĂ©ramique l'ostracon sur lequel est inscrit le nom de la personne dont on demande le bannissement. Cette sanction est dure, car le banni n'est plus protĂ©gĂ© par sa citĂ©. Il est soumis Ă tous les alĂ©as, et dans les pires cas, il peut connaĂźtre l'esclavage. La rĂ©union annuelle d'ostracophorie s'effectue aprĂšs celle pendant laquelle les magistrats, bouleutes et hĂ©liastes sont tirĂ©s au sort pour des mandats d'un an. Elle nĂ©cessite la prĂ©sence de 6 000 membres, c'est le fameux quorum de 6 000. Cette pratique disparaĂźtra en 417 av. aprĂšs avoir frappĂ© une dizaine de grands hommes politiques athĂ©niens, Ă©vincĂ©s par des rivaux politiques. La BoulĂš La BoulĂš orthographiĂ©e parfois BoulĂȘ est le nom gĂ©nĂ©rique des conseils dans diffĂ©rents rĂ©gimes grecs. Ă AthĂšnes, la BoulĂȘ est souvent appelĂ©e Conseil des Cinq-Cents », car, Ă partir des rĂ©formes de ClisthĂšne, elle est composĂ©e de 500 membres bouleutes Ă raison de cinquante par tribu. Les bouleutes sont tirĂ©s au sort parmi des listes dressĂ©es par chaque dĂšme de citoyens volontaires ĂągĂ©s de plus de trente ans et renouvelĂ©s chaque annĂ©e l'absence de toute qualification autre que d'Ăąge empĂȘche que la fonction soit l'objet d'une compĂ©tition ; un citoyen ne peut ĂȘtre bouleute au maximum que deux fois non successives, ce qui exclut la possibilitĂ© d'y faire carriĂšre. Cette assemblĂ©e siĂšge de façon permanente. La prĂ©sidence et la coordination du travail sont assurĂ©es par les prytanes. Chaque tribu assure pendant un dixiĂšme de l'annĂ©e 35-36 jours la prytanie, c'est-Ă -dire la permanence. Le principal travail de la BoulĂš est de recueillir les propositions de loi prĂ©sentĂ©es par les citoyens, puis de prĂ©parer les projets de loi pour pouvoir ensuite convoquer l'EcclĂ©sia. La BoulĂš siĂšge au Bouleuterion, bĂątiment contigu Ă la Tholos sur l'Agora. On a pu dire de la boulĂ© athĂ©nienne que c'Ă©tait une machine Ă Ă©liminer les influences et Ă faire triompher le sens commun du dĂ©mos, et le meilleur garant de la dĂ©mocratie »[14]. Les magistrats La magistrature est une institution de la dĂ©mocratie athĂ©nienne. Elle comprend environ 700 magistrats, choisis par Ă©lection, dĂ©signation, ou par tirage au sort. Leur mandat dure le plus souvent 1 an mais il existe plusieurs exceptions[15]. Les magistrats gĂšrent les affaires courantes et veillent Ă l'application des lois. Ils doivent exercer leur pouvoir de maniĂšre collĂ©giale, aucune magistrature n'Ă©tant lĂ©galement en Ă©tat de dĂ©velopper un pouvoir personnel, ce qui est censĂ© Ă©viter le retour Ă la tyrannie. Les magistrats et les ambassadeurs sont contrĂŽlĂ©s Ă la fin de leur mandat. C'est la reddition de comptes que l'on nomme euthynai. Cela permet aux AthĂ©niens de contrĂŽler efficacement les magistrats et de limiter ainsi les dĂ©rives. Avant d'ĂȘtre investis, les hommes tirĂ©s au sort devaient passer devant une commission de contrĂŽle qui avait pour mandat de s'assurer que les individus sĂ©lectionnĂ©s possĂ©daient les compĂ©tences nĂ©cessaires pour exercer la magistrature pour laquelle ils avaient Ă©tĂ© dĂ©signĂ©s[16]. La dokimasia est l'examen prĂ©liminaire que subissent les futurs magistrats pour limiter les effets malheureux du tirage au sort. Il s'agit d'un examen de capacitĂ© lĂ©gale il permet de vĂ©rifier que le candidat est bien citoyen, qu'il a bien l'Ăąge minimum et le cens requis, qu'il n'a jamais occupĂ© le poste et qu'il n'est pas frappĂ© d'incapacitĂ© juridique. Il se dĂ©roule soit devant la BoulĂ©, soit devant l'HĂ©liĂ©e[17]. Magistratures athĂ©niennes liste non exhaustive Archontes Ădiles Magistratures judiciaires Magistratures financiĂšres Magistratures commerciales Magistratures culturelles et religieuses Magistratures militaires Magistratures de contrĂŽle L'archonte Ă©ponyme Les astynomes Les Onze Les trĂ©soriers Les agoranomes Les hiĂ©ropoioi Les stratĂšges Les euthynes et leurs parĂšdres L'archonte-roi Les hodopoioi Les juges des dĂšmes Les colacrĂštes ou apodectes Les mĂ©tronomes Les exĂ©gĂštes Les taxiarques Les logistes et leurs substituts L'archonte polĂ©marque Les polĂštes Les sitophylakes Les athlothĂštes Les phylarques Les thesmothĂštes Les logistes Les Ă©pimĂ©lĂštes d'emporion Les hipparques Le secrĂ©taire Les hellĂ©notames Les intendants de galĂšre Les practores Les sophronistes Parmi eux, on trouve donc les 10 stratĂšges, Ă©lus pour un an et rééligibles Ă leurs fonctions militaires, puisqu'ils sont chargĂ©s du commandement de l'armĂ©e, Ă©taient liĂ©es de multiples affaires qui leur ont valu une compĂ©tence et une autoritĂ© grandissantes. Ce sont les magistrats les plus importants de la dĂ©mocratie. L'ArĂ©opage L'ArĂ©opage est une institution politique, prĂ©cĂ©dant l'avĂšnement de la dĂ©mocratie et aux origines mythiques, qui eut pour but premier de conserver les lois », câest-Ă -dire de veiller au respect de la constitution, et ayant Ă cette fin des pouvoirs judiciaires trĂšs Ă©tendus. Il est formĂ© d'anciens archontes, câest-Ă -dire d'anciens nobles riches et puissants avant qu'ils ne fussent tirĂ©s au sort. C'est traditionnellement l'institution athĂ©nienne la moins dĂ©mocratique et la plus aristocratique. Elle tient son nom de la colline dâArĂšs oĂč siĂšgent les arĂ©opagites. Son emplacement, hors de lâAgora qui est le cĆur de la citĂ©, a une forte symbolique le crime n'a, littĂ©ralement, pas le droit de citĂ©. Les rĂ©formes de Dracon permirent aux citoyens de former des recours auprĂšs de l'ArĂ©opage Ă l'encontre de magistrats les ayant lĂ©sĂ©s dans l'exercice de leurs fonctions. Celles de Solon renforcĂšrent encore le pouvoir de l'ArĂ©opage, qui fit alors figure de conseil des Sages, protĂ©geant la citĂ© non seulement contre les menaces internes et prĂ©venant ainsi â paradoxalement â les complots ourdis contre la dĂ©mocratie mais aussi les menaces externes. Ă ce titre, lâArĂ©opage ne rendait compte de ses activitĂ©s auprĂšs d'aucune autre institution. AprĂšs les rĂ©formes de ClisthĂšne et les guerres mĂ©diques, le pouvoir dĂ©tenu par l'ArĂ©opage devient donc prĂ©pondĂ©rant. ĂphialtĂšs et ThĂ©mistocle travaillĂšrent de concert pour rĂ©duire cette influence au profit de l'EcclĂ©sia, de la BoulĂȘ, et des nouveaux tribunaux de l'HĂ©liĂ©e. Ainsi, aprĂšs 462 av. l'ArĂ©opage ne dispose plus de pouvoir politique mais fait figure de vĂ©nĂ©rable institution. L'HĂ©liĂ©e Ce tribunal populaire est composĂ© de 6 000 citoyens, toujours ĂągĂ©s de plus de 30 ans et rĂ©partis en dix classes de 500 citoyens 1 000 restant en rĂ©serve tirĂ©s au sort chaque annĂ©e pour devenir hĂ©liastes[18]. Ils Ă©taient dĂ©signĂ©s grĂące Ă la plaque que l'on voit ci-contre Ă gauche. Pour ce faire, on mettait les noms de tous les volontaires dans les cases et on ajoutait des fĂšves blanches et noires dans un autre compartiment qui a Ă©tĂ© arrachĂ©, puis on tirait au sort un nom et une fĂšve si la fĂšve Ă©tait blanche, le citoyen Ă©tait hĂ©liaste et si la fĂšve Ă©tait noire, il ne l'Ă©tait pas, et on recommençait pour en avoir jusqu'Ă 500. L'accusation est toujours, en l'absence d'Ă©quivalent Ă nos ministĂšres publics », une initiative personnelle d'un citoyen. Celui-ci percevant, en cas de condamnation, une partie de l'amende, pour indemnisation et rĂ©compense de ses efforts pour la justice, certains citoyens font de la dĂ©lation leur mĂ©tier, ce sont les sycophantes. MalgrĂ© des mĂ©canismes limitant les dĂ©rives de ce systĂšme, celui-ci contribue Ă diviser la citĂ© et servit d'argument fort au parti aristocratique contre le nouveau rĂ©gime. Par un systĂšme compliquĂ© et selon l'affaire, on dĂ©signe par tirage au sort sous contrĂŽle d'un magistrat instructeur un plus ou moins grand nombre d'hĂ©liastes pour chaque procĂšs. Ainsi, Ă titre d'exemple, pour un procĂšs privĂ©, 201 juges siĂšgent normalement, 401 exceptionnellement. Pour les procĂšs publics, ils sont 501, 1 001, voire 1 501 juges. La tĂąche de juger est d'autant plus difficile qu'il n'y a ni code de procĂ©dure, ni code pĂ©nal, offrant ainsi une grande libertĂ© d'interprĂ©tation des lois par ailleurs en nombre rĂ©duit. De plus, les verdicts sont sans appel et immĂ©diatement exĂ©cutoires, on comprend dĂšs lors l'important rĂŽle politique que prennent les tribunaux de l'HĂ©liĂ©e. 200 rĂ©unions ont lieu par an, chacune sous la prĂ©sidence d'un magistrat qui ne prenait pas part au vote. Le tribunal des ĂphĂštes, juges des causes criminelles, compte 51 membres, c'est celui qui a le plus accaparĂ© les prĂ©rogatives de lâArĂ©opage ; il peut siĂ©ger en quatre endroits diffĂ©rents selon les types d'affaires au Prytaneion, tribunal du sang », ils jugent tout ce qui a pu amener mort d'hommes objets, animaux ; au Palladion, ils jugent les homicides involontaires, les instigations au meurtre, les mĂ©tĂšques et les esclaves ; au Delphinion, ils jugent les homicides considĂ©rĂ©s par l'archonte-roi comme excusables ou dĂ©coulant de la lĂ©gitime dĂ©fense ; Ă PhrĂ©attys sur une plage, ils jugent les bannis pour homicide involontaire qui ont commis un meurtre avec prĂ©mĂ©ditation dans leur exil. L'accusĂ©, encore en Ă©tat de souillure et interdit de sĂ©jour, est alors placĂ© sur une embarcation au large d'oĂč il prĂ©sente sa dĂ©fense aux juges[19]. Ăquilibre entre lâEcclĂ©sia et lâHĂ©liĂ©e Au cours du temps, lâHĂ©liĂ©e a limitĂ© le pouvoir de l'EcclĂ©sia. Au Ve siĂšcle avant notre Ăšre, Ă l'Ă©poque de PĂ©riclĂšs, la dĂ©mocratie est radicale et l'EcclĂ©sia vote tout, toute seule. Mais au IVe siĂšcle av. Ă l'Ă©poque de DĂ©mosthĂšne, l'EcclĂ©sia ne vote plus que les dĂ©crets. Les lois doivent ĂȘtre votĂ©es par les nomothĂštes sur proposition de l'EcclĂ©sia. Les nomothĂštes sont tirĂ©s au sort de la mĂȘme façon que les membres du tribunal de l'HĂ©liĂ©e, elle-mĂȘme chargĂ©e de veiller Ă la lĂ©galitĂ© des dĂ©crets. En effet, en 416 av. la procĂ©dure de graphĂš paranomĂŽn áŒĄ ÎłÏαÏÎź ÏαÏαΜΌΜ est une action en illĂ©galitĂ© pour la mise en accusation d'un dĂ©cret ; elle se substitue Ă la pratique de l'ostracisme utilisĂ©e pour la derniĂšre fois l'annĂ©e prĂ©cĂ©dente. Elle permet Ă nâimporte quel citoyen de faire examiner par un tribunal de lâHĂ©liĂ©e, le dikastĂšrion, tout dĂ©cret ayant Ă©tĂ© votĂ© par lâEcclĂ©sia ou en cours de proposition par lâEcclĂ©sia. Si le tribunal juge le dĂ©cret ou la proposition de dĂ©cret contraire aux lois, non seulement elle est annulĂ©e mais son auteur, et lâĂ©pistate dirigeant les dĂ©bats au moment de son adoption ou proposition, sont passibles de lourdes sanctions, allant jusquâĂ lâatimie. Si le tribunal est appelĂ© pour juger un dĂ©cret en cours de proposition et quâil lâa dĂ©clarĂ© compatible avec la loi, cela entraĂźnait son adoption sans rĂ©examen par lâEcclĂ©sia. La graphĂš paranomĂŽn offre donc Ă lâHĂ©liĂ©e au fil du temps un rĂŽle de co-lĂ©gislateur, partageant le pouvoir lĂ©gislatif avec la BoulĂȘ et lâEcclĂ©sia. RĂ©sultat Ă partir de 355 av. les luttes politiques ne se tiennent plus seulement sur la Pnyx, mais aussi devant les HĂ©liastes qui, Ă l'inverse des ecclĂ©siastes, avaient prĂȘtĂ© serment, votaient Ă bulletin secret, devaient avoir au moins trente ans, et consacraient une journĂ©e entiĂšre par affaire, alors que l'EcclĂ©sia votait plusieurs dĂ©crets en une demi-journĂ©e. Les AthĂ©niens considĂ©raient donc que les dĂ©cisions des nomothĂštes Ă©taient supĂ©rieures, en raison du serment religieux d'Ă©couter Ă©galement les deux parties et de se dĂ©terminer en son Ăąme et conscience, de la sagesse qui vient avec l'Ăąge et du temps consacrĂ© Ă chaque affaire. Cependant les nomothĂštes sont quand mĂȘme tirĂ©s au sort dans l'ensemble des citoyens volontaires, ils ne constituent donc pas une limitation Ă©litiste de la souverainetĂ© du dĂ©mos. Peines judiciaires et sanctions dĂ©mocratiques Ă AthĂšnes Les citoyens ne pouvaient pas, contrairement aux mĂ©tĂšques ou aux esclaves, encourir la torture. Mais ils encouraient plusieurs peines judiciaires en cas dâinfraction Ă la loi, ou des sanctions inhĂ©rentes aux institutions dĂ©mocratiques Les citoyens peuvent subir des amendes financiĂšres ; Les citoyens ayant commis des dĂ©lits mineurs avaient la maison peinte d'une couleur voyante pour susciter la honte du coupable et le mĂ©pris du voisinage[rĂ©f. nĂ©cessaire] ; Les citoyens pouvaient ĂȘtre dĂ©mis de leur qualitĂ© par l'atimie, ce qui les privait de nombreux avantages ; L'ostracisme pouvait ĂȘtre votĂ© par l'EcclĂ©sia, il consistait gĂ©nĂ©ralement en un bannissement d'une durĂ©e de 10 ans ; Enfin, dans les cas exceptionnels, la peine de mort Ă©tait appliquĂ©e, par exemple, par absorption de la ciguĂ« que Socrate ou ThĂ©ramĂšne sont condamnĂ©s Ă boire[20]. Globalement, les citoyens Ă©taient beaucoup mieux protĂ©gĂ©s par la loi que les non-citoyens ; en gĂ©nĂ©ral le meurtre d'un citoyen Ă©tait puni de la peine de mort tandis que le meurtre d'un mĂ©tĂšque entraĂźnait le bannissement. Les grandes crises de l'Empire AthĂ©nien guerre du PĂ©loponnĂšse et coups d'Ătat L'annĂ©e -430 marque, avec la guerre du PĂ©loponnese, le dĂ©but du dĂ©clin d'AthĂšnes. La dĂ©sastreuse et longue lutte contre Sparte conjuguĂ©e Ă une Ă©pidĂ©mie de fiĂšvre typhoĂŻde, fatale pour PĂ©riclĂšs en -429, ne sont que les premiers facteurs qui finalement conduiront Ă leur perte l'empire athĂ©nien et la citĂ© dĂ©sormais dĂ©moralisĂ©e et soumise aux dĂ©magogues. AprĂšs PĂ©riclĂšs, les auteurs contemporains dont les ouvrages nous sont parvenus les historiens Thucydide puis XĂ©nophon, le comique Aristophane, et plus tard au IVe siĂšcle Platon, critiquent fortement la dĂ©rive dĂ©magogique de la dĂ©mocratie athĂ©nienne. Pour Aristophane, qui critiqua notamment le passage Ă trois oboles du misthos sous ClĂ©on dans sa piĂšce les GuĂȘpes les pauvres, de plus en plus impliquĂ©s dans l'exercice du pouvoir, sont plus sensibles aux arguments des dĂ©magogues. La foule des citoyens prend des dĂ©cisions qu'on analysera ultĂ©rieurement comme particuliĂšrement injustes, un exemple souvent citĂ© Ă©tant la condamnation Ă mort de Socrate[rĂ©f. nĂ©cessaire]. Il n'est donc pas Ă©tonnant que la critique intellectuelle de la dĂ©mocratie apparaisse sous une forme particuliĂšrement sĂ©vĂšre, chez le principal disciple de Socrate Platon. Celui-ci hiĂ©rarchise dans la RĂ©publique les rĂ©gimes politiques en plaçant la dĂ©mocratie juste devant la tyrannie et derriĂšre l'aristocratie, la timocratie, et l'oligarchie. Un premier coup renverse la dĂ©mocratie au profit d'une Ă©phĂ©mĂšre tyrannie en -411, avec le coup d'Ătat des Quatre-Cents. Ă la suite de la dĂ©faite finale d'AthĂšnes contre Sparte Ă Aegos Potamoi, Sparte occupe AthĂšnes et instaure en -404 un rĂ©gime tyrannique avec les Trente tyrans ». Ceux-ci suppriment l'HĂ©liĂ©e, restaurent les prĂ©rogatives passĂ©es de l'ArĂ©opage, et relĂšguent l'EcclĂ©sia Ă un simple rĂŽle consultatif, s'assurant eux-mĂȘmes les rĂȘnes du pouvoir. Ce rĂ©gime, de plus en plus violent[20], ne survivra pas au dĂ©part de l'occupant spartiate au dĂ©but de lâan -403. IVe siĂšcle av. PĂ©riodes hellĂ©nistique et romaine Alexandre le Grand avait menĂ© une coalition des Ătats grecs Ă la guerre avec l'Empire perse en 336 av. mais ses soldats grecs Ă©taient des otages pour le comportement de leurs Ătats autant que des alliĂ©s. Ses relations avec AthĂšnes Ă©taient dĂ©jĂ tendues quand il retourna Ă Babylone en 324 av. AprĂšs sa mort 323 av. AthĂšnes, qui a reconstituĂ© ses finances et ses forces navales, et Sparte ont menĂ© plusieurs Ătats grecs Ă la guerre avec la MacĂ©doine et ont perdu cette guerre. AthĂšnes dut adopter un rĂ©gime oligarchique protĂ©gĂ© par une garnison macĂ©donienne. HypĂ©ride fut exĂ©cutĂ© et DĂ©mosthĂšne se suicida[21]. Ceci a abouti Ă un certain nombre de pĂ©riodes au cours desquelles une force extĂ©rieure a commandĂ© AthĂšnes[22]. Souvent, le pouvoir extĂ©rieur mit en place un agent local en tant que gouverneur politique Ă AthĂšnes. Mais quand AthĂšnes Ă©tait indĂ©pendante, elle fonctionnait sous sa forme de gouvernement traditionnel. Elle a rarement contrĂŽlĂ© toute l'Attique, puisque le PirĂ©e est une excellente base navale, et un des rois hellĂ©nistiques habituellement la contrĂŽlait. MĂȘme les gouverneurs, comme DĂ©mĂ©trios de PhalĂšre qui gouverna AthĂšnes pour le compte de Cassandre entre 317 et 307 av. maintenaient les institutions traditionnelles formellement. L'AthĂšnes indĂ©pendante Ă©tait une puissance mineure Ă l'Ă©poque hellĂ©nistique. Elle eut rarement beaucoup Ă faire de la politique Ă©trangĂšre. Elle restait gĂ©nĂ©ralement en paix, alliĂ©e soit avec la dynastie des PtolĂ©mĂ©es, ou plus tard, avec Rome. Quand elle fit la guerre, le rĂ©sultat comme dans la guerre lamiaque, chrĂ©monidĂ©enne ou de Mithridate fut gĂ©nĂ©ralement dĂ©sastreux. Notes et rĂ©fĂ©rences â Jacques RanciĂšre La dĂ©mocratie est nĂ©e dâune limitation du pouvoir de la propriĂ©tĂ© » », sur 17 novembre 2007. â Ădouard Will, Le Monde grec et l'Orient, Le Ve siĂšcle 510-403, PUF, 1972, p. 65, 102 et 421. â Pierre LĂ©vĂȘque, L'Aventure grecque, Armand Colin, 1969, p. 186-187. â Aristote, Constitution d'AthĂšnes [dĂ©tail des Ă©ditions] lire en ligne, VIII, 4. â Pierre LĂ©vĂȘque, L'aventure grecque, Armand Colin, 1969, p. 188. â Ădouard Will, Le monde grec et l'Orient, Le Ve siĂšcle 510-403, Presses Universitaires de France, 1972, p. 69 Ă 74. â Ădouard Will, Le Monde grec et l'Orient, Le Ve siĂšcle 510-403, Presses Universitaires de France, 1972, p. 73-74. â Aristote, Constitution d'AthĂšnes [dĂ©tail des Ă©ditions] lire en ligne, XXVII, 3-4. â Ădouard Will, Le Monde grec et l'Orient, Le Ve siĂšcle 510-403, Presses Universitaires de France, 1972, p. 421. â Ădouard Will, Le Monde grec et l'Orient, Le Ve siĂšcle 510-403, PUF, 1972, p. 421. â Aristote, Constitution d'AthĂšnes [dĂ©tail des Ă©ditions] lire en ligne. â Thucydide, La Guerre du PĂ©loponnĂšse, VIII, 72. â Ădouard Will, Le Monde grec et l'Orient, Le Ve siĂšcle 510-403, PUF, p. 450. â Ădouard Will, Le Monde grec et l'Orient, Le Ve siĂšcle 510-403, PUF, 1972, p. 451-452. â Yves Pepin, Ressemblances et diffĂ©rences La dĂ©mocratie AthĂ©nienne et la RĂ©publique Romaine », sur â Anastasia Colosimo, DĂ©mocratie 1/3 DĂ©mocratie et libĂ©ralisme, je tâaime moi non plus ? », sur France Culture, 24 dĂ©cembre 2018 consultĂ© le 25 dĂ©cembre 2018 â Ădouard Will, Le Monde grec et l'Orient, Le Ve siĂšcle 510-403, PUF, 1972, p. 454. â Aristote, Constitution d'AthĂšnes [dĂ©tail des Ă©ditions] lire en ligne, LXIII et suiv. â Robert FlaceliĂšre, La Vie quotidienne en GrĂšce au temps de PĂ©riclĂšs, Hachette, 1971, p. 282-283. â a et b XĂ©nophon trad. Jean Hatzfeld, HellĂ©niques, Les Belles Lettres, 1948. â Ădouard Will, Claude MossĂ©, Paul Goukowsky, Le Monde grec et l'Orient, Le IVe siĂšcle et l'Ă©poque hellĂ©nistique, PUF, 1975, p. 352. â De 322 Ă 318 ; de 317 Ă 307 ; de 266 Ă 229 MacĂ©doine ; de 58 Ă 55 av. Rome. Voir aussi Bibliographie Moses Finley, DĂ©mocratie antique et dĂ©mocratie moderne, Payot, coll. Petite bibliothĂšque », 2003 ISBN 2228897515 1re Ă©d. 1973 Democracy, Ancient and Modern. Mogens Herman Hansen, La DĂ©mocratie athĂ©nienne Ă l'Ă©poque de DĂ©mosthĂšne, Les Belles Lettres, coll. Histoire », 2003 ISBN 2251380248, 1re Ă©d. 1991 The Athenian Democracy in the Age of Demosthenes. Bernard Manin, Principes du gouvernement reprĂ©sentatif 1re Ă©d. 1995 [dĂ©tail des Ă©ditions] prĂ©sentation en ligne.. Pascal Morisod, D'AthĂšnes Ă Berne, la voix du peuple⊠», dans Chronozones no 10 2004, Lausanne ISSN 1422-5247. Jacques Jouanna, AthĂšnes et la dĂ©mocratie », Comptes rendus des sĂ©ances de lâAcadĂ©mmie des Inscriptions et Belles-Lettres, vol. 155e annĂ©e, no 4,â 2011, p. 1659-1668 lire en ligne, consultĂ© le 18 aoĂ»t 2020. Claude MossĂ© Histoire d'une dĂ©mocratie AthĂšnes. Des origines Ă la conquĂȘte macĂ©donienne, Seuil, coll. Points Histoire », 1971 ISBN 2020006464, Politique et sociĂ©tĂ© en GrĂšce ancienne le modĂšle » athĂ©nien, Flammarion, coll. Champs », 2000 ISBN 2080814389. S. Price et O. Murray s. dir., La CitĂ© grecque d'HomĂšre Ă Alexandre, La DĂ©couverte, coll. Textes Ă l'appui », 1992 ISBN 2707121770. Jacqueline de Romilly ProblĂšmes de la dĂ©mocratie grecque, Herman, coll. Agora », 1998 ISBN 2705657819, 1re Ă©d. 1975 L'Ălan dĂ©mocratique dans l'AthĂšnes ancienne, Ăditions De Fallois, 2005 ISBN 2877065561. Edmond LĂ©vy, La GrĂšce au Ve siĂšcle, de ClisthĂšne Ă Socrate, Seuil, collection Points Histoire », 1995. en R. Sinclair, Democracy and Participation in Athens, Cambridge University Press, 1988 ISBN 0521423899. Cornelius Castoriadis, Ce qui fait la GrĂšce, tome 2 La citĂ© et les lois, Seuil, coll. la couleur des idĂ©es, 2008 ISBN 9782020971416. Articles connexes Histoire de la GrĂšce antique Liens externes La citoyennetĂ© Ă AthĂšnes, dossier du projet Musagora de l'Educnet. Textes sur la sociĂ©tĂ© athĂ©nienne Ă l'Ă©poque classique. Textes sur la pensĂ©e politique grecque Naissance de la dĂ©mocratie, DĂ©partement des programmes Ă©ducatifs du MinistĂšre hellĂ©nique de la Culture.
CITĂANTIQUE - 85 articles : ADULTĂRE âą ATHĂNES (art) âą MAĂTRES DE SAGESSE (GrĂšce antique) âą ORATEURS ET HISTORIENS (antiquitĂ© grĂ©co-romaine) âą PRĂTRISE (GrĂšce antique) âą LIEUX SACRĂS (GrĂšce antique) âą ARCHITECTURE MILITAIRE (GrĂšce antique) âą ANTIQUE (PHILOSOPHIE) âą AQUEDUCS (AntiquitĂ©) âą ATHĂNES âą LA CITĂ ANTIQUE (N. D. Fustel de