đŸ„‡ Circonscription De La Grece Antique 4 Lettres

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L'argument de la filiation , Enric Porqueres I GenĂ©, JĂ©rĂŽme Wilgaux QuatriĂšme partie. Le fĂ©tichisme de la parentĂ© JĂ©rĂŽme Wilgaux Texte intĂ©gral 1 Pensons par exemple Ă  Henri J. S. Maine, J. F. McLennan, Lewis H. Morgan, reprenant les termes anti ... 1La constitution du domaine de l’anthropologie de la parentĂ© est en grande partie le rĂ©sultat de la confrontation des sociĂ©tĂ©s antiques et de sociĂ©tĂ©s contemporaines considĂ©rĂ©es comme primitives ». Les premiers thĂ©oriciens ont puisĂ© dans les sources antiques leurs concepts de base1 et ont Ă©laborĂ© un schĂ©ma gĂ©nĂ©ral d’évolution des sociĂ©tĂ©s menant par stades successifs d’une promiscuitĂ© sans rĂšgles Ă  la famille nuclĂ©aire moderne, exemple parmi d’autres de la supĂ©rioritĂ© des sociĂ©tĂ©s occidentales. À leur Ă©cole, partant du principe que les liens de parentĂ© constituaient le fondement des sociĂ©tĂ©s antiques aux Ă©poques les plus reculĂ©es, les historiens du monde grec ont longtemps considĂ©rĂ© que les solidaritĂ©s parentales et civiques devaient nĂ©cessairement entrer en concurrence le dĂ©veloppement progressif des citĂ©s aux Ă©poques archaĂŻque et classique ne pouvait se faire qu’au dĂ©triment des groupes de patrifiliation aristocratiques qui structuraient les sociĂ©tĂ©s prĂ©civiques. 2 Voir Bourriot, 1976 ; Roussel, 1976 ; ainsi que le bilan historiographique proposĂ© par Schneider, 1 ... 2Cette vision d’ensemble, peu contestĂ©e jusqu’alors, subit de nombreux assauts au cours des annĂ©es 1970, Ă  partir de quelques constatations essentielles la fragilitĂ© des tĂ©moignages quant Ă  l’importance des groupes de descendance Ă  l’époque archaĂŻque ; le rĂŽle non nĂ©gligeable conservĂ© par les liens de parentĂ© au sein des citĂ©s grecques ; et plus encore, le fait que les groupes de parentĂ©, que celle-ci soit rĂ©elle ou fictive, ne prennent vĂ©ritablement leur sens que replacĂ©s dans ce cadre civique. L’interprĂ©tation des sources grecques devait donc opĂ©rer un renversement des approches traditionnelles et accorder l’antĂ©rioritĂ© au dĂ©veloppement d’institutions proprement politiques, et non aux faits de parentĂ©2. 3ParallĂšlement, les historiens qui s’intĂ©ressaient aux questions de parentĂ© dĂ©battaient avec les anthropologues des concepts et approches les mieux Ă  mĂȘme de permettre une interprĂ©tation correcte des donnĂ©es grecques qui, de longue date, rĂ©sistent aux analyses en termes d’alliance ou de filiation la trĂšs faible extension des prohibitions matrimoniales, la frĂ©quence des mariages entre proches parents, l’autonomie apparente des normes et pratiques matrimoniales Ă  l’égard des rĂšgles de filiation, l’importance des mĂ©diations fĂ©minines, constituent autant de traits essentiels qui brouillent les catĂ©gories traditionnelles de l’anthropologie de la parentĂ© et nĂ©cessitent lĂ  encore un renouvellement constant de nos approches. 4À mon tour, je me propose d’évoquer ces diffĂ©rentes questions en abordant tout d’abord l’importance de la filiation et du langage de la parentĂ© dans la construction des identitĂ©s politiques Ă  l’époque classique, en m’interrogeant ensuite sur les reprĂ©sentations de la parentĂ© dans la culture grecque, puis en essayant de montrer les limites du modĂšle filiationniste, prĂ©cĂ©demment dĂ©crit. La citĂ© grecque, une communautĂ© de parents 5Durant toute l’AntiquitĂ©, l’un des lieux communs de la rĂ©flexion politique grecque est d’attribuer aux membres des communautĂ©s civiques une mĂȘme origine, et en consĂ©quence de nous dĂ©crire la composition d’une citĂ© en usant du langage de la parentĂ©. Simplicius, auteur de la premiĂšre moitiĂ© du VIe siĂšcle apr. l’un des derniers nĂ©oplatoniciens grecs, nous en donne une illustration parfaite dans son Commentaire sur le Manuel d’ÉpictĂšte 3 Éd. I. Hadot, 1996 357, trad. J. W. Si la polis est une mĂšre commune, Ă©tant Ă  la fois terre maternelle et paternelle, il est Ă©vident qu’alors les citoyens sont d’une certaine maniĂšre frĂšres. Et c’est une Ă©vidence que, mĂȘme si cette relation est lointaine, on trouve certes quelque parentĂ© entre presque tous les vrais citoyens, Ă  l’exception des mĂ©tĂšques3. 6Cette affirmation ne relĂšve pas seulement d’un topos littĂ©raire, et une inscription sicilienne datĂ©e de la fin du IVe siĂšcle ou de la premiĂšre moitiĂ© du IIIe siĂšcle avant publiĂ©e pour la premiĂšre fois en 1980, est sur ce point si Ă©loquente qu’elle a suscitĂ© depuis d’amples commentaires de la part des hellĂ©nistes. Ce dĂ©cret Ă©nonce de maniĂšre prĂ©cise les mesures prises par la petite communautĂ© de NakĂŽnĂȘ afin de restaurer l’unitĂ© de la citĂ©, Ă  la suite de troubles provoquĂ©s par deux factions rivales. Sans entrer dans le dĂ©tail des procĂ©dures, indiquons que des tirages au sort rĂ©partissent tous les citoyens dans des groupes composĂ©s de cinq membres, trente d’entre eux Ă©tant composĂ©s d’un membre de chacune des factions rivales auquel on adjoint trois autres membres du corps civique. Au sein de ces groupes, chacun doit considĂ©rer les quatre autres comme ses frĂšres d’élection » adelphoi hairetoi, Ă©tant entendu que les archontes qui procĂšdent au tirage au sort doivent veiller Ă  ce que les proches parents ceux qui relĂšvent de l’anchisteia ne se retrouvent pas dans les mĂȘmes unitĂ©s. Des sacrifices en l’honneur des ancĂȘtres genetoressi et d’Homonoia, divinitĂ© de la Concorde, ont lieu Ă  cette occasion et doivent ĂȘtre renouvelĂ©s tous les ans par chacun des groupes ainsi constituĂ©s. 4 Loraux, 1997 202 sq., avec une traduction française p. 223 sq. ; pour un commentaire rĂ©cent de l’ ... 5 Voir Loraux, 1997 230-231. 7Le terme adelphothetia, affrĂšrement », utilisĂ© dans cette inscription est un hapax, mais, suivant en cela les analyses dĂ©veloppĂ©es par Nicole Loraux4, il nous faut constater que l’intention manifeste de la solution choisie pour rĂ©concilier les citoyens repose sur un postulat maintes et maintes fois Ă©noncĂ© dans le monde grec les relations entre frĂšres, ou de maniĂšre gĂ©nĂ©rale entre parents, sont les liens les plus Ă©troits, les plus puissants qui puissent exister ; en consĂ©quence, ces relations familiales doivent servir de modĂšle pour l’établissement des relations civiques. Si cette fraternitĂ© nouvelle est clairement distinguĂ©e des relations de parentĂ© rĂ©elles » l’anchisteia, les dispositions prises combinent deux Ă©lĂ©ments ici indissociables pour faire nĂ©anmoins de ces associations des groupes de parentĂ© l’utilisation du terme adelphos et l’institution d’un sacrifice annuel en l’honneur des ancĂȘtres communs5. 8Nous pourrions citer de trĂšs nombreux textes grecs qui se rĂ©fĂšrent Ă  la parentĂ© et aux dieux ancestraux lorsqu’il s’agit de renouer des liens rompus ou menacĂ©s par une situation de stasis ou des pĂ©rils militaires. Mais pour dĂ©montrer que fonder, renforcer les solidaritĂ©s civiques par l’utilisation du langage de la parentĂ© et l’instauration de rituels communs est une procĂ©dure habituelle dans le monde grec, j’approfondirai plus particuliĂšrement l’organisation politique de la citĂ© la mieux documentĂ©e, AthĂšnes. 6 Terme gĂ©nĂ©ralement traduit par tribus ». 7 Fragment 3, Belles Lettres CUF ; il est prĂ©cisĂ© que chaque gĂ©nos comportait 30 hommes. 9Les cadres politiques de l’AthĂšnes prĂ©-clisthĂ©nienne sont mal connus. Les populations civiques Ă©taient rĂ©parties en quatre phylai6, dont les membres Ă©taient supposĂ©s descendre de Ion, fils d’Apollon, par l’intermĂ©diaire de ses quatre fils. Il semble que ces phylai Ă©taient elles-mĂȘmes subdivisĂ©es de deux maniĂšres diffĂ©rentes en trittyes et naucraries, selon un passage de l’AthenaiĂŽn politeia xxi, 5 ; en phratries et gĂ©nĂš, ces derniers au nombre de 360, selon un fragment du mĂȘme ouvrage transmis par plusieurs auteurs tardifs7. 10Les rĂ©formes de l’AlcmĂ©onide ClisthĂšne, en 508/507, mettent en place une nouvelle rĂ©partition de la population en dix phylai, divisĂ©es en trittyes reprĂ©sentant chacune une rĂ©gion diffĂ©rente de l’Attique, et regroupant des dĂšmes, circonscriptions qui deviennent l’unitĂ© de base du systĂšme politique athĂ©nien nous en connaissons environ 140. C’est donc la rĂ©sidence qui dĂ©finit tout d’abord l’affiliation des citoyens, qui seront dĂ©sormais identifiĂ©s par leur dĂ©motique et dont les fils devront ĂȘtre inscrits Ă  dix-huit ans sur le registre du dĂšme paternel pour participer Ă  la vie politique. 8 Sur ce passage, voir derniĂšrement Ismard, 2007 28 sq. 11Les quatre phylai ioniennes perdent tout rĂŽle politique, mais perdurent en tant qu’associations religieuses. Quant aux gĂ©nĂš et aux phratries, l’auteur de l’AthenaiĂŽn politeia prĂ©cise que ClisthĂšne laissa chacun les conserver suivant les traditions des ancĂȘtres » kata ta patria, Ath. Pol. xxi, 68. 9 Voir Benveniste, 1969, tome I 258 Les principales langues anciennes s’accordent Ă  poser l’app ... 10 Voir Daremberg, C. et E. Saglio, 1896 1494-1504 ; Bourriot, 1976 ; Parker, 1996 284 sq., recens ... 12Durant toute l’époque classique, l’appartenance Ă  une phratrie permet de prouver la lĂ©gitimitĂ© de sa naissance et sa citoyennetĂ©. Leurs membres, supposĂ©s descendre d’un mĂȘme ancĂȘtre, se considĂšrent comme frĂšres », pratiquent en commun les cultes d’Apollon PatrĂŽos Ancestral », Zeus Phratrios et AthĂ©na Phratria, et jouent un rĂŽle non nĂ©gligeable dans la cĂ©lĂ©bration d’évĂ©nements majeurs de la vie familiale, tels que la naissance ou le mariage. Les gĂ©nĂš sont plus difficiles Ă  dĂ©finir car le terme, dont les Ă©quivalents latins sont Ă  la fois genus et gens, peut recouvrer des sens trĂšs divers, renvoyant de maniĂšre gĂ©nĂ©rale Ă  l’origine, Ă  la naissance9. Notons que l’on peut qualifier de gĂ©nos, de maniĂšre gĂ©nĂ©rale, une ligne ou un groupe de descendance, les groupes les plus structurĂ©s et les mieux attestĂ©s ayant la particularitĂ© de bĂ©nĂ©ficier de privilĂšges religieux hĂ©rĂ©ditaires, notamment de prĂȘtrises, dans le cadre de cultes ouverts Ă  l’ensemble de la communautĂ© civique voire Ă  tout un chacun, Grec comme Barbare10. Certains hellĂ©nistes ont Ă©galement qualifiĂ© de gĂ©nos un groupe bien dĂ©limitĂ© d’individus descendants d’un mĂȘme ancĂȘtre sur trois gĂ©nĂ©rations, nous y reviendrons. 11 Nos sources mentionnent l’intĂ©gration d’étrangers et d’esclaves affranchis, domiciliĂ©s Ă  AthĂšnes, v ... 12 Voir notamment HĂ©rodote, v, 66, 69 ; Aristote, Ath. Pol., xxi ; Aristote, Politique, vi, 4, 1319b ... 13 Voir Humphreys, 1990 243-248 ; Leduc, 1998 118-120 ; voir Ă©galement Lambert, 2001 59-74. 14 Osborne, 1992 306 ; voir rĂ©cemment Couvenhes et Milanezi, 2007. 13Les rĂ©formes clisthĂ©niennes peuvent ĂȘtre considĂ©rĂ©es comme un nouveau synƓcisme, cautionnĂ© par l’oracle de Delphes, qui renforce la cohĂ©sion de la citĂ© et brise les solidaritĂ©s antĂ©rieures, rĂ©gionales ou socio-Ă©conomiques, en ouvrant le corps civique Ă  un plus grand nombre de personnes, qu’elles soient ou non propriĂ©taires de terre11, et en favorisant le mĂ©lange des populations au sein des nouveaux cadres12. Le dĂšme Ă©tant une unitĂ© dĂ©finie territorialement, des parents ont pu en 508 se retrouver membres de phylai diffĂ©rentes ; de fait, et ce point est Ă©videmment rĂ©vĂ©lateur de la diversification attendue des liens sociaux et cultuels et de leurs multiples recoupements, il nous est donnĂ© de voir par la suite des membres d’un mĂȘme gĂ©nos sacerdotal affiliĂ©s Ă  diffĂ©rentes phylai, et il est Ă©galement possible que certains se retrouvent dispersĂ©s dans diffĂ©rentes phratries13. Comme le remarque Robin Osborne14, c’est bien par ces multiples subdivisions que le dĂȘmos est uni, et l’homogĂ©nĂ©itĂ© de l’ensemble est renforcĂ©e par le fait que, si les groupes que nous venons de passer en revue diffĂšrent par certaines de leurs attributions pensons par exemple au rĂŽle militaire des subdivisions civiques et ne participent pas ainsi de la mĂȘme maniĂšre au fonctionnement des institutions, ils partagent pourtant des caractĂ©ristiques essentielles 15 Voir Osborne, 1992 308 et 316. 14– Leur organisation prĂ©sente de nombreuses similitudes, qui font de chacune de ces associations » une citĂ© en miniature15, avec l’existence de responsables dĂ©signĂ©s hĂ©rĂ©ditaires, Ă©lus ou tirĂ©s ou sort, la gestion de biens propres, des assemblĂ©es rĂ©guliĂšres qui dĂ©battent des affaires courantes et rĂ©glementent la vie interne du groupe
 et l’assurance, bien entendu, d’une solidaritĂ© entre ses membres. 16 Sur ces notions de privĂ© » et public » dans la sphĂšre religieuse, voir Dasen et PiĂ©rart, 2005. 17 Voir de Schutter, 1987 ; Cromney, 2006. 18 Voir Ath. Pol. lv, 3 ; DĂ©mosthĂšne, Contre EuboulidĂšs, 66-69 ; de Schutter, 1987 118, Ne pas con ... 19 BrulĂ©, 2005 ; voir Ă©galement BrulĂ©, 1998. 15– Dans ce monde grec des citĂ©s, la religion est omniprĂ©sente ; il n’est donc pas Ă©tonnant de constater que tous ces groupes possĂšdent par ailleurs une fonction religieuse, assurant le bon accomplissement des rites ancestraux, la transmission ou la rĂ©partition des prĂȘtrises et autres charges religieuses. Les dĂ©motes, phylĂštes, phratĂšres et gennĂštes se retrouvent pĂ©riodiquement pour sacrifier ensemble, unis par la pratique des mĂȘmes cultes et des mĂȘmes rituels, la participation active Ă©tant en elle-mĂȘme une preuve de la qualitĂ© de membre des groupes en question. Ces cultes peuvent ĂȘtre privĂ©s » ou faire partie intĂ©grante des cultes publics », mais, de maniĂšre gĂ©nĂ©rale, chacun de ces groupes, en honorant les dieux qui lui sont propres, est censĂ© assurer la permanence des liens ancestraux qui unissent hommes et dieux et contribuer ainsi Ă  la protection de l’ensemble de la collectivitĂ© civique. De fait, l’opposition privĂ©/public perd de son sens16 lorsque nous constatons que les mĂȘmes dieux peuvent ĂȘtre honorĂ©s par des groupes de nature diffĂ©rente, tel Apollon PatrĂŽos, recevant un culte de la part des phratries, mais aussi de certains gĂ©nĂš ou bien de la citĂ© elle-mĂȘme, lors de grandes fĂȘtes publiques17 ; de mĂȘme, Zeus HerkĂ©ios, protecteur de l’espace familial, reçoit un culte des oikoi et des phratries, mais aussi de gĂ©nĂš, de dĂšmes et de tribus, et de maniĂšre gĂ©nĂ©rale lĂ  encore de la part de la citĂ© dans son ensemble. En ce sens, tout AthĂ©nien participe Ă  un culte d’Apollon PatrĂŽos et de Zeus HerkĂ©ios18, et ces divinitĂ©s, qui relĂšvent du domaine de la famille, de la parentĂ©, sont perçues comme protectrices de la communautĂ© civique elle-mĂȘme, ainsi assimilĂ©e Ă  un groupe de parents. Je cite ici Pierre BrulĂ©, dont je viens de reprendre les analyses19 20 Aristote, Économique, i, 1, 2. Il faut certainement voir dans l’usage qui est fait de ces dieux-ci, prĂ©cisĂ©ment au sein des cercles de sociabilitĂ©, le tĂ©moignage de l’extension de la notion de parentĂ© bien au-delĂ  de la parentĂ© proprement dite. Et que, des personnes de mĂȘme sang Ă  ceux qui partagent le mĂȘme Zeus HerkĂ©ios de l’Acropole, d’autres parentĂ©s se construisent, entre autres raisons parce que la citĂ© est la somme des maisons »20. 16– La cĂ©lĂ©bration de cultes communs nous conduit donc directement Ă  Ă©voquer la dimension parentale, troisiĂšme caractĂ©ristique que partagent tous ces groupes quelles que soient leur origine et leurs modalitĂ©s concrĂštes de recrutement, certains traits, Ă  des degrĂ©s divers, avec plus ou moins de vraisemblance, permettent de les assimiler Ă  des groupes de descendance. C’est toujours la naissance qui dĂ©termine l’appartenance Ă  tel ou tel groupe. Une fois les rĂ©formes clisthĂ©niennes achevĂ©es, un AthĂ©nien devient membre de tel ou tel dĂšme non pas parce qu’il rĂ©side dans ce dĂšme mais parce que son propre pĂšre en Ă©tait dĂ©jĂ  membre, quelle que soit sa rĂ©sidence personnelle. De mĂȘme, il ne devient pas membre d’un gĂ©nos assurant la transmission d’une charge religieuse prestigieuse parce qu’il fait montre d’une piĂ©tĂ© exemplaire Ă  l’égard de la divinitĂ© concernĂ©e, mais parce que son propre pĂšre en Ă©tait dĂ©jĂ  membre. Comme l’appartenance Ă  ces diffĂ©rents groupes se transmettait de pĂšre en fils, et qu’aucune rĂ©organisation civique comparable Ă  celle de ClisthĂšne ne fut mise en place durant les siĂšcles suivants, le temps passant, les lignĂ©es patrilinĂ©aires descendant d’un ancĂȘtre commun ayant vĂ©cu Ă  la fin du VIe siĂšcle partagĂšrent effectivement les mĂȘmes affiliations. 21 Voir la synthĂšse rĂ©cente proposĂ©e par Alain Duplouy sur les noms en -idĂȘs et -adĂȘs, 2010 Je remerc ... 22 Voir, Bourriot, 1976 351, 720. Les membres de ces groupes portent bien souvent des noms renvoyant Ă  un ancĂȘtre commun, un suffixe en -idai ou -adai indiquant la descendance, sans que cela soit systĂ©matique21. Le nom que porte un groupe ne permet donc pas d’identifier sa nature22. 23 Voir Kearns, 1989 85 ; Parker, 1996 120 ; Anderson, 2003 36, 127-134 ; DĂ©mosthĂšne, Oraison fu ... 24 Voir Haussoulier, 1884 4, citĂ© par Leduc, 1998 109 Les groupes instituĂ©s par ClisthĂšne sont ... Nous l’avons dit, Ă  AthĂšnes comme Ă  NakĂŽnĂȘ, Ă  l’instar des groupes qui se dĂ©finissent comme parentaux, les subdivisions créées de toutes piĂšces par la citĂ© rendent un culte aux ancĂȘtres et aux divinitĂ©s protectrices des relations de parentĂ©. Ainsi, les membres de chacune des dix phylai clisthĂ©niennes sont dĂ©signĂ©s collectivement d’un nom construit sur le modĂšle des gentilices, Ă  partir du nom d’un hĂ©ros liĂ© au passĂ© athĂ©nien auquel ils doivent dĂ©sormais rendre un culte, comme si ce hĂ©ros, qualifiĂ© d’archĂȘgĂ©tĂȘs ou d’archĂȘgos, Ă©tait vĂ©ritablement leur ancĂȘtre commun23. Les dĂ©motes, terme dont la construction est similaire Ă  ceux des termes de parentĂ©24, entant que membres d’une subdivision de la phylĂš, sont bien Ă©videmment concernĂ©s par ces dispositions cultuelles. 25 Voir KarabĂ©lias, 2002 201-202, Ă  propos d’IG, ii, 1165 ; Il s’agit d’une inscription de la premiĂš ... Quelques indices laissent penser par ailleurs que ces subdivisions politiques ne sont pas sans jouer un rĂŽle lors des mariages. Un passage de Plutarque Vie de ThĂ©sĂ©e, xiii, 4 indique ainsi que des interdictions de mariage pouvaient exister entre certains dĂšmes, tandis qu’une inscription tĂ©moigne du fait qu’une tribu pouvait veiller Ă  ce que les droits d’une Ă©piclĂšre soient bien respectĂ©s, se substituant ainsi aux parents proches, avec l’ambition probable de vĂ©rifier que la jeune fille trouve Ă©poux au sein mĂȘme de la tribu25. Remarquons d’ailleurs au passage qu’aucun de ces groupes n’est exogame. Une apparente confusion 26 Voir Ustinova, 1996 ; Arnaoutoglou, 2003. 27 Philochore, FGH 328F35a. 28 Voir IsĂ©e ii, 14, 16-17, 45 ; Arnaoutoglou, 2003 96. 29 Voir Bourriot, 1976 484 Voir Bourriot, 1976 484 sq. ; Cromney, 2006 51 sq. 17Tel est le paradoxe auquel nous confrontent les sources grecques l’intervention manifeste de la citĂ© dans la constitution avant tout pour des raisons politiques et religieuses et l’organisation de ses composantes, qui peuvent toutes ĂȘtre considĂ©rĂ©es comme regroupant, du moins Ă  l’origine, des membres sans lien vĂ©ritable de parentĂ©, mais dont l’appartenance se transmet hĂ©rĂ©ditairement, et qui reprennent Ă  leur compte les symboliques et responsabilitĂ©s parentales. Prenons en effet l’exemple de membres d’un autre type d’association, les orgeĂŽnes26. Le terme, dĂ©jĂ  mentionnĂ© dans les lois de Solon, est gĂ©nĂ©ralement dĂ©fini par les lexicographes comme dĂ©signant les membres d’un groupe cultuel, se retrouvant de maniĂšre rĂ©guliĂšre pour sacrifier et banqueter en l’honneur de dieux ou de hĂ©ros. Mais un fragment de Philochore27, transmis par Photios et la Souda, nous apprend Ă©galement que les orgeĂŽnes furent intĂ©grĂ©s dans les phratries, en compagnie des gennĂȘtai, Ă  une date qui reste inconnue, et tout laisse penser que l’appartenance Ă  ces groupes se transmettait de pĂšre en fils28. Les lexicographes nous apprennent d’autre part que les gĂ©nĂš – dont les membres, les gennĂȘtai, auraient donc Ă©tĂ© intĂ©grĂ©s dans les phratries en mĂȘme temps que les orgeĂŽnes – ont, quant Ă  eux, pour fondement non pas l’origine commune de leurs membres, mais sont nĂ©s d’une volontĂ© de rĂ©union, d’association, lĂ  encore, semble-t-il, dans un but cultuel29. La parentĂ© des gennĂȘtai serait donc purement fictive. 30 Voir par exemple Rhodes, 1997, Ă  propos des DĂ©motionides ; Milanezi, 2007, Ă  propos des Icariens. 31 Voir par exemple Bourriot, 1976 1158 sq. À cela s’ajoute bien sĂ»r l’imprĂ©cision des auteurs ancie ... 18Ces similitudes expliquent donc l’extrĂȘme confusion dans laquelle sont plongĂ©s les historiens contemporains lorsqu’il s’agit d’interprĂ©ter la totalitĂ© des donnĂ©es disponibles. En l’absence de connaissances prĂ©cises sur un groupe mentionnĂ© par les sources littĂ©raires ou Ă©pigraphiques, il est en vĂ©ritĂ© pratiquement impossible d’identifier sa nature exacte, ses modalitĂ©s rĂ©elles d’affiliation, et de discerner s’il s’agit d’une subdivision politique, d’une phratrie, d’un gĂ©nos30, ou bien encore d’un oikos puisque ce dernier terme, traduit le plus gĂ©nĂ©ralement par famille », recouvre nĂ©anmoins des rĂ©alitĂ©s trĂšs variĂ©es31. 32 Voir Jones, 1987. 33 Voir Bresson et Debord, 1985. La sungeneia comme subdivision civique est attestĂ©e Ă  Alinda, Kalymna ... 34 Forrest, 1960. 35 Malouchou, 2006. 36 Voir Portulas, 1998 331 La chose la plus raisonnable est d’imaginer un groupe professionnel qu ... 37 Voir par exemple HĂ©rodote, vi, 60 Voici encore une rĂšgle commune aux Égyptiens et aux Spartiate ... 19Ces difficultĂ©s ne concernent pas la seule citĂ© d’AthĂšnes mais se retrouvent d’autant plus dans l’ensemble du monde grec que les noms portĂ©s par les subdivisions civiques diffĂšrent d’une citĂ© Ă  l’autre et appartiennent bien souvent au vocabulaire de la parentĂ©32. Le terme sungeneia peut ainsi, selon les contextes, dĂ©signer la parentĂ© consanguine dans son ensemble, une association de gĂ©nĂš ou une subdivision civique33. À Chios, les tribus Ă©taient subdivisĂ©es en phratries et gĂ©nĂš34. Une inscription trĂšs rĂ©cemment dĂ©couverte dans l’üle35 a ajoutĂ© quelques noms aux gĂ©nĂš dĂ©jĂ  recensĂ©s, parmi lesquels celui des HomĂȘridai, gĂ©nos, bien connu des sources littĂ©raires mais dont c’est la premiĂšre attestation Ă©pigraphique. Selon les lexicographes, ce gĂ©nos des HomĂ©rides regroupait les descendants d’HomĂšre, entant que tels, chargĂ©s d’entretenir la mĂ©moire de leur ancĂȘtre, ou bien dĂ©signait une corporation de rhapsodes s’inscrivant dans la tradition du cĂ©lĂšbre aĂšde, lui-mĂȘme revendiquĂ© comme originaire de Chios. À ces deux explications, qui ne sont bien sĂ»r pas inconciliables36, s’ajoute dĂ©sormais l’identification rĂ©cente comme subdivision civique. Si le cas des HomĂ©rides reste donc problĂ©matique, nous connaissons d’autres corporations qui se transmettaient un savoir, une activitĂ©, de pĂšre en fils37 et Ă©taient donc qualifiĂ©es de gĂ©nĂš, pensons par exemple aux Iamides et aux Clytia des, qui exerçaient la fonction de devins, mais surtout aux AsclĂ©piades, descendants kat’androgeneian, par les hommes, d’AsclĂ©pios, et aux quels Ă©tait traditionnellement rĂ©servĂ©e la profession de mĂ©decin. Voici la dĂ©finition qu’en donne TzetzĂšs 38 TzetzĂšs, Chiliades, 721 sq., citĂ© par Jouanna, 1992 23. Sont appelĂ©s AsclĂ©piades au sens propre du terme ceux dont la lignĂ©e descend de cette origine [ d’AsclĂ©pios], qu’ils soient mĂ©decins ou qu’ils exercent une autre activitĂ©, comme Hippocrate et bien d’autres. Mais tous les mĂ©decins sont dits, par une extension d’emploi abusive, AsclĂ©piades du fait d’un tel art38. 39 Voir Sherwin-White, 1978 257 sq. notamment. En exigeant de l’élĂšve d’une Ă©cole de mĂ©decine qu’il ... 20De fait, nos sources ne nous apportent des renseignements valables qu’à partir du IVe siĂšcle av. et nous voyons alors des mĂ©decins intĂ©grer le groupe des AsclĂ©piades par mariage, et non par filiation, ou bien exercer leur profession sans pour autant se rĂ©fĂ©rer Ă  une ascendance particuliĂšre39. 40 Ou bien encore emploient les expressions de parentĂ© mĂ©taphorique, classificatoire
 21Jusqu’à la fin de l’époque classique, la plupart des groupes auxquels nous confrontent les sources grecques se donnent ainsi Ă  voir comme des groupes de descendance et les historiens, pour essayer d’en rendre compte, ne cessent d’opposer parentĂ© rĂ©elle et parentĂ© fictive40, ou pour le dire autrement, ce qui relĂšverait de la nature Ă  ce qui relĂšverait de constructions sociales et politiques. 41 Voir SaĂŻd, 1986 156 notamment. 22Il faudrait donc comprendre que l’extension Ă  la totalitĂ© du corps civique de ce langage de la parentĂ© » serait purement mĂ©taphorique et aurait pour ambition de mettre l’accent sur l’importance de la solidaritĂ© interne, d’inciter Ă  oublier les dissensions passĂ©es, l’origine rĂ©elle des membres de la communautĂ© civique, les rĂ©organisations que celle-ci a subies, et d’affirmer ainsi les similitudes et l’égalitĂ© de tous les citoyens. Quant Ă  la lecture patrilinĂ©aire des organisations civiques et sociales, elle pourrait ĂȘtre rapprochĂ©e de tout un ensemble de discours et de normes, dans les domaines parentaux, religieux et politiques, au moyen desquels la citĂ© s’affiche comme un club d’hommes ». Cet usage politique de la parentĂ© trouve une illustration manifeste dans la RĂ©publique de Platon la gĂ©nĂ©ralisation Ă  l’ensemble des membres de la citĂ© du vocabulaire de la parentĂ©, la communautĂ© des femmes et des enfants, le recours Ă  un mythe d’autochtonie et donc d’une origine commune Ă  tous les citoyens, ont pour ambition de crĂ©er une citĂ© aussi unie et harmonieuse que possible, oĂč chacun agira envers les autres en respectant les obligations sociales et religieuses de la parentĂ©. Mais bien Ă©videmment le projet platonicien considĂšre cette parentĂ© comme aussi rĂ©elle et concrĂšte que celle fondĂ©e sur les relations naturelles de procrĂ©ation. Dans la citĂ© imaginĂ©e par Platon comme Ă  NakĂŽnĂš d’ailleurs, il ne s’agit pas d’opposer le vrai au faux, mais de construire de nouvelles relations qui feraient de la communautĂ© civique une seule et mĂȘme famille. Ce n’est pas tant Ă  un usage mĂ©taphorique de la parentĂ© que nous avons affaire, qu’à l’affirmation de la valeur performative du langage de la parentĂ©41. Pour aller plus loin dans nos analyses, il nous faut donc Ă©tudier les reprĂ©sentations grecques de la parentĂ©. Une communautĂ© de sang et de dieux 23Au premier abord, les reprĂ©sentations grecques de la parentĂ© reposent sur la reconnaissance d’évidences naturelles et de l’importance accordĂ©e Ă  la communautĂ© d’origine sungeneia, d’autant plus consĂ©quente qu’elle est proche. FondĂ©es tout d’abord sur la procrĂ©ation et la transmission de substances identitaires, les relations de parentĂ© s’inscrivent dĂšs lors dans une continuitĂ© matĂ©rielle, formelle et spirituelle entre parents et enfants et suscitent cette solidaritĂ© sans faille, exemplaire, qui s’impose comme modĂšle dans la citĂ©. 42 Voir Wilgaux, 2006 339-342. 24Insistons bien sur le fait que tout engendrement Ă©tablit nĂ©cessairement une relation de parentĂ©, une parentĂ© naturelle, de sang, crĂ©atrice d’obligations tout aussi strictes que la parentĂ© lĂ©gitime sur des points essentiels un enfant non reconnu ou bien ayant Ă©tĂ© adoptĂ© dans une autre famille doit respecter ses parents naturels, ne faire preuve d’aucune violence Ă  leur Ă©gard et s’abstenir de toute relation sexuelle et bien sĂ»r matrimoniale avec eux42. 43 Sans entrer dans les dĂ©tails, indiquons que l’enfant partage le sang de la mĂšre du fait de la gest ... 44 Ibid. 343-346. 45 Voir notamment Grmek, 1991 18-23 ; Ayache, 2002. 25Se reconnaissent donc comme parents ceux qui se revendiquent d’une mĂȘme origine, et plus particuliĂšrement ceux qui partagent le mĂȘme sang43, la parentĂ© diminuant avec la distance gĂ©nĂ©alogique ; mais il faut tout aussitĂŽt ajouter que cette premiĂšre dĂ©finition s’inscrit dans un ensemble de reprĂ©sentations bien diffĂ©rentes des nĂŽtres. Notons par exemple que de nombreux textes indiquent que la transmission et le partage de substances identitaires ne se limitent pas aux relations entre ascendants et descendants, mais se produisent Ă©galement au sein du mariage, de l’union des corps, impliquant une sorte d’assimilation des conjoints44. Les Grecs croyaient par ailleurs Ă  l’hĂ©rĂ©ditĂ© de l’acquis45 un homme transmet Ă  son enfant des caractĂ©ristiques physiques et psychologiques dont il a lui-mĂȘme hĂ©ritĂ©, mais cette transmission tient compte des modifications qu’il a subies au cours de son existence. 46 Voir les remarques de Viveiros de Castro, 2004. 47 Voir Platon, Les Lois, v, 729c Quelqu’un qui honore et rĂ©vĂšre la famille et la communautĂ© de tou ... 48 Voir BrulĂ©, 1998 321. 26En fait, ce qui relĂšve de la nature », selon les Grecs, est selon nos propres critĂšres tout Ă  la fois donnĂ© et construit, tandis que ce qui provient des lois peut ĂȘtre naturalisĂ© », incorporĂ© par l’effet des rituels, des mariages et des naissances46. L’indissociation du parental et du religieux dans le monde grec est en effet de ce point de vue particuliĂšrement significative tout acte cultuel perpĂ©tue kata ta patria les relations tissĂ©es par une communautĂ© d’hommes et de dieux et s’inscrit ainsi dans une gĂ©nĂ©alogie commune qui concerne aussi bien les ascendants que les descendants. La sungeneia, pour reprendre les mots de Platon, est bien une communautĂ© de sang et de dieux47 et chacun entretient avec les dieux un rapport spĂ©cifique, liĂ© Ă  son histoire, Ă  ses ancĂȘtres, qui lĂ©gitime la maĂźtrise de compĂ©tences particuliĂšres, par exemple dans le domaine de la divination, de la mĂ©decine, ou qui rendent aptes Ă  exercer une prĂȘtrise. Bref, l’acte cultuel s’inscrit dans une hĂ©rĂ©ditĂ© et, s’accompagnant de pratiques de sociabilitĂ© et de commensalitĂ© qui renforce le sentiment de communautĂ© des participants, il participe Ă©galement de la redĂ©finition du groupe parental48. 27Dans un article publiĂ© rĂ©cemment, BrulĂ© a dĂ©montrĂ© cette apprĂ©hension religieuse de la parentĂ© en Ă©tudiant la façon dont Zeus, par l’intermĂ©diaire de ses Ă©piclĂšses, sert Ă  dire le “parental” dans la culture grecque, une certaine idĂ©e du “parental” » 2006 97. Il remarque ainsi que les listes d’épiclĂšses proposĂ©es par les sources littĂ©raires ou Ă©pigraphiques classent dans la mĂȘme catĂ©gorie des termes qui pour nous relĂšvent Ă  proprement parler du domaine de la parentĂ© PatrĂŽos, Sunaimos, GĂ©nĂ©thlios
, mais sont Ă©galement en relation avec la richesse domestique HerkĂ©ios, KtĂšsios, et associent de maniĂšre gĂ©nĂ©rale trĂšs Ă©troitement solidaritĂ© parentale et solidaritĂ© religieuse. 49 Voir Schmitt Pantel, 1997. 28Une double dĂ©finition de la parentĂ© est ainsi prĂ©sente dans les sources grecques antiques Ă  cĂŽtĂ© de la parentĂ© fondĂ©e sur la procrĂ©ation, coexiste une parentĂ© fondĂ©e cette fois-ci sur l’importance accordĂ©e Ă  la dimension identitaire de la religion et de la commensalitĂ©, et donc aux pratiques cultuelles, aux sacrifices et banquets communs49, des actes qui justifient d’autant plus l’emploi du vocabulaire de la parentĂ© qu’ils s’inscrivent dans le cadre de cultes honorant des ancĂȘtres ou des divinitĂ©s protectrices de la famille et de la parentĂ©. 50 Voir Salazar, 2005. 29Pour tenter de rendre compte de l’ensemble de ces donnĂ©es, nous pouvons les rapprocher des analyses que David Schneider 1980 a consacrĂ©es Ă  la culture amĂ©ricaine. Selon ce dernier, en effet, les symboles de la parentĂ© amĂ©ricaine opposent nature et loi, substances biogĂ©nĂ©tiques et codes de conduite, survalorisant les relations par le sang aux dĂ©pens des liens matrimoniaux et adoptifs. Ce sont tout d’abord les relations fondĂ©es sur la naissance qui s’accompagnent d’une solidaritĂ© diffuse et durable diffuse dans le sens oĂč elle n’est pas orientĂ©e vers un but spĂ©cifique, mais gĂ©nĂ©ral ; durable dans le sens oĂč elle n’est pas limitĂ©e dans le temps, tandis que les relations relevant de l’ordre de la loi restent temporaires et aliĂ©nables50. Mais, dans un article publiĂ© en 1969, David Schneider note que ces diffĂ©rents Ă©lĂ©ments se retrouvent dans la dĂ©finition de la nationalitĂ© et de la religion, deux domaines Ă©galement apprĂ©hendĂ©s par les cultures occidentales en tant que systĂšmes de solidaritĂ© diffuse et durable, distinguant substances naturelles et codes de conduite. Une reprĂ©sentation avant tout biogĂ©nĂ©tique des relations entre parents et enfants ne permet donc pas d’affirmer de maniĂšre catĂ©gorique le caractĂšre spĂ©cifique et indĂ©pendant du domaine de la parentĂ© dans une culture donnĂ©e. En nous inspirant de l’approche culturelle prĂ©conisĂ©e par David Schneider, nous pourrions dire que, dans le monde grec, il ne s’agit donc pas tant d’opposer parentĂ© rĂ©elle et parentĂ© mĂ©taphorique, que de remarquer que l’apprĂ©hension des groupes et des relations, quelle que soit leur nature, use d’une mĂȘme symbolique, reconnaissant comme parents ceux qui partagent la mĂȘme origine ainsi que les mĂȘmes cultes. Adoption, filiation et alliance 30Mais il nous faut encore ajouter un troisiĂšme Ă©lĂ©ment de dĂ©finition, et pour cela j’évoquerai le cas des adoptions et de ce que nous appelons nous-mĂȘmes les naturalisations ». Lorsqu’il s’agit de dĂ©signer les descendants immĂ©diats d’un citoyen, trois catĂ©gories sont distinguĂ©es dans les sources athĂ©niennes les nothoi, les gnĂȘsioi et les poiĂȘtoi. 51 Voir Etymologicum Gudianum, nothos, gnĂȘsios men kaleitai, ho ek nomimĂŽn gamĂŽn ; nothos de ... 52 Voir Zonaras ; Michel Italikos, Lettre 35, citant Aristophane de Byzance Il appelle gnĂȘsio ... 53 Pourquoi, dans certains tribunaux, prononce-t-on plutĂŽt en fonction des degrĂ©s de parentĂ© genesi... 54 Trad. F. Durrbach, Paris, Belles Lettres CUF, 1956 48. 31Les lexicographes dĂ©finissent le plus souvent les deux premiers termes en les opposant les gnĂȘsioi sont nĂ©s d’un mariage conforme aux lois ek nomimĂŽn gamĂŽn, tandis que les nothoi ont Ă©tĂ© conçus hors mariage concubinat – ek pallakidos –, ou adultĂšre51. Les poiĂȘtoi sont lĂ©gitimes tout comme les gnĂȘsioi, mais cette lĂ©gitimitĂ© provient d’une adoption kata poiĂȘsin, thesei et non de liens naturels kata gĂ©nos, phusei. À la diffĂ©rence des poiĂȘtoi, les gnĂȘsioi sont nĂ©cessairement homaimoi, de mĂȘme sang »52, et de ce fait les deux catĂ©gories ne sauraient ĂȘtre assimilĂ©es, d’autant plus que nos sources tĂ©moignent d’une nette prĂ©fĂ©rence envers les liens de naissance. Dans un plaidoyer, IsĂ©e 1, 41-43 nous indique ainsi que les jurĂ©s athĂ©niens pouvaient privilĂ©gier les hĂ©ritiers de naissance aux hĂ©ritiers testamentaires, information que reprend un passage des ProblĂȘmata 29, 3, 950b5-8 attribuĂ©s Ă  Aristote53. Mais citons ici Lycurgue Discours contre LĂ©ocrate, 4854 On n’aime pas de la mĂȘme affection son propre pĂšre et un pĂšre adoptif tous phusei gennĂȘsantas kai tous poiĂȘtous tĂŽn paterĂŽn de mĂȘme, une patrie Ă  laquelle nous ne sommes pas rattachĂ©s par la naissance phusei, mais que nous avons acquise sur le tard epiktĂȘtous, ne nous inspire pas la mĂȘme tendresse. 32Le parallĂšle effectuĂ© par Lycurgue entre adoption et octroi du droit de citĂ© est d’autant plus justifiĂ© que les deux procĂ©dures relĂšvent en grec du champ sĂ©mantique de la poiĂȘsis crĂ©ation, fabrication et que dans les deux cas le nouveau membre ne dispose pas des mĂȘmes droits que ceux qui le sont du fait de leur naissance. 55 Voir notamment Rubinstein, 1993. 33Concernant l’adoption55, sans entrer dans le dĂ©tail de l’ensemble des restrictions existantes, en fonction des procĂ©dures lĂ©gales choisies lors d’une adoption testamentaire, par exemple, et contrairement Ă  l’adoption entre vifs, l’adoptĂ© ne devient pas automatiquement l’hĂ©ritier de l’adoptant Ă  la mort de ce dernier, les limites les plus importantes apportĂ©es au droit des adoptants et des adoptĂ©s sont les suivantes 56 Par contre, si l’adoptant donne naissance Ă  un fils lĂ©gitime aprĂšs avoir adoptĂ©, cette adoption ne ... nulle adoption ne peut ĂȘtre autorisĂ©e en prĂ©sence d’un fils lĂ©gitime, d’un gnĂȘsios, dont les droits naturels sont ainsi protĂ©gĂ©s56. L’adoptĂ©e doit obligatoirement ĂȘtre nĂ©e dans le cadre d’un mariage lĂ©gitime entre membres de la communautĂ© civique. L’adoption ne peut ĂȘtre un moyen de lĂ©gitimer un nothos ou d’octroyer la citoyennetĂ© Ă  un Ă©tranger. 57 Voir IsĂ©e, vii, 25. Une femme ne peut adopter car la relation maternelle ne peut ĂȘtre modifiĂ©e par l’adoption57 la mĂšre d’un adoptĂ© est bien sa mĂšre naturelle », et non l’épouse de l’adoptant un cĂ©libataire peut d’ailleurs adopter. Seuls les liens paternels sont donc concernĂ©s. 58 Cette restriction semble pouvoir ĂȘtre datĂ©e du IVe siĂšcle, voir Cox, 1983 34 ; en l’absence de fi ... 59 Voir KarabĂ©lias, 2002 67-68 ; Ă  comparer avec Philon, Legatio ad Gaium, 23. Un adoptĂ© ne peut adopter lui-mĂȘme pour transmettre l’oikos dont il est dĂ©sormais responsable. En consĂ©quence, son devoir est d’engendrer un fils lĂ©gitime58. Il semble par ailleurs qu’un adoptĂ© ne bĂ©nĂ©ficie pas des mĂȘmes droits qu’un fils lĂ©gitime Ă  l’égard des ascendants et collatĂ©raux de son pĂšre adoptif59. Si l’on en croit le Contre Spoudias de DĂ©mosthĂšne, une adoption peut ĂȘtre rompue en cas de brouille entre les deux parties, mettant fin ainsi Ă  toute relation entre l’adoptant et l’adoptĂ©, Ă  la diffĂ©rence d’une relation naturelle » qui prĂ©serve certaines obligations. 60 Discours, ÉginĂ©tique », 46 ; trad. G. Mathieu et E. BrĂ©mond, Paris, Belles Lettres CUF, 2007 ... Enfin, constatons que dans nos sources du IVe siĂšcle, la relation de parentĂ© entre l’adoptĂ© et l’adoptant est connue avec certitude dans 25 cas sur 36 adoptions attestĂ©es et qu’il s’agit toujours de parents par les femmes 4 affins, 21 consanguins par les femmes, comme si la relation adoptive ne pouvait ĂȘtre que construite sur une relation de consanguinitĂ© prĂ©existante ou, dans le cas d’adoption d’affins, comme si l’on cherchait Ă  introduire, conformĂ©ment aux lois, un fils dans sa famille, [d’une maison oĂč on] avait cherchĂ© Ă  avoir des fils par le sang phusei », pour reprendre les mots d’un orateur attique Isocrate 1960. 61 La procĂ©dure est peu frĂ©quente et trĂšs contrĂŽlĂ©e ; nos sources ne sont bien Ă©videmment pas exhausti ... 62 [DĂ©mosthĂšne], Contre Nééra, 92 trad. L. Gernet, Paris, Belles Lettres CUF, 1960 99 Vous v ... 63 Voir Osborne, 1981-1983, tome iv 176 sq. ; voir Ă©galement Lambert, 2001 53 ; S. C. Humphreys 2 ... 34L’étranger qui accĂšde Ă  la citoyennetĂ© athĂ©nienne61 se voit Ă©galement accorder des droits restreints, puisqu’il ne peut exercer une prĂȘtrise ou accĂ©der Ă  l’archontat, charges qui seront cependant accessibles Ă  ses descendants lĂ©gitimes dĂšs la gĂ©nĂ©ration suivante62. Par ailleurs, Ă  partir des annĂ©es 330, l’inscription dans certaines phratries semble avoir Ă©tĂ© interdite aux nouveaux citoyens, pour des motifs lĂ  encore sans aucun doute essentiellement religieux63. 35Ce n’est donc qu’à la gĂ©nĂ©ration suivante que le fils lĂ©gitime d’un adoptĂ© ou d’un nouveau citoyen, nĂ© lui-mĂȘme d’une AthĂ©nienne, peut prĂ©tendre Ă  l’intĂ©gralitĂ© de ses droits familiaux, politiques, religieux, comme s’il fallait qu’un mariage puis une naissance valident dĂ©finitivement l’acte lĂ©gal. C’est un tĂ©moignage parmi d’autres de la primautĂ© accordĂ©e aux relations relevant tout Ă  la fois de la nature et de la loi, aux dĂ©pens de celles qui ne procĂšdent que de la loi, mais c’est aussi un tĂ©moignage de l’importance du mariage dans la constitution des solidaritĂ©s et des groupes. 36L’adoptĂ© et le nouveau citoyen voient en effet leurs droits pleinement reconnus par un mariage au sein de leur nouvelle communautĂ©, un mariage avec la fille de l’adoptant dans le premier cas, un mariage avec une AthĂ©nienne dans le second, tandis que le nothos, parent par le sang, voit sa position d’autant plus dĂ©valorisĂ©e qu’il est disqualifiĂ© d’un point de vue matrimonial et ne peut espĂ©rer Ă©pouser dans la catĂ©gorie des gnĂȘsioi. 64 Voir notamment Cox, 1983. 37Il est ici fondamental de comprendre que dans le monde grec, et sur ce point les sources athĂ©niennes sont particuliĂšrement Ă©loquentes, entrer dans l’un des groupes que nous Ă©tudions, c’est en fait intĂ©grer une communautĂ© matrimoniale dont les contours ne coĂŻncident pas nĂ©cessairement avec ceux dĂ©terminĂ©s par la filiation. Nous pouvons dire que les mariages permettent de renforcer et de perpĂ©tuer les liens de parentĂ© prĂ©existants, mais ces liens sont eux-mĂȘmes façonnĂ©s par les mariages prĂ©cĂ©dents il a par exemple Ă©tĂ© notĂ© par les hellĂ©nistes travaillant sur les stratĂ©gies matrimoniales au sein des Ă©lites athĂ©niennes, qu’un mariage unit non pas deux lignages, mais deux oikoi, c’est-Ă -dire concrĂštement deux individus64, de sorte que les solidaritĂ©s parentales sont constamment redĂ©finies Ă  chaque gĂ©nĂ©ration, tandis que, du fait de la frĂ©quence des mariages entre proches, la distinction entre consanguins et affins s’estompe, les affins devenant des consanguins, les consanguins des affins. 65 Voir [DĂ©mosthĂšne] 43, Contre Macartatos. 38Au IVe siĂšcle, les arguments dĂ©veloppĂ©s par un AthĂ©nien, SĂŽsithĂ©os, revendiquant dans un procĂšs le patrimoine d’un parent nommĂ© Hagnias, sont bien rĂ©vĂ©lateurs de cette importance des choix matrimoniaux65 SĂŽsithĂ©os insiste en effet sur le fait que la communautĂ© d’origine ne doit pas ĂȘtre la seule Ă  ĂȘtre prise en compte, mais qu’il faut tenir compte des comportements de chacun. Ainsi, alors que les membres de la lignĂ©e de son adversaire, ThĂ©opompe, ont choisi une sĂ©pulture sĂ©parĂ©e, des noms qui leur sont propres et ont Ă©pousĂ© des femmes en dehors de la parentĂ©, la lignĂ©e de SĂŽsithĂ©os reste liĂ©e Ă  celle d’Hagnias par une sĂ©pulture commune, des noms communs et des mariages rĂ©alisĂ©s au sein de la parentĂ©. Selon cette argumentation, les plus proches parents sont ceux qui sont liĂ©s par les hommes comme par les femmes. La valorisation des mariages entre proches parents s’inscrit toujours dans cette conception selon laquelle le mariage est plus qu’un Ă©change de femmes et crĂ©e en fait une communautĂ© de destin ; le mariage entre consanguins est donc nĂ©cessaire pour que les liens Ă©tablis ne se dispersent pas et ne se perdent pas au fil des gĂ©nĂ©rations. Constatation relevant de l’évidence pour les historiens d’époques postĂ©rieures ou pour les anthropologues, mais elle est quelque peu nĂ©gligĂ©e par les hellĂ©nistes, faute de sources les groupes de descendance ne doivent pas ĂȘtre considĂ©rĂ©s comme des rĂ©alitĂ©s figĂ©es, mais sont au contraire constamment recomposĂ©s par des pratiques sociales ne relevant pas exclusivement de la filiation. 66 Voir par exemple IsĂ©e, Sur la succession de Kiron, 15-16 ; Plutarque, Vie de PĂ©riclĂšs, 33, 1. 67 Voir Ferguson, 1938 50-52 ; Oliver, 1980 ; Bourriot, 1976 106-107, 364, 1286, 1323-1324, 1344-1 ... 39À l’époque classique, les sources littĂ©raires dĂ©montrent d’ailleurs que les hommes peuvent se revendiquer tout autant de leur ascendance maternelle que de leur ascendance paternelle, et que les identitĂ©s et pratiques religieuses se transmettaient de maniĂšre gĂ©nĂ©rale par les hommes comme par les femmes66. Aux Ă©poques hellĂ©nistique et romaine, nous constatons que des citoyens athĂ©niens pouvaient appartenir Ă  diffĂ©rents gĂ©nĂš, sans que nous sachions toujours s’il s’agit d’appartenances successives ou simultanĂ©es, et des prĂȘtrises changent demain, passant d’un gĂ©nos Ă  un autre, ce qui ne peut guĂšre s’expliquer qu’en supposant la possibilitĂ© d’une transmission par les femmes67. Il est possible que les rĂšgles de succession et d’affiliation se soient modifiĂ©es avec le temps, mais, comme nous l’avons vu dans le cas des AsclĂ©piades, l’affirmation d’une filiation kat’androgeneian n’empĂȘche pas l’introduction de nouveaux membres par mariage. 68 Voir notamment Bourriot, 1976 224 sq., 1172, 1371-1372, notamment p. 229 On peut donc conclur ... 69 Voir Wilgaux, 2010. 40Mais l’exemple le plus Ă©loquent de cette importance du mariage dans la construction des identitĂ©s et des solidaritĂ©s sociales est sans aucun doute celui de l’anchisteia, le groupe des proches parents. Les plaidoyers attiques, comme des sources philosophiques retraçant le processus de formation des citĂ©s, nous dĂ©crivent cet ensemble comme un groupe de descendance s’étendant sur trois gĂ©nĂ©rations Ă  partir d’un aĂŻeul commun, ce qui n’a pas Ă©tĂ© sans abuser les historiens contemporains, qui l’identifiĂšrent Ă  l’un des sens de gĂ©nos, nous l’avons vu, et lui donnĂšrent ainsi une connotation patrilinĂ©aire68. Ce groupe des plus proches parents, successibles les plus immĂ©diats d’Ego, mais dont les responsabilitĂ©s dĂ©passent la seule dĂ©volution des biens – Ă©galement dĂ©fini par nos sources comme une unitĂ© cultuelle, bien entendu – doit ĂȘtre en fait interprĂ©tĂ© comme une parentĂšle Ă©gocentrĂ©e, reconnaissant les relations par les hommes comme par les femmes, mais marquĂ©e par une asymĂ©trie fondamentale, puisque les rĂšgles de succession avantagent clairement les preneurs de femmes aux dĂ©pens des donneurs. C’est dĂšs lors en tenant compte de ce rapport d’échange, et des solutions choisies pour en inverser les consĂ©quences, que les stratĂ©gies de reproduction athĂ©niennes doivent ĂȘtre analysĂ©es, dans un contexte gĂ©nĂ©ral marquĂ© par la volontĂ© clairement affichĂ©e par les hommes d’épouser des femmes de rang Ă©gal ou supĂ©rieur69. Dans un systĂšme caractĂ©risĂ© par sa fluiditĂ© et ses recompositions constantes, les affiliations et les dynamiques sociales accordent donc Ă  l’alliance un rĂŽle aussi important que celui, clairement apparent, dĂ©volu Ă  la filiation. Conclusion 41Toutes les donnĂ©es exposĂ©es depuis le dĂ©but de notre analyse dĂ©montrent Ă  l’envi que la citĂ© d’AthĂšnes ne correspond guĂšre au modĂšle lignager segmentaire, mais s’interprĂšte davantage en termes de rĂ©seaux, les citoyens Ă©tant liĂ©s les uns aux autres par des mariages et des relations trĂšs diverses, du fait des affiliations multiples et des recoupements des nombreux groupes de sociabilitĂ©. Les reprĂ©sentations de la parentĂ© sont Ă©galement plus complexes qu’il n’apparaĂźt au premier abord. L’idĂ©ologie politique athĂ©nienne ne repose pas sur la seule affirmation d’une origine commune cette solidaritĂ© diffuse et durable, pour reprendre les termes employĂ©s par D. Schneider, qui s’énonce dans le langage de la parentĂ©, se crĂ©e tout d’abord par la naissance, mais aussi et tout autant par la participation aux mĂȘmes rituels et par des alliances matrimoniales les deux Ă©tant prĂ©sentĂ©s dans nos sources comme permettant de renouer des liens de parentĂ© distendus. En usant du langage de la parentĂ©, il ne s’agit donc pas de plaquer une rĂ©alitĂ© sur une autre, mais de construire une relation perçue comme relevant tout Ă  la fois de la nature et des conventions. De ce point de vue, une citĂ©, communautĂ© politique et religieuse, doit assurĂ©ment ĂȘtre Ă©galement considĂ©rĂ©e comme une communautĂ© parentale, et il en est de mĂȘme de chacune de ses subdivisions, lesquelles constituent Ă  l’époque classique des foyers de sociabilitĂ© intense, au sein desquels les fils succĂšdent aux pĂšres et les mariages se nouent, renforçant ou remodelant ainsi les liens de solidaritĂ© fondĂ©s sur le partage du mĂȘme sang et des mĂȘmes rituels. Bibliographie RĂ©fĂ©rences bibliographiques Greg Anderson, 2003. The Athenian Experiment. Building an Imagined Political Community in Ancient Attica. Ann Arbor, The University of Michigan Press 508-490. Arnaoutoglou, Ilias N., 2003. Thusias heneka kai sunousias. Private religious associations in Hellenistic Athens. Athens, Academy of Athens. Ayache, Laurent, 2002. MacrocĂ©phales le retour du naturel ? », in A. Thivel et A. Zucker dir., Le normal et le pathologique dans la Collection hippocratique. 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Morgan, reprenant les termes antiques de phratrie, tribu, gens dans le sens de patriclan, agnat, cognat, pour rendre compte des sociĂ©tĂ©s non europĂ©ennes. 2 Voir Bourriot, 1976 ; Roussel, 1976 ; ainsi que le bilan historiographique proposĂ© par Schneider, 1991-1992. 3 Éd. I. Hadot, 1996 357, trad. J. W. 4 Loraux, 1997 202 sq., avec une traduction française p. 223 sq. ; pour un commentaire rĂ©cent de l’inscription, avec une mise Ă  jour bibliographique, voir Lupu, 2005, n° 26. 5 Voir Loraux, 1997 230-231. 6 Terme gĂ©nĂ©ralement traduit par tribus ». 7 Fragment 3, Belles Lettres CUF ; il est prĂ©cisĂ© que chaque gĂ©nos comportait 30 hommes. 8 Sur ce passage, voir derniĂšrement Ismard, 2007 28 sq. 9 Voir Benveniste, 1969, tome I 258 Les principales langues anciennes s’accordent Ă  poser l’appartenance Ă  une mĂȘme “naissance” comme fondement d’un groupe social. » 10 Voir Daremberg, C. et E. Saglio, 1896 1494-1504 ; Bourriot, 1976 ; Parker, 1996 284 sq., recense Ă  AthĂšnes 80 gĂ©nĂš 47 certains, 33 douteux. 11 Nos sources mentionnent l’intĂ©gration d’étrangers et d’esclaves affranchis, domiciliĂ©s Ă  AthĂšnes, voir Aristote, Politique, iii, 2, 1275b 36-37. 12 Voir notamment HĂ©rodote, v, 66, 69 ; Aristote, Ath. Pol., xxi ; Aristote, Politique, vi, 4, 1319b 19 sq. 13 Voir Humphreys, 1990 243-248 ; Leduc, 1998 118-120 ; voir Ă©galement Lambert, 2001 59-74. 14 Osborne, 1992 306 ; voir rĂ©cemment Couvenhes et Milanezi, 2007. 15 Voir Osborne, 1992 308 et 316. 16 Sur ces notions de privĂ© » et public » dans la sphĂšre religieuse, voir Dasen et PiĂ©rart, 2005. 17 Voir de Schutter, 1987 ; Cromney, 2006. 18 Voir Ath. Pol. lv, 3 ; DĂ©mosthĂšne, Contre EuboulidĂšs, 66-69 ; de Schutter, 1987 118, Ne pas connaĂźtre Apollon PatrĂŽos, c’est n’ĂȘtre pas AthĂ©nien ». 19 BrulĂ©, 2005 ; voir Ă©galement BrulĂ©, 1998. 20 Aristote, Économique, i, 1, 2. 21 Voir la synthĂšse rĂ©cente proposĂ©e par Alain Duplouy sur les noms en -idĂȘs et -adĂȘs, 2010 Je remercie l’auteur de m’avoir permis de consulter cet article avant sa parution. 22 Voir, Bourriot, 1976 351, 720. 23 Voir Kearns, 1989 85 ; Parker, 1996 120 ; Anderson, 2003 36, 127-134 ; DĂ©mosthĂšne, Oraison funĂšbre, 27-31. L’archĂȘgĂȘtis par excellence de la citĂ© est AthĂ©na elle-mĂȘme. 24 Voir Haussoulier, 1884 4, citĂ© par Leduc, 1998 109 Les groupes instituĂ©s par ClisthĂšne sont, comme ceux dont ils prennent la suite, des groupes hĂ©rĂ©ditaires et solidaires. Mais, organisĂ©s sur des bases territoriales, ce sont, pour parler comme G. Balandier, des groupes de parentĂ© fictive, des pseudo-parentĂ©s. Ce n’est donc pas un hasard si, comme le remarquait autrefois B. Haussoulier, le terme demotĂšs, qui dĂ©signe le membre du dĂšme, est construit avec le gĂ©nitif, comme tous les termes qui impliquent un rapport de parentĂ©. » 25 Voir KarabĂ©lias, 2002 201-202, Ă  propos d’IG, ii, 1165 ; Il s’agit d’une inscription de la premiĂšre moitiĂ© du IIIe siĂšcle av. 26 Voir Ustinova, 1996 ; Arnaoutoglou, 2003. 27 Philochore, FGH 328F35a. 28 Voir IsĂ©e ii, 14, 16-17, 45 ; Arnaoutoglou, 2003 96. 29 Voir Bourriot, 1976 484 Voir Bourriot, 1976 484 sq. ; Cromney, 2006 51 sq. 30 Voir par exemple Rhodes, 1997, Ă  propos des DĂ©motionides ; Milanezi, 2007, Ă  propos des Icariens. 31 Voir par exemple Bourriot, 1976 1158 sq. À cela s’ajoute bien sĂ»r l’imprĂ©cision des auteurs anciens, qui peuvent qualifier un mĂȘme groupe de gĂ©nos, de phratrie, ou bien encore de phylĂȘ selon les passages. 32 Voir Jones, 1987. 33 Voir Bresson et Debord, 1985. La sungeneia comme subdivision civique est attestĂ©e Ă  Alinda, Kalymna, Labraunda, Mylasa et Olymos, voir Jones, 1987. 34 Forrest, 1960. 35 Malouchou, 2006. 36 Voir Portulas, 1998 331 La chose la plus raisonnable est d’imaginer un groupe professionnel qui instruisait d’autres professionnels en se les annexant, et en Ă©tablissant souvent avec eux des liens de famille ; ce qui aurait permis sans aucun doute au scholiaste de Pindare d’affirmer que les HomĂ©rides “relevaient d’HomĂšre par la lignĂ©e”. Cette situation Ă©tait favorable Ă  ce que la corporation rendĂźt un hommage religieux Ă  son Ă©ponyme. » Voir Ă©galement Ferreri, 2004. 37 Voir par exemple HĂ©rodote, vi, 60 Voici encore une rĂšgle commune aux Égyptiens et aux Spartiates chez eux, les hĂ©rauts, les joueurs de flĂ»te et les cuisiniers succĂšdent dans leur mĂ©tier Ă  leur pĂšre ; le flĂ»tiste est nĂ© d’un flĂ»tiste, le cuisinier d’un cuisinier, le hĂ©raut d’un hĂ©raut. Une belle voix ne permet pas de prendre la place d’un hĂ©raut les fils exercent la profession paternelle, c’est ainsi. » trad. A. Barguet, Paris, Gallimard, 1964. Voir Ă©galement Gernet et Boulanger, 1970 75, il est caractĂ©ristique que le nom de bien des gentes sacrĂ©es les dĂ©signe Ă  l’origine comme des corporations, et d’une façon gĂ©nĂ©rale, on peut dire que ce sont ces derniĂšres qui se sont organisĂ©es en gentes c’est-Ă -dire en groupes de descendance agnatique et non pas des gentes dĂ©jĂ  constituĂ©es qui ont assumĂ© des fonctions religieuses ». 38 TzetzĂšs, Chiliades, 721 sq., citĂ© par Jouanna, 1992 23. 39 Voir Sherwin-White, 1978 257 sq. notamment. En exigeant de l’élĂšve d’une Ă©cole de mĂ©decine qu’il se comporte Ă  l’égard de son maĂźtre et des fils de ce dernier, respectivement comme un fils et un frĂšre, le serment d’Hippocrate 5-7 rĂ©vĂšle le caractĂšre fictif de cette communautĂ© parentale. 40 Ou bien encore emploient les expressions de parentĂ© mĂ©taphorique, classificatoire
 41 Voir SaĂŻd, 1986 156 notamment. 42 Voir Wilgaux, 2006 339-342. 43 Sans entrer dans les dĂ©tails, indiquons que l’enfant partage le sang de la mĂšre du fait de la gestation, comme le sang du pĂšre le sperme Ă©tant gĂ©nĂ©ralement considĂ©rĂ© comme un dĂ©rivĂ© du sang, voir Wilgaux, 2006. 44 Ibid. 343-346. 45 Voir notamment Grmek, 1991 18-23 ; Ayache, 2002. 46 Voir les remarques de Viveiros de Castro, 2004. 47 Voir Platon, Les Lois, v, 729c Quelqu’un qui honore et rĂ©vĂšre la famille et la communautĂ© de tous ceux qui ont les mĂȘmes dieux et dans les veines de qui coule le mĂȘme sang peut raisonnablement compter sur la bienveillance des dieux qui prĂ©sident Ă  la famille pour la procrĂ©ation de ses propres enfants » trad. L. Brisson et J. -F. Pradeau, Paris, Flammarion-GF, 2006. 48 Voir BrulĂ©, 1998 321. 49 Voir Schmitt Pantel, 1997. 50 Voir Salazar, 2005. 51 Voir Etymologicum Gudianum, nothos, gnĂȘsios men kaleitai, ho ek nomimĂŽn gamĂŽn ; nothos de ek pallakidos ; Eustathe, Commentaire de l’Iliade, t. I 796. 52 Voir Zonaras ; Michel Italikos, Lettre 35, citant Aristophane de Byzance Il appelle gnĂȘsious ceux qui sont nĂ©s des mĂȘmes parents » trad. P. Gautier, Paris, Institut français d’études byzantines, 1972 213 sq.. 53 Pourquoi, dans certains tribunaux, prononce-t-on plutĂŽt en fonction des degrĂ©s de parentĂ© genesi que des dispositions testamentaires diathĂȘkais ? Est-ce parce qu’il n’est pas possible de falsifier des liens de parentĂ© et que la vĂ©ritĂ© Ă©clate ? Au contraire, on a dĂ©jĂ  vu beaucoup de dispositions testamentaires convaincues de faussetĂ© » trad. P. Louis, Paris, Belles Lettres CUF, 1994 15. Voir Ă©galement Bourriot, 1976 212 et 221 ; Platon, RĂ©publique, vii, 537e-538c, imagine le cas d’un couple qui Ă©lĂšve un enfant en le faisant passer pour sien il va de soi que le respect, l’affection que cet enfant Ă©prouve Ă  l’égard de ce couple ne pourra que pĂątir de la dĂ©couverte de la vĂ©ritĂ©. 54 Trad. F. Durrbach, Paris, Belles Lettres CUF, 1956 48. 55 Voir notamment Rubinstein, 1993. 56 Par contre, si l’adoptant donne naissance Ă  un fils lĂ©gitime aprĂšs avoir adoptĂ©, cette adoption ne saurait ĂȘtre remise en cause, voir IsĂ©e, vi, 63 ; voir Rubinstein, 1993 56. Si l’adoptant possĂšde une fille, il est courant que l’adoptĂ© l’épouse. 57 Voir IsĂ©e, vii, 25. 58 Cette restriction semble pouvoir ĂȘtre datĂ©e du IVe siĂšcle, voir Cox, 1983 34 ; en l’absence de fils lĂ©gitime, la succession revient donc aux parents par le sang de l’adoptant, pĂ©nalisĂ©s par l’adoption rĂ©alisĂ©e. 59 Voir KarabĂ©lias, 2002 67-68 ; Ă  comparer avec Philon, Legatio ad Gaium, 23. 60 Discours, ÉginĂ©tique », 46 ; trad. G. Mathieu et E. BrĂ©mond, Paris, Belles Lettres CUF, 2007 105. 61 La procĂ©dure est peu frĂ©quente et trĂšs contrĂŽlĂ©e ; nos sources ne sont bien Ă©videmment pas exhaustives, mais, entre 368 et 322, nous ne disposons que de cinquante dĂ©crets octroyant la citoyennetĂ© Ă  soixante-quatre Ă©trangers, et cette citoyennetĂ© pouvait n’ĂȘtre accordĂ©e qu’à titre honorifique, voir Hansen, 1993 124 ; Osborne, 1981-1983. 62 [DĂ©mosthĂšne], Contre Nééra, 92 trad. L. Gernet, Paris, Belles Lettres CUF, 1960 99 Vous voyez Ă  quelles rĂšgles excellentes et rigoureuses est subordonnĂ© l’octroi du droit de citĂ© ; mais il y a encore une loi qui s’ajoute Ă  toutes celles-lĂ , et qui a pleine autoritĂ© ; tant le peuple Ă©tait attentif, pour lui-mĂȘme et pour les dieux, Ă  ce que les sacrifices accomplis au nom de la citĂ© soient irrĂ©prochables en effet, une loi interdit expressĂ©ment qu’un citoyen nouvellement admis par le peuple devienne l’un des neuf archontes, ou participe Ă  un sacerdoce quelconque. C’est seulement Ă  ses descendants qu’elle accorde l’intĂ©gralitĂ© des droits ; encore ajoute-t-elle “à la condition qu’ils soient issus d’une AthĂ©nienne donnĂ©e lĂ©galement en mariage”. » 63 Voir Osborne, 1981-1983, tome iv 176 sq. ; voir Ă©galement Lambert, 2001 53 ; S. C. Humphreys 2004 127, note 52 met en avant des raisons dĂ©mographiques mais l’argument n’est guĂšre convaincant puisqu’il s’agit d’interdire certaines phratries et non d’en imposer. 64 Voir notamment Cox, 1983. 65 Voir [DĂ©mosthĂšne] 43, Contre Macartatos. 66 Voir par exemple IsĂ©e, Sur la succession de Kiron, 15-16 ; Plutarque, Vie de PĂ©riclĂšs, 33, 1. 67 Voir Ferguson, 1938 50-52 ; Oliver, 1980 ; Bourriot, 1976 106-107, 364, 1286, 1323-1324, 1344-1345. 68 Voir notamment Bourriot, 1976 224 sq., 1172, 1371-1372, notamment p. 229 On peut donc conclure que gĂ©nos peut, au milieu du IVe siĂšcle, prendre le sens prĂ©cis d’ensemble de parents descendant d’un mĂȘme aĂŻeul jusqu’à la troisiĂšme gĂ©nĂ©ration. » 69 Voir Wilgaux, 2010. Auteur Du mĂȘme auteur ParentĂ© et sociĂ©tĂ© dans le monde grec, Ausonius Éditions, 2006 Chemin faisant, Presses universitaires de Rennes, 2009 L'argument de la filiation, Éditions de la Maison des sciences de l’homme, 2011 Tous les textes Lire Acheter
AEDE 4 lettres. Nom commun aĂšde (masculin singulier) 1. (Art) PoĂšte de la GrĂšce antique, qui dĂ©clamait ou chantait des vers transmis par la tradition orale ou créés par lui-mĂȘme. L'aĂšde cĂ©lĂ©brait les dieux et les hĂ©ros. PoĂšte grec. Chanteur grec comme HomĂšre. Barde de GrĂšce.
LIVRE DEUXIÈME. LA PEINTURE. es moyens d’étudier pourront, sans doute, paraĂźtre trop laborieux aux jeunes gens ; aussi veux-je leur dĂ©montrer que la peinture n’est pas indigne que nous nous y appliquions avec tout notre zĂšle et toute notre ardeur. En effet, ne possĂšde-t-elle pas en elle comme une force divine, cette peinture qui, entre amis, rend pour ainsi dire prĂ©sent l’absent lui-mĂȘme, et, qui plus est, peut, aprĂšs bien des siĂšcles, montrer les morts aux vivants, de telle façon qu’ils sont reconnus, Ă  la grande admiration de l’homme d’art et au grand plaisir des spectateurs ? Plutarque nous rapporte que Cassandre, un des gĂ©nĂ©raux d’Alexandre, comme il regardait une image de feu son maĂźtre, dans laquelle il reconnaissait la majestĂ© royale, se prit Ă  trembler de tout son corps ; et qu’AgĂ©silas, LacĂ©dĂ©monien, se trouvant trop laid, refusa de laisser son portrait Ă  la postĂ©ritĂ©, ne permettant ni qu’on le peignĂźt, ni qu’on le sculptĂąt. C’est qu’en effet, les visages des morts mĂšnent pour ainsi dire une vie prolongĂ©e par la peinture. Mais, de ce que la peinture exprima les visages des dieux, objet de la vĂ©nĂ©ration des peuples, on la regarda comme un des plus grands dons faits aux mortels. En effet, elle a rendu les plus grands services Ă  la piĂ©tĂ© qui nous rattache aux immortels, et Ă  la retenue des Ăąmes dans les liens d’une religion inaltĂ©rĂ©e. Phidias exĂ©cuta, en Élide, un Jupiter dont la beautĂ© n’ajouta pas mĂ©diocrement au culte en vigueur. Mais ce que la peinture apporte aux jouissances honnĂȘtes de l’ñme et ce qu’elle ajoute Ă  la splendeur des choses, nous le pouvons voir de reste, principalement en ceci, qu’il n’est d’objet si prĂ©cieux que la peinture, par sa prĂ©sence, ne rende plus prĂ©cieux encore et plus important. L’ivoire, les gemmes et autres objets de prix gagnent encore au contact du peintre. L’or lui-mĂȘme, travaillĂ© par l’art de la peinture, a plus de valeur qu’à l’état de simple mĂ©tal. Il n’est pas jusqu’au plomb, le plus vil des mĂ©taux, qui, transformĂ© en une effigie quelconque sous les doigts d’un Phidias ou d’un PraxitĂšle, n’acquĂźt un prix bien supĂ©rieur Ă  celui de l’argent brut et non travaillĂ©. Zeuxis avait cette coutume d’offrir ses Ɠuvres en prĂ©sent, car, disait-il, nul salaire ne les saurait payer. En effet, il pensait qu’aucun prix ne pouvait satisfaire l’homme qui, en peignant ou en sculptant des ĂȘtres animĂ©s, se considĂ©rait lui-mĂȘme comme un dieu parmi les mortels. Donc, la peinture a cet honneur, que ceux qui la savent Ă©prouvent, en voyant admirer leurs Ɠuvres, comme un sentiment de leur ressemblance avec la DivinitĂ©. Et vraiment, n’est-elle pas la maĂźtresse et le principal ornement parmi tous les arts ? C’est du peintre que l’architecte tient, si je ne me trompe, les architraves, les chapiteaux, les bases, les colonnes, les faĂźtes et toutes les richesses des Ă©difices. C’est Ă©videmment par la rĂšgle et l’art du peintre que le lapidaire, le sculpteur, les officines d’orfĂšvreries et tous les arts manuels sont dirigĂ©s ; enfin, il n’en est presque pas, si infime soit-il, qui n’ait quelque rapport avec la peinture. Si bien que tout ce qui touche Ă  l’ornement semble, j’ose le dire, lui ĂȘtre empruntĂ©. Elle a d’ailleurs Ă©tĂ©, par-dessus tout, tellement honorĂ©e des anciens, qu’alors que tous les artisans Ă©taient compris sous la dĂ©nomination de fabri, le peintre seul en Ă©tait exempt. Cela Ă©tant, j’ai coutume de dire, parmi mes familiers, que l’inventeur de la peinture doit ĂȘtre ce Narcisse qui fut mĂ©tamorphosĂ© en fleur. Qu’est-ce que peindre, en effet, si ce y n’est saisir, Ă  l’aide de l’art, toute la surface d’une onde ? Quintilien suppose que les premiers peintres avaient coutume de circonscrire les ombres au soleil et d’augmenter leur travail par des adjonctions. Il y en a qui disent qu’un certain PhilodĂšs, Égyptien, ou qu’un ClĂ©anthĂšs, je ne sais lequel, fut un des premiers inventeurs de cet art. Les Égyptiens assurent qu’il Ă©tait pratiquĂ© chez eux depuis six mille ans avant qu’il parvĂźnt en GrĂšce. C’est de cette derniĂšre contrĂ©e qu’il nous vint, dit-on, en Italie, aprĂšs les victoires de Marcellus en Sicile. Mais il importe fort peu de connaĂźtre le nom des premiers peintres ou des inventeurs de la peinture. D’autant que nous n’en faisons pas, comme Pline, l’historique, mais que nous en passons l’art en revue, et cela tout Ă  nouveau. Car je ne sache pas qu’il y ait quelque traitĂ© subsistant des anciens auteurs. Cependant on affirme qu’Euphranor Isthmius Ă©crivit quelque chose sur la symĂ©trie et les couleurs [1], qu’Antigone et XĂ©nocrate traitĂšrent de la peinture et qu’Apelles en fit un livre dĂ©diĂ© Ă  PersĂ©e. DiogĂšne LaĂ«rce raconte que DĂ©mĂ©trius le philosophe se distingua dans la peinture. Or, puisque nos ancĂȘtres ont laissĂ© des monuments de leur admiration pour tous les arts, j’estime que celui-lĂ  ne fut pas laissĂ© de cĂŽtĂ© par nos vieux Ă©crivains italiens. D’ailleurs, en Italie, les anciens Étrusques s’y distinguĂšrent par-dessus tous. TrismĂ©giste, trĂšs-ancien auteur, pense que la sculpture et la peinture naquirent ensemble, avec la religion, car il dit Ă  AsclĂ©pius La nature, se souvenant de son origine, figura les dieux Ă  sa ressemblance[2]. » Et qui pourrait nier que la peinture, aussi bien dans les choses privĂ©es que publiques, profanes que religieuses, ne se soit attribuĂ© la place la plus honorable ? OĂč trouver, entre tous les hommes d’art, quelqu’un dont on ait fait plus de compte que du peintre ? On rapporte les prix incroyables de certains tableaux. Aristide de ThĂšbes vendit une peinture jusqu’à cent talents. On dit que Rhodes ne fut pas incendiĂ©e par le roi DĂ©mĂ©trius, afin de sauver un tableau de ProtogĂšnes, et nous pouvons affirmer que Rhodes fut rachetĂ©e au prix d’une seule peinture. On a colligĂ© bien d’autres rĂ©cits afin de dĂ©montrer que les bons peintres ont toujours Ă©tĂ© louangĂ©s et honorĂ©s extrĂȘmement par tous, de mĂȘme que de trĂšs-nobles citoyens, philosophes et rois se sont dĂ©lectĂ©s non-seulement Ă  la vue, mais Ă  la pratique de la peinture. Lucius Manilius, citoyen romain, et Fabius, personnage de noblesse urbaine, furent peintres. Turpilius, chevalier romain, peignait Ă  VĂ©rone. Sitedius, prĂ©teur et proconsul, se fit un nom par la peinture. Pausius, poĂšte tragique, petit-fiils par sa mĂšre du poĂ«te Ennius, fit un Hercule dans le forum. Les philosophes Socrate, Platon, MĂ©trodore, Pyrrhon, se distinguĂšrent dans la peinture ; les empereurs NĂ©ron, Valentinien et Alexandre SĂ©vĂšre y furent trĂšs-appliquĂ©s. Il serait trop long d’énumĂ©rer tdus les princes et tous les rois qui s’adonnĂšrent Ă  cet art trĂšs-noble. Il y a encore moins lieu de citer la foule des peintres de l’antiquitĂ©. On peut s’en faire une idĂ©e en songeant que DĂ©mĂ©trius de PhalĂšre, fils de Phanostrates, dĂ©truisit par les flammes, en l’espace de quatre cents jours, trois cent soixante statues, tant Ă©questres qu’en quadriges ou en biges. Pensez-vous que dans une ville oĂč il y avait tant de sculpteurs, il dĂ»t y avoir peu de peintres ? La peinture et la sculpture sont des arts qu’un mĂȘme esprit entretient ; mais je prĂ©fĂ©rerai toujours le gĂ©nie du peintre qui s’applique Ă  une chose extrĂȘmement difficile. Revenons Ă  notre sujet. La foule des peintres et des sculpteurs devait ĂȘtre grande en ces temps oĂč les princes et les plĂ©bĂ©iens, les doctes et les ignorants se dĂ©lectaient de la peinture. Alors on exposait sur les théùtres, parmi les plus prĂ©cieuses dĂ©pouilles des provinces, des statues et des tableaux. On en vint Ă  ce point que Paul-Émile et un grand nombre de citoyens romains firent, entre autres arts libĂ©raux, enseigner la peinture Ă  leurs enfants, pour les dresser Ă  une vie honnĂȘte et heureuse. Il faut noter ici, surtout, cette excellente coutume des Grecs, qui voulaient que les ingĂ©nus et les enfants, Ă©levĂ©s librement, fussent instruits dans l’art de peindre en mĂȘme temps que dans les lettres, la gĂ©omĂ©trie et la musique. Bien plus, la peinture fut en honneur auprĂšs des femmes, et les auteurs cĂ©lĂ©brĂšrent les Ɠuvres de Martia, la fille de Varron. Enfin la peinture fut en si grand honneur et en telle estime chez les Grecs, qu’ils rendirent un Ă©dit par lequel il Ă©tait dĂ©fendu aux esclaves de l’étudier, ce qui n’est pas une injustice, car cet art est tellement digne des esprits les plus libĂ©raux et les plus nobles, que, pour moi, j’ai toujours jugĂ© pourvu d’une intelligence des meilleures et des plus Ă©levĂ©es celui que je voyais s’en dĂ©lecter. Toutefois, la peinture est agrĂ©able aux savants comme aux ignorants. En effet, il est rare, quand elle rĂ©jouit les capables, qu’elle n’émeuve pas les inexperts, et tu ne saurais trouver personne qui ne fĂ»t grandement jaloux d’y exceller. La nature elle-mĂȘme semble s’ĂȘtre complu Ă  peindre, car nous la voyons quelquefois reprĂ©senter sur les marbres des hippocentaures et des visages barbus de rois. On raconte que, sur une gemme appartenant Ă  Pyrrhus, on voyait les neuf Muses reprĂ©sentĂ©es distinctement, par un effet naturel, avec leurs attributs. Ajoutez qu’il n’y a pas d’art dont la pratique ou l’étude, Ă  quelque Ăąge que ce soit, apporte un plus grand contingent de plaisir Ă  ceux qui le connaissent comme Ă  ceux qui l’ignorent. Qu’il me soit permis de dire de moi-mĂȘme, lorsque je me mets Ă  peindre pour mon plaisir, ce qui m’arrive souvent quand mes autres affaires me le permettent, que je persiste dans ce travail avec tant de bonheur, que trois ou quatre heures s’écoulent sans que je puisse le croire. Ainsi donc, la culture de la peinture sera pour toi une cause de plaisir, et, si tu y excelles, une source de louanges, de richesses et de perpĂ©tuelle renommĂ©e. Cela Ă©tant, et la peinture pouvant se considĂ©rer comme le meilleur et le plus antique ornement des choses, digne des hommes libres, agrĂ©able aux doctes et aux ignorants, j’exhorte de toutes mes forces les jeunes gens Ă  se livrer, autant qu’ils le pourront, Ă  sa pratique ; j’exhorte surtout ceux qui sont Ă©pris de cet art Ă  consacrer toute leur Ă©tude et tout leur zĂšle Ă  le porter Ă  sa perfection. Mais si vous cherchez Ă  vous distinguer par la peinture, ayant Ă  cƓur, avant tout, la renommĂ©e et la gloire que vous savez avoir Ă©tĂ© si chĂšres aux anciens, qu’il vous plaise vous souvenir que l’avarice fut toujours l’adversaire de l’honneur et de la vertu. L’esprit enclin Ă  ce vice rĂ©coltera rarement le fruit de la postĂ©ritĂ©. J’en ai vu plusieurs qui, au beau moment d’apprendre, s’étant adonnĂ©s au gain, n’ont jamais pu, par cela mĂȘme, acquĂ©rir l’ombre de gloire ni la moindre fortune, tandis que, s’ils eussent portĂ© leur intelligence Ă  l’étude, ils eussent atteint la rĂ©putation qui leur eĂ»t dispensĂ© richesse et bonheur. En voilĂ  suffisamment Ă  cet Ă©gard, revenons Ă  notre sujet. Nous diviserons la peinture en trois parties division que nous avons empruntĂ©e Ă  la nature elle-mĂȘme. Or, puisque la peinture s’évertue Ă  reprĂ©senter les objets visibles, remarquons de quelle maniĂšre les objets tombent sous la vue. Tout d’abord, quand nous apercevons quelque chose, nous voyons que ce quelque chose occupĂ© une certaine place. Aussi, vraiment, le peintre circonscrit-il l’espace de cette place, et le fait de tracer les contours s’exprime-t-il par le mot de circonscription. En considĂ©rant comment les diverses superficies du corps examinĂ© se relient entre elles, l’homme d’art dessine ses conjonctions Ă  leur place propre et nomme cela avec justesse la composition. Enfin, par la vue, nous discernons plus distinctement les couleurs des surfaces ; et parce que la reprĂ©sentation de ce phĂ©nomĂšne, en peinture, subit, par les lumiĂšres, diverses modifications, nous nommerons cela la distribution des lumiĂšres. Donc, la circonscription, la composition et la distribution des lumiĂšres constituent la peinture. D’oĂč rĂ©sulte ce que nous allons exprimer trĂšs-briĂšvement, et d’abord, examinons la circonscription. La circonscription est cette opĂ©ration qui consiste, en peignant, Ă  tracer les circuits des contours. C’est en quoi excellait Parrhasius, ainsi que nous l’apprend XĂ©nophon dans un entretien de Socrate. On rapporte, en effet, qu’il apporta le soin le plus dĂ©licat dans le tracĂ© des lignes. J’estime que, dans cette circonscription, ils s’appliqua principalement Ă  mener ces traits avec une grande finesse, d’une maniĂšre presque invisible, exercice oĂč il lutta, dit-on, d’habiletĂ© avec ProtogĂšnes. Ainsi donc, la circonscription n’est autre chose que le tracĂ© des contours, et s’ils se faisaient avec une ligne trop apparente, ils ne reprĂ©senteraient plus les bords des superficies, mais bien plutĂŽt de petites fissures. C’est pourquoi dĂ©sirĂ©-je qu’on ne vise pas Ă  dĂ©terminer, par la circonscription, autre chose que les circuits des contours ; et j’affirme qu’on s’y doit exercer extrĂȘmement, attendu que, lĂ  oĂč la circonscription sera mauvaise, il n’y aura lieu de louer ni la composition, ni la distribution des lumiĂšres. Tandis qu’au contraire, la circonscription toute seule peut encore ĂȘtre trĂšs-agrĂ©able Ă  considĂ©rer. Applique-toi donc Ă  cette opĂ©ration, pour laquelle je ne sache pas qu’on puisse trouver rien de mieux que ce voile auquel j’ai coutume, avec mes amis, de donner le nom Ă  l’intersecteur. C’est moi qui en ai inventĂ© l’usage. Voici ce qu’il en est. Je tends sur un cadre un voile de fil trĂšs-fin et tissĂ© trĂšs-lĂąche, de n’importe quelle couleur, divisĂ© en carrĂ©s Ă©gaux parallĂšles au cadre par des fils plus gros ; je l’interpose entre mon Ɠil et ce que je veux reprĂ©senter, de façon Ă  ce que la pyramide visuelle pĂ©nĂštre au travers du voile par l’écartement des fils. Cette intersection du voile a en elle de fort grands avantages. Le premier, c’est de te reprĂ©senter les mĂȘmes superficies immobiles ; car, ayant placĂ© les premiers contours, tu retrouveras toujours les points de la pyramide suivant laquelle tu as opĂ©rĂ© tout d’abord, ce qui, sans l’emploi de cet intersecteur, est chose fort difficile Ă  obtenir. Or, sache qu’il est impossible, en peignant, de bien imiter un objet, si, tant qu’on le peint, on ne lui conserve pas toujours le mĂȘme aspect. C’est ce qui fait que les peintures ressemblent bien plus au modĂšle que les sculptures, parce qu’elles conservent toujours le mĂȘme aspect. Sache, en outre, que si tu changes la distance et la position du point central, l’objet lui-mĂȘme paraĂźtra modifiĂ©. Aussi ce voile ou intersecteur sera-t-il, ainsi que je l’ai dit, d’une assez notable utilitĂ©, puisqu’il maintient l’objet sous un mĂȘme aspect. Le premier avantage sera de pouvoir Ă©tablir Ă  des places certaines, sur le tableau qu’on exĂ©cute, la position des contours et les limites des superficies. En effet, considĂ©rant que le front tient en tel carrĂ©, le nez dans celui au-dessous, les joues dans les plus voisins, le menton dans le plus bas, et ainsi de suite pour toutes les parties, chacune Ă  sa place, tu peux colloquer de nouveau ces parties sur le tableau ou sur la paroi, dans des divisions parallĂšles prĂ©alablement Ă©tablies. Un autre avantage qu’apporte cet instrument Ă  l’exĂ©cution de la peinture, c’est de te montrer dessinĂ©s et peints, sur sa surface plane, tous les reliefs et les bosses de ce que tu veux reprĂ©senter. Par cela nous pouvons, avec de l’expĂ©rience et du jugement, voir suffisamment de quelle utilitĂ© peut nous ĂȘtre ce voile pour peindre avec facilitĂ© et justesse. Je ne veux pas Ă©couter ceux qui prĂ©tendent qu’un peintre ne doit pas s’habituer Ă  de semblables moyens, parce que, bien qu’ils lui apportent un grand secours, ils sont tels, que sans eux il ne saurait plus rien faire par lui-mĂȘme. Mais, si je ne me trompe, nous n’avons pas Ă  demander au peintre de prendre une peine infinie, mais seulement de nous rendre en peinture les reliefs exacts que nous voyons dans les objets. C’est lĂ , Ă  moins que je ne manque d’intelligence, une qualitĂ© qui me semble devoir ĂȘtre obtenue beaucoup moins bien sans l’usage de ce voile. C’est pourquoi, que ceux qui veulent progresser en peinture fassent emploi de cet intersecteur dont je viens de les entretenir. Toutefois, si quelques-uns entendaient exercer leur intelligence sans le secours de ces carreaux, qu’ils s’imaginent sans cesse les avoir devant les yeux, tirant fictivement une ligne transversale coupĂ©e par une perpendiculaire, afin de dĂ©terminer la position des contours. Mais, pour la plupart des peintres inexpĂ©rimentĂ©s, les contours des superficies paraissent incertains, comme, par exemple, dans les visages, sur lesquels ils ne savent souvent discerner l’endroit oĂč s’arrĂȘtent les tempes. Il importe de leur enseigner le moyen d’acquĂ©rir cette connaissance. La nature le dĂ©montre parfaitement. En effet, de mĂȘme que nous distinguons les surfaces planes par les lumiĂšres et les ombres qui leur sont propres, de mĂȘme aussi, parmi les surfaces sphĂ©riques ou concaves, pouvons-nous remarquer que celles qui contiennent plusieurs superficies se distinguent par plusieurs taches d’ombre ou de lumiĂšre. Ainsi, on peut tenir pour des parties diffĂ©rentes celles qui sont diversifiĂ©es par le clair ou par l’obscur. Que si une partie, passant insensiblement d’un effet ombrĂ© Ă  un effet trĂšs-clair, formait une superficie unique, nous devrions tracer notre ligne au beau milieu, afin de ne pas ĂȘtre incertains quant Ă  la maniĂšre de colorer tout le morceau. Nous avons encore Ă  dire quelque chose sur la circonscription, attendu qu’elle importe considĂ©rablement pour la composition. Mais il ne faut pas ignorer ce qu’on entend par cette derniĂšre. La composition est une opĂ©ration de la peinture par laquelle, dans une Ɠuvre, on rĂ©unit les diffĂ©rentes parties. Le sujet est, pour le peintre, de la plus grande importance. Les corps sont les parties du sujet, le membre est une partie du corps, la superficie une partie du membre. Or, la circonscription est cette opĂ©ration de peinture par laquelle on indique, en quelque objet que ce soit, les superficies des corps. Ces derniĂšres sont petites chez les ĂȘtres animĂ©s, grandes sur les Ă©difices et dans les colosses. Les prĂ©ceptes donnĂ©s jusqu’ici sont suffisants pour arriver Ă  circonscrire les petites superficies, et nous avons montrĂ© comment on peut en avoir raison Ă  l’aide de l’intersecteur. Quant Ă  la circonscription des grandes, il faut s’enquĂ©rir d’une autre mĂ©thode. Pour cela, nous devons remĂ©morer tout ce que nous avons dit dans les rudiments, touchant les rayons, la pyramide et l’intersection. D’une autre part, il ne faut pas oublier ce dont j’ai parlĂ© Ă  propos du point central et de la ligne du mĂȘme nom. Supposons que sur le sol, divisĂ© parallĂšlement, nous ayons Ă  Ă©lever les ailes d’un mur ou toute autre chose semblable, que nous nommerons superficies dressĂ©es. Je vais dire en peu de mots comment je ferai cette Ă©lĂ©vation. Tout d’abord, je commencerai par les fondations. J’inscris sur le sol la longueur et la largeur des murs. À ce propos, nous ferons remarquer cette loi naturelle qui consiste en ce que, dans un corps rectangulaire, on ne saurait jamais voir Ă  la fois, sous un seul et mĂȘme aspect, que deux superficies debout. C’est pourquoi j’observe, en inscrivant les fondations des parois, de ne tracer que les contours des cĂŽtĂ©s qui tombent sous la vue, et je commence toujours par les superficies les plus rapprochĂ©es, principalement par celles qui sont parallĂšles Ă  l’intersection. Je les trace donc avant toutes les autres, et j’établis, par des lignes parallĂšles sur le sol, la longueur et la largeur que j’entends leur attribuer. Ainsi, je prends autant de lignes parallĂšles que je pense Ă  leur donner de brasses, et je dĂ©termine le milieu de ces parallĂšles par l’intersection des diamĂštres entre chacune d’elles ; si bien que, grĂące Ă  cette mesure des parallĂšles, j’inscris parfaitement la longeur et la largeur des murs sortant du sol. Il ne m’est pas difficile, alors, d’établir la hauteur de mes murailles. En effet, cette mesure, comprise entre la ligne du centre et la place du sol d’oĂč s’élĂšve la quantitĂ© de l’édifice, conservera la mĂȘme mesure. Or, si tu voulais que cette quantitĂ© fĂ»t, Ă  partir du sol jusqu’au faĂźte, quatre fois de la hauteur d’un homme qui y serait peint, en supposant la ligne du centre placĂ©e Ă  la hauteur de celui-ci, la quantitĂ© comprise entre le sol et cette ligne mesurerait trois brasses d’élĂ©vation, puis, pour l’accroĂźtre jusqu’à ce qu’elle mesurĂąt douze brasses, superpose-lui trois fois la quantitĂ© comprise entre la base et la ligne du centre. Ainsi donc, si nous retenons bien ces prĂ©ceptes de peinture, nous saurons circonscrire parfaitement les superficies formant des angles. Il nous reste Ă  dire comment on circonscrit, par leurs contours, les superficies circulaires. Elles s’extraient des superficies angulaires. Voici comment j’opĂšre. J’inscris une surface circulaire dans un rectangle Ă©quilatĂ©ral, dont je divise les cĂŽtĂ©s en autant de parties Ă©gales que la base du rectangle, oĂč se fait la peinture, aura subi de divisions ; puis, de chaque point, tirant des lignes au point correspondant, j’en remplis le susdit rectangle. LĂ , j’inscris un cercle de la grandeur qui me convient, de maniĂšre que ce cercle fasse, avec les parallĂšles, des intersections que je note et que je reporte aux endroits correspondants sur les lignes parallĂšles tracĂ©es sur le sol de mon tableau. Mais comme ce serait un travail excessif que d’inscrire tout ce cerclĂ© Ă  l’aide de parallĂšles tirĂ©es Ă  l’infini jusqu’à ce que son contour se dĂ©terminĂąt par d’innombrables points d’intersection, je m’arrange pour ne le marquer que par huit points ou Ă  peu prĂšs, et puis je trace d’inspiration la circonfĂ©rence, en la faisant passer par ces points dĂ©terminĂ©s. Il serait peut-ĂȘtre plus court de circonscrire ce contour par l’ombre que porterait une lampe, attendu que le corps qui causerait cette ombre recevrait la lumiĂšre d’aprĂšs un principe certain et serait juste en place. Nous avons donc dĂ©fini la maniĂšre de tracer avec des parallĂšles les premiĂšres surfaces angulaires et circulaires. AprĂšs avoir dit tout ce qui a rapport Ă  la circonscription, il convient d’en venir Ă  ce qui regarde la composition. Nous ferons bien de rĂ©pĂ©ter ce que c’est. La composition est cette opĂ©ration de la peinture par laquelle, dans une Ɠuvre peinte, on relie les diffĂ©rentes parties ensemble. L’Ɠuvre la plus colossale ne consiste pas Ă  reprĂ©senter un colosse, mais un sujet ; et il y a beaucoup plus d’honneur Ă  rendre bien celui-ci que celui-lĂ . Les corps sont les parties du sujet, la partie du corps est le membre, la partie du membre est la superficie ; les parties Ă©lĂ©mentaires de l’Ɠuvre sont donc les superficies. D’elles se composent les membres, des membres se font les corps, et des corps le sujet qui constitue l’Ɠuvre derniĂšre et absolue du peintre. C’est de l’assemblage des superficies que rĂ©sultent et cette convenance et cette grĂące qu’on nomme la beautĂ©. Car tel faciĂšs qui aura des superficies grandes et d’autres petites, trop saillantes d’une part et trop rentrĂ©es de l’autre, ainsi que le visage des vieilles femmes, sera certainement une chose laide Ă  voir. Mais de telle figure qui aura ses superficies attachĂ©es de façon que de douces lumiĂšres s’y convertissent insensiblement en ombres suaves, qui n’aura aucune aspĂ©ritĂ© anguleuse, nous dirons avec raison qu’elle est belle et pleine de charme. Ainsi donc, ce qu’on doit surtout rechercher dans la composition des surfaces, c’est la grĂące et la beautĂ©. C’est pourquoi, quelle que soit la maniĂšre de nous y prendre, la plus certaine que je sache est encore d’observer la nature, examinant longtemps et avec soin comment cette merveilleuse ouvriĂšre agence elle-mĂȘme les superficies dans les beaux corps. Aussi importe-t-il extrĂȘmement de prendre plaisir Ă  l’imiter avec toute l’attention et tout le zĂšle possibles, en employant le voile dont j’ai parlĂ©. Et quand nous aurons relatĂ© et mis en Ɠuvre les superficies des plus beaux corps, nous devrons nous occuper tout d’abord de leurs limites, afin de tracer des lignes Ă  la place dĂ©terminĂ©e. Cela suffit quant Ă  la composition des superficies. Voyons celle des membres. Dans la composition des membres, ce qu’il faut avant tout observer, c’est qu’il y ait convenance entre eux. Cette convenance sera parfaite si, par leur grandeur, leur office, leur coloration, ou par toute autre propriĂ©tĂ© qui leur appartient, il y a entre eux cette correspondance qui fait la grĂące et la beautĂ©. Si, par exemple, dans un simulacre quelconque, la tĂȘte est grosse, la poitrine Ă©troite, la main Ă©norme, le pied gonflĂ©, le corps obĂšse, la composition en sera laide Ă  voir. Il y a donc, quant Ă  la grandeur, une certaine raison qu’il faut observer ; et pour obtenir les mesures en peignant des ĂȘtres animĂ©s, il est d’une importance capitale de considĂ©rer avec l’esprit quels sont les os, attendu que, ne se pliant jamais, ils se trouvent toujours en un lieu fixe et certain. Puis il convient de savoir mettre en place les nerfs et les muscles. Enfin, pour achever, il faut savoir revĂȘtir avec la chair et lĂ  peau les ossements et la musculature. Peut-ĂȘtre qu’ici on m’objectera ce que j’ai dit plus haut, que le peintre n’a que faire de s’occuper de ce qui ne se voit pas. Soit ; mais si l’on veut habiller des figures, il faut d’abord les tracer nues avant que de les vĂȘtir ; de mĂȘme, si l’on veut peindre le nu, il faut savoir mettre en place les os et les muscles qu’on devra aprĂšs recouvrir de chair et de peau, afin de n’éprouver aucune difficultĂ© Ă  reconnaĂźtre oĂč ces premiers sont placĂ©s. Or, puisque la nature nous dĂ©montre elle-mĂȘme toutes les mesures en les mettant parmi nous, le peintre studieux ne trouvera pas un mĂ©diocre avantage Ă  les reconnaĂźtre, par son travail, sur la nature mĂȘme. C’est pourquoi, que ceux qui sont diligents prennent cette peine, afin qu’ils sachent bien qu’ils profiteront autant Ă  mettre leur Ă©tude et leur application Ă  connaĂźtre la proportion des membres qu’à se la fixer dans la mĂ©moire. Une chose que je recommande principalement pour mesurer un ĂȘtre animĂ©, c’est dĂ© prendre quelque partie de ses propres membres. L’architecte Vitruve dĂ©nombre les mesures de l’homme en se servant de son pied comme Ă©talon. Je pense, quant Ă  moi, qu’il serait plus convenable que les autres quantitĂ©s se rapportassent Ă  la mesure de la tĂȘte. Toutefois j’ai remarquĂ©, chez l’homme, que la mesure du pied Ă©tait presque toujours Ă©gale Ă  celle du menton au sommet de la tĂȘte. Ainsi donc, prenant un membre, il faut, d’aprĂšs lui, Ă©tablir les autres ; car, dans tout ĂȘtre animĂ©, il n’y a aucune longueur ni aucune largeur de membre qui ne corresponde Ă  celles des autres. Il faut encore bien veiller Ă  ce que tous les membres remplissent bien leur office dans une action quelconque. Il convient, chez un coureur, que les mains ne se jettent pas plus loin que les pieds, et je prĂ©fĂšre qu’un philosophe en priĂšre trahisse, par sa membrure, plutĂŽt la modestie que la gymnastique. Le peintre DƓmon reprĂ©senta un Hoplite combattant qui semblait ĂȘtre tout en sueur, et un autre, dĂ©posant les armes, qu’on eĂ»t dit essoufflĂ©. Il y eut tel peintre qui peignit Ulysse de façon que tu aurais reconnu en lui, non la folie vĂ©ritable, mais la folie simulĂ©e. Les Romains font un grand Ă©loge d’une peinture qui reprĂ©sente MĂ©lĂ©agre apportĂ© mort, et ceux qui l’entourent remplis d’angoisses et les membres affaissĂ©s. Cependant, chez un mort, il n’y a nul membre qui ne paraisse mort Ă©galement ; tous pendent les mains, les doigts, la tĂȘte, tombent languissamment. Tout, enfin, concourt Ă  donner au corps l’aspect de la mort ; ce qui est d’une grande difficultĂ©. Or, c’est aussi bien le fait d’un grand artiste de reprĂ©senter, dans une figure, des membres oisifs que des membres animĂ©s et agissants. Donc, il faut observer, en peinture, que chaque membre remplisse bien l’office qui lui est propre et que la plus petite articulation ne laisse pas que de faire son service ; de telle sorte que tout membre inanimĂ© ou tout membre vivant semble ĂȘtre tel jusqu’au bout des ongles. On dit qu’un corps est en vie quand, de son plein grĂ©, il agit et se meut. On le dit mort lorsque les membres se refusent Ă  continuer les offices de la vie, c’est-Ă -dire le sentiment et le mouvement. C’est pourquoi le peintre qui voudra que ses simulacres de corps paraissent vivants devra faire en sorte qu’en eux chaque membre exĂ©cute parfaitement ses mouvements. Mais il faut, dans chaque mouvement, rechercher la grĂące et la beautĂ©. Or, de tous, les plus agrĂ©ables et qui semblent vivre davantage sont ceux qui s’élĂšvent en l’air. En outre, il faut dire que, dans la composition des mouvements, il importe de considĂ©rer l’espĂšce, car ce serait le comble de l’absurde si les mains d’HĂ©lĂšne ou d’IphigĂ©nie paraissaient sĂ©niles et rustiques ; si le torse de Nestor Ă©tait reprĂ©sentĂ© juvĂ©nile avec une tĂȘte dĂ©licate ; si GanymĂšde avait le front ridĂ© et une jambe d’athlĂšte ; ou bien si nous donnions Ă  Milon, le plus robuste des hommes, des flancs veules et grĂȘles. De mĂȘme, dans les effigies oĂč les visages sont solides et, comme on dit, pleins de suc, il serait vĂ©ritablement honteux de mettre des mains et des bras consumĂ©s par la maigreur, tandis que celui qui peindrait AchamĂ©nides dĂ©couvert par ÉnĂ©e dans son Ăźle avec le visage que dĂ©peint Virgile, sans lui donner des membres congruents Ă  la face, serait un peintre inepte et des plus ridicules. Ainsi donc, il faut que toutes choses soient en rapport de convenance avec l’espĂšce, et je l’entends ainsi quant Ă  la couleur. En effet, Ă  des visages rosĂ©s, charmants, blancs comme neige, un sein et des membres noirs et affreux ne sauraient convenir. Nous avons suffisamment dit tout ce qu’il faut observer dans la composition touchant la grandeur, l’office, l’espĂšce et la couleur. Il faut prendre garde Ă  tout cela pour la dignitĂ© de l’Ɠuvre. Il serait inconvenant de faire Minerve ou VĂ©nus vĂȘtue d’un sayon, et d’habiller indĂ©cemment Jupiter ou Mars d’une robe de femme. Les anciens peintres, dans leurs peintures, s’efforçaient de reprĂ©senter Castor et Pollux tels que des jumeaux, et cependant ils faisaient sentir chez l’un la supĂ©rioritĂ© au pugilat, et chez l’autre Ă  la course. Ils voulaient mĂȘme que, chez Vulcain, le vice de claudication fĂ»t sensible sous ses draperies, tant ils prenaient de soins Ă  rendre ce qu’ils voulaient exprimer, selon l’office, l’espĂšce et la dignitĂ© convenables. AprĂšs cela s’ensuit la composition des corps qui constitue l’honneur et tout le gĂ©nie du peintre, composition dont nous avons parlĂ© quelque peu en traitant de celle des membres. Il est important que, dans le sujet, les corps soient en rapport de convenance quant Ă  l’office et Ă  la grandeur. Si, en effet, tu avais peint des centaures tumultueux dans un festin, il serait inepte de placer, en un dĂ©sordre si sauvage, quelque individu sommeillant par ivresse. Ce serait Ă©galement une faute que de faire des hommes situĂ©s sur un mĂȘme plan beaucoup plus grands les uns que les autres ; de mĂȘme que si, dans un tableau, les chiens Ă©taient de la taille des chevaux. Il faut blĂąmer aussi, ce que je vois souventes fois, des hommes reprĂ©sentĂ©s dans un Ă©difice comme enfermĂ©s dans un Ă©crin, oĂč ils pourraient Ă  peine se tenir assis ou courbĂ©s en deux. Il faut donc que tous les corps aient entre eux, suivant ce dont il s’agit, une convenance quant Ă  la grandeur et quant Ă  l’office. Mais, pour ce qui regarde un sujet qu’on puisse Ă  juste titre louer et admirer, il faut qu’il se prĂ©sente de telle sorte et pourvu de tels attraits qu’il paraisse agrĂ©able et ornĂ©, et retienne longtemps sous le charme et sous l’émotion l’esprit du spectateur instruit comme celui de l’ignorant. Ce qui, tout d’abord, dans un sujet, t’apportera quelque plaisir, c’est l’abondance et la variĂ©tĂ© des choses. De mĂȘme que, dans la bonne chair et dans la musique, une abondance renouvelĂ©e charme principalement, entre autres raisons parce qu’elle apporte quelque diffĂ©rence et quelque changement dans les choses anciennes et habituelles, ainsi l’ñme se complaĂźt extrĂȘmement en toute abondance et en tout changement. C’est pourquoi la variĂ©tĂ© des corps et des couleurs est agrĂ©able en peinture. Je dirai qu’une composition est trĂšs-abondante lorsque, chaque chose Ă  sa place d’ailleurs, on y verra mĂȘlĂ©s des vieillards, des hommes faits, des adolescents, des jeunes garçons, des matrones, des vierges, des petits enfants, des animaux domestiques, des chats, des oiseaux, des chevaux, des pĂ©cores, des Ă©difices, des campagnes. Or, je louerai toute abondance, pourvu qu’elle soit en parfaite convenance avec ce dont il s’agit. Il en rĂ©sulte que plus les spectateurs sont arrĂȘtĂ©s par la vue des choses, plus leur gratitude envers le peintre est considĂ©rable. Mais je voudrais que non-seulement cette abondance fĂ»t parĂ©e par la diversitĂ©, mais encore qu’elle fĂ»t pondĂ©rĂ©e et modĂ©rĂ©e par de la dignitĂ© et de la grĂące. Je blĂąme vraiment ces peintres qui, voulant paraĂźtre fĂ©conds dans leurs Ɠuvres et n’y pas laisser de place vide, au mĂ©pris de toutes les lois de la composition, y dissĂ©minent les objets d’une maniĂšre confuse et dĂ©rĂ©glĂ©e ; d’oĂč il advient que le sujet ne semble plus ĂȘtre une action, mais bien un tumulte. Il se peut mĂȘme que celui qui, avant tout, recherchera la dignitĂ© devra rechercher extrĂȘmement la sobriĂ©tĂ© ; car, de mĂȘme que chez un prince la sobriĂ©tĂ© des paroles ajoute Ă  leur majestĂ©, pourvu toutefois qu’on en comprenne le sens, de mĂȘme aussi, dans un sujet, un nombre mesurĂ© de corps rĂ©pand de la dignitĂ©. La variĂ©tĂ© donne de la grĂące. Je redoute la pauvretĂ© dans une composition, mais je craindrais bien plus une abondance qui ne s’accorderait pas avec la dignitĂ©. Aussi approuvĂ©-je singuliĂšrement ce qu’observent les poĂštes, tant tragiques que comiques, alors qu’ils reprĂ©sentent leurs fables avec le moins grand nombre possible de personnages. À mon sens, il n’est sujet si compliquĂ© qui ne se puisse rendre avec neuf ou dix personnages. C’est ainsi que je prise l’opinion de Varron qui, dans un banquet, tenant Ă  Ă©viter le tumulte, n’admettait pas plus de neuf convives. Mais comme la variĂ©tĂ© aura toujours un grand charme, la peinture oĂč il y aura des attitudes et des positions de corps trĂšs-diffĂ©rentes plaira particuliĂšrement. Il faut donc qu’il y ait des personnages vus de face, les mains levĂ©es, les doigts en mouvement, portant sur un pied ; d’autres la face en sens inverse, les bras pendants, les pieds joints. Surtout que chacun ait bien les inflexions et les mouvements qui lui conviennent. Que ceux-ci soient assis, Ă  genoux, oĂč Ă  demi couchĂ©s ; que ceux-lĂ  soient nus s’il le faut, ou, par un compromis entre deux formes de l’art, Ă  demi vĂȘtus. Mais ayez soin d’observer toujours la pudeur et la modestie ; que les parties obscĂšnes ou disgracieuses soient voilĂ©es par des draperies, par des feuillages, ou bien couvertes avec la main. Apelles, en peignant Antigone, eut soin de reprĂ©senter son visage du cĂŽtĂ© oĂč n’était pas le dĂ©faut de son Ɠil. On voit dans HomĂšre, lĂ  oĂč il dĂ©crit Ulysse naufragĂ© sortant, Ă  son rĂ©veil, de la forĂȘt et s’avançant Ă  la voix de jeunes filles, qu’il lui donne un voile de feuilles d’arbres autour des parties honteuses du corps. On raconte que PĂ©riclĂšs avait la tĂȘte trop longue et mal faite, aussi les peintres et les sculpteurs ne le reprĂ©sentaient pas la tĂȘte nue, comme les autres, mais ils le coiffaient d’un casque. Enfin Plutarque nous apprend que les anciens peintres, lorsqu’ils portraituraient des rois, avaient coutume, quant aux dĂ©fauts, de ne pas vouloir paraĂźtre les avoir entiĂšrement nĂ©gligĂ©s, mais de les amender le plus possible. Ainsi donc, j’entends que la pudeur et la modestie soient si bien observĂ©es dans un sujet, que les laideurs soient laissĂ©es de cĂŽtĂ©, ou tout au moins arrangĂ©es. Je pense enfin, comme je l’ai dit, faire extrĂȘmement en sorte que le mĂȘme geste ou que la mĂȘme attitude ne se trouve pas rĂ©pĂ©tĂ©e dans un tableau. Un sujet sera capable d’émouvoir les spectateurs lorsque des personnages immobiles y manifesteront fortement les mouvements de leur Ăąme. C^st un fait naturel que rien ne tend plus Ă  la rĂ©ciprocitĂ© ; tellement que nous pleurons Ă  l’aspect des larmes, que le rire provoque le rire et que nous souffrons en prĂ©sence de la souffrance. Mais ce sont les mouvements du corps qui rĂ©vĂšlent ces mouvements de rame ; car nous voyons que les hommes chagrins, accablĂ©s de soucis et de maux, ont les sens engourdis, sont alanguis et vont lentement, les membres pĂąles et pendants. En efiet, les mĂ©lancoliques ont le front baissĂ©, la tĂȘte languissante et les membres comme affaissĂ©s et abandonnĂ©s. Les hommes colĂšres, dont l’esprit est enflammĂ© par l’emportement, ont le visage et les yeux gonflĂ©s, rougissent et se dĂ©mĂšnent vivement sous l’impression de la fureur. Mais quand nous sommes joyeux et gais, nos mouvements sont dĂ©gagĂ©s et d’une souplesse agrĂ©able. On loua Euphranor d’avoir fait Ă  Paris-Alexandre un visage tel, qu’on discernait en lui tout Ă  la fois l’élu des DĂ©esses, l’amant d’HĂ©lĂšne et le meurtrier d’Achille. Ce fut un merveilleux honneur pour le peintre DĂŠmon qu’on pĂ»t reconnaĂźtre facilement, dans ses tableaux, l’homme violent, l’injuste, l’inconstant, aussi bien que le gĂ©nĂ©reux, le clĂ©ment, le misĂ©ricordieux, l’humble et le brave. Entre autres choses, on rapporte que le ThĂ©bain Aristides, presque l’égal d’Apelles, sut rendre en perfection ces mouvements de l’ñme, et nous pourrons y exceller nous-mĂȘmes quand nous voudrons bien y apporter l’étude et la diligence qui conviennent. Il faut donc que les mouvements du corps soient parfaitement connus du peintre, et c’est dans la nature qu’il devra soigneusement les Ă©tudier. C’est une chose fort difficile, attendu que les mouvements infinis de l’ñme font varier Ă©galement ceux du corps. Quel est le peintre, s’il n’est trĂšs-expert, qui pourra croire jusqu’à quel point il est difficile, quand on veut rendre un visage qui rie, de ne pas le faire plutĂŽt pleurant que joyeux ? Bien plus, qui se sentira capable, sans une Ă©tude et une application infinies, de traduire un visage oĂč la bouche, le menton, les yeux, les joues, le front, les sourcils, s’accordent ensemble pour exprimer la douleur ou la joie ? C’est pourquoi il faut, lĂ -dessus, consulter la nature, et imiter toujours, en premier, les aspects les plus fugitifs. Mais il faut peindre, de prĂ©fĂ©rence Ă  ce qui frappe seulement les yeux, ce qui cause une impression Ă  l’ñme. Avant tout, disons quelque chose sur ce que nous a suggĂ©rĂ© notre propre gĂ©nie touchant les mouvements. Et d’abord, je crois qu’il importe que les corps, selon ce qu’ils ont Ă  faire, se meuvent entre eux avec une certaine grĂące. En outre, j’aime que, dans un sujet, il y ait quelqu’un qui fasse aux spectateurs comme un signe de la main, les invitant Ă  voir ce qui s’y passe, ou bien, si au contraire il s’agit d’un acte mystĂ©rieux, que ce mĂȘme personnage leur indique de s’éloigner par un visage et des yeux Ă©pouvantĂ©s ; qu’il* te dĂ©montre enfin qu’il y a lĂ  ou un danger ou quelque merveille, et que, par ses gestes, il t’engage Ă  rire ou Ă  pleurer. Bref, il faut que tout ce que font les personnages entre eux, comme par rapport au spectateur, soit autant d^actes qui concourent au rendu et Ă  l’éclaircissement du sujet. On vante le Cypriote Timanthe de ce que, dans le tableau par lequel il l’emporta sur ColotĂšs [3], ayant fait Calchas affligĂ© du sacrifice d’IphigĂ©nie, Ulysse plus triste encore, et ayant rĂ©uni sur MĂ©nĂ©las tout ce qu’il avait d’art et de ressources pour exprimer le chagrin, comme il avait Ă©puisĂ© les formes de l’affliction et ne trouvait rien qui pĂ»t rendre la douleur du pĂšre, il lui couvrit la tĂȘte d’une draperie, laissant ainsi au spectateur Ă  s’imaginer par son propre cƓur une dĂ©solation plus grande que celle qu’eussent pu percevoir ses yeux. On vante Ă©galement, Ă  Rome, le navire de M. Giotto, peintre toscan, oĂč il exprima si bien l’épouvante et la stupĂ©faction des onze apĂŽtres Ă  la vue de leur compagnon marchant sur les ondes, que chacun, Ă  part soi, laisse voir le trouble de son Ăąme et reprĂ©sente diffĂ©remment, par les attitudes corporelles, l’effroi dont il est saisi. Mais dĂ©duisons rapidement tout ce passage sur les mouvements. Il y a ceux de l’ñme, que les doctes nomment des affections, comme la colĂšre, la douleur, la joie, la crainte, etc. Les autres sont propres au corps. On dit que les corps se meuvent diffĂ©remment, selon qu’ils croissent ou diminuent, qu’ils passent de l’état sain Ă  l’état malade, et retournent de la maladie Ă  la santĂ© ; ou bien encore quand ils changent de place. Nous autres peintres qui voulons exprimer les affections de l’esprit par les mouvements des membres, — mettant Ă  part toute autre question, — nous, traiterons seulement de ce mouvement, qu’on dit ĂȘtre produit lorsque la place est changĂ©e. Toute chose qui est changĂ©e de place a sept directions de mouvement, car elle est dirigĂ©e en haut ou en bas, Ă  droite ou Ă  gauche, en se retirant loin de lĂ  ou en venant Ă  nous ; un septiĂšme mode de mouvement est celui qui consiste Ă  tourner en rond. Je dĂ©sire donc que tous les mouvements soient rendus en peinture ; qu’il y ait des corps qui se dirigent vers nous, d’autres qui s’en Ă©loignent ; que les uns tendent vers la droite, d’autres vers la gauche, que quelque nombre de ces corps se prĂ©sente en face des spectateurs, qu’un certain nombre s’en Ă©loigne ; que ceux-ci s’élĂšvent en haut, que ceux-lĂ  tendent vers le bas. Cependant, en peignant ces mouvements, on transgresse en gĂ©nĂ©ral toutes les rĂšgles. Aussi convient-il que je rapporte ici, sur la situation et les mouvements des membres, plusieurs observations que j’ai puisĂ©es dans la nature ; d’oĂč nous devrons bien comprendre avec quelle mesure il faut employer ces diffĂ©rents mouvements. J’ai reconnu chez l’homme, en effet, combien, dans son attitude entiĂšre, tout son corps est subordonnĂ© Ă  la tĂȘte, qui, de tous les membres, est le plus pesant. Or, s’il appuie tout son corps sur un seul et mĂȘme pied, toujours ce pied, comme la base d’une colonne, sera placĂ© perpendiculairement sous la tĂȘte ; et le visage d’une personne ainsi posĂ©e est presque toujours tournĂ© vers le point oĂč le pied est dirigĂ©. Nous avons remarquĂ© que, quelquefois, les mouvements de la tĂȘte sont tels, qu’elle n’a pas toujours au-dessous d’elle quelques parties du corps possĂ©dant une pesanteur constante, Ă  moins qu’elle n’attire, ce qui est certain, quelque membre dans la partie opposĂ©e, comme un bras de balance, pour lui faire contre-poids. Nous voyons que ce fait a lieu lorsqu’une personne, soutenant un fardeau Ă  bras tendu, tient un pied fixĂ© fermement comme le fuseau de la balance, et rĂ©siste, avec toute l’autre partie du corps, pour maintenir l’équilibre. J’ai compris que la tĂȘte de l’homme qui se tient debout ne peut se pencher en arriĂšre au delĂ  de la position oĂč les yeux aperçoivent le milieu du ciel, et qu’elle ne saurait se tourner par cĂŽtĂ© au delĂ  du point oĂč le menton atteindra l’épaule. Quant Ă  cette partie du corps oĂč nous nous ceignons, c’est Ă  peine si nous pouvons la tourner en dedans suffisamment pour que l’épaule arrive en droite ligne au-dessus de l’ombilic. Les mouvements des bras et des jambes sont plus libres, afin de ne pas gĂȘner les parties nobles du corps. J’ai remarquĂ©, d’aprĂšs la nature, qu’avec le bras tendu les mains ne peuvent presque jamais s’élever au-dessus de la tĂȘte et le coude au delĂ  des Ă©paules, et de mĂȘme, que le pied, quand la jambe est tendue, ne saurait s’élever au-dessus du genou, ni s’écarter de l’autre pied d’une quantitĂ© plus grande que sa propre mesure. J’ai fait cette observation que, si nous Ă©levons une main, toutes les parties qui sont de son cĂŽtĂ©, jusqu’au pied, suivent ce mouvement, et que le talon mĂȘme est entraĂźnĂ© par le bras Ă  se soulever du sol. Il y a bien des choses semblables qu’un homme d’art habile apercevra, et peut-ĂȘtre que ces observations sont si Ă©videntes, qu’il peut paraĂźtre superflu de les relater. NĂ©anmoins, nous n’avons pas nĂ©gligĂ© de le faire, parce que nous avons remarquĂ© que la plupart des peintres se sont gravement trompĂ©s Ă  cet Ă©gard. Ils rendent, en effet, des mouvements trop forcĂ©s, et ils font en sorte que, dans la mĂȘme figure, la poitrine et les fesses soient vues sous une mĂȘme perspective ; ce qui est aussi impossible qu’indĂ©cent. Mais qu’ils sachent bien que leurs images aux mouvements forcĂ©s n’acquiĂšrent une telle apparence de vivacitĂ© qu’en rendant des attitudes d’histrions, au mĂ©pris de toute dignitĂ© en peinture. Par ce fait, non-seulement leurs Ɠuvres sont privĂ©es de grĂące et de beautĂ©, mais encore elles dĂ©notent chez l’artiste un esprit dĂ©rĂ©glĂ©. La peinture exige des mouvements doux et gracieux, appropriĂ©s Ă  la chose dont il s’agit. Qu’il y ait chez les jeunes filles une allure et un extĂ©rieur Ă©lĂ©gants, parĂ©s de la simplicitĂ© de l’ñge, agrĂ©ables, et montrant de prĂ©fĂ©rence Ă  une attitude agitĂ©e des mouvements pleins de douceur et de la tranquillitĂ©. Toutefois, HomĂšre, dont Zeuxis suivit le goĂ»t, prĂ©fĂšre chez les femmes une forme trĂšs-vigoureuse. Que chez l’adolescent 09 exprime des gestes plus lĂ©gers et joyeux, avec une certaine expression d’ñme vaillante et virile. Qu’il y ait chez l’homme fait des mouvements plus fermes et des poses propres aux fortes luttes ; chez les vieillards, de la lenteur et des attitudes fatiguĂ©es, de sorte qu’ils ne soutiennent pas seulement leur corps Ă  l’aide de leurs jambes, mais qu’ils s’appuient encore avec les mains sur quelque chose. Qu’enfin on donne Ă  chacun, en conservant la dignitĂ©, des mouvements du corps en rapport avec les affections morales qu’on veut reprĂ©senter ; car il est essentiel de signifier, Ă  l’aide des membres, les plus grandes perturbations de l’ñme. Cette observation touchant les mouvements est absolument commune Ă  tout ĂȘtre animĂ©. En effet, il ne conviendrait pas qu’un bƓuf qui laboure fĂźt les mĂȘmes mouvements que BucĂ©phale, le gĂ©nĂ©reux cheval d’Alexandre. Cependant, nous pourrions peindre facilement cette cĂ©lĂšbre fille d’Inachus qui fiit changĂ©e en vache [4], la tĂȘte haute, les pieds levĂ©s et la queue entortillĂ©e. Ces courtes remarques sur les mouvements des ĂȘtres animĂ©s seront suffisantes. Mais, maintenant, puisque je crois qu’il est nĂ©cessaire, en peinture, de rendre les mouvements des choses inanimĂ©es, je dois dire suivant quelles rĂšgles elles se doivent mouvoir. Le mouvement des chevelures, des criniĂšres, des rameaux, des feuillages, des vĂȘtements, bien exprimĂ©, plaĂźt dans une peinture. Je veux, en vĂ©ritĂ©, que les cheveux exĂ©cutent les sept mouvements dont j’ai parlĂ© plus haut. Effectivement, il faut que parfois ils tournent, qu’ils se nouent, qu’ils ondoient dans l’air, imitant les flammes, et que tantĂŽt ils se portent sur les unes ou les autres parties. Il faut que les sinuositĂ©s des rameaux se courbent en montant, rentrent et se tordent comme une corde. Qu’il en soit ainsi des vĂȘtements ; qu’ils s’étendent de tous cĂŽtĂ©s comme les rameaux d’un arbre ; que d’un pli naissent d’autres plis, comme des branchages autour de la dĂ©esse Puta [5] ; que les mouvements de ces plis soient rendus de telle sorte qu’il n’y ait aucune partie des vĂȘtements oĂč on les trouve semblables. Mais, comme je le recommande sans cesse, que ces mouvements soient modĂ©rĂ©s et aisĂ©s, et qu’ils tendent plutĂŽt Ă  montrer de la grĂące que de la difficultĂ© vaincue. Et puis, comme nous voulons que les vĂȘtements se prĂȘtent aux mouvements, et comme, de leur nature, ils sont pesants et tombent toujours vers la terre, il est bon, en peinture, de faire que le zĂ©phyr ou l’autan souffle dans un coin du sujet et repousse ainsi les vĂȘtements qu’il rencontre. Il en rĂ©sulte ce gracieux effet que, le vent frappant le corps, les vĂȘtements s’y impriment, et le nu apparaĂźt Ă  travers leur voile, tandis que, de l’autre cĂŽtĂ©, agitĂ©s par le vent, ils dĂ©bordent convenablement dans l’air. Mais en rendant cet effet, il faut bien prendre garde que les vĂȘtements agitĂ©s ne s’élĂšvent contre le vent, et ne soient trop rĂ©primĂ©s ou trop dĂ©veloppĂ©s. Le peintre doit donc bien retenir ce que nous venons de dire sur les mouvements des ĂȘtres animĂ©s et des choses inanimĂ©es. Il faut Ă©galement observer tout ce que nous avons remarquĂ© touchant la composition des surfaces, des membres et des corps. Ainsi donc, nous avons traitĂ© au complet de deux parties de la peinture la circonscription et la composition. Il nous reste Ă  parler de la rĂ©ception des lumiĂšres. Nous avons suffisamment dĂ©montrĂ©, dans nos premiers enseignements, quelle puissance ont les lumiĂšres pour modifier les couleurs car, les genres des couleurs demeurant fixes, nous avons enseignĂ© qu’elles deviennent tantĂŽt plus claires, tantĂŽt plus foncĂ©es, suivant l’application des lumiĂšres ou des ombres, et que le noir et le blanc sont les couleurs avec lesquelles nous exprimons en peinture le clair fit l’obscur, tandis qu’on tient les autres couleurs pour la matiĂšre Ă  laquelle s’ajoutent les alternatives de la lumiĂšre et de l’ombre. Mettant toute autre chose Ă  part, il faut expliquer de quelle maniĂšre le peintre doit se servir du blanc et du noir. Les anciens peintres s’étonnaient que Polignote et Timanthe ne se servissent que de quatre couleurs, et surtout qu’Aglaophon se complĂ»t Ă  n’en employer qu’une seule. Ils pensaient qu’il Ă©tait peu modĂ©rĂ© que ces excellents peintres, parmi un si grand nombre de couleurs connues, en eussent si peu mis en usage ; d’oĂč ils concluaient que le propre d’un maĂźtre fĂ©cond est de mettre en Ɠuvre le plus grand nombre de couleurs possible. J’affirme avec raison que, pour la grĂące et la beautĂ© de la peinture, l’abondance et la variĂ©tĂ© des couleurs sont d’un grand prix ; mais je voudrais pourtant que les peintres instruits estimassent qu’on peut apporter une grande industrie et un art considĂ©rable dans la disposition du blanc et du noir seulement, et qu’il faut dĂ©ployer une rare intelligence et une parfaite habiletĂ© pour placer convenablement ces deux couleurs. Car, comme la chute de la lumiĂšre et des ombres produit un effet tel, qu’elles apparaissent en tout endroit oĂč les superficies se soulĂšvent ou se retirent en creux, et en toute partie oĂč elles dĂ©clinent ou flĂ©chissent, ainsi, l’arrangement du blanc et du noir produit l’effet qui valait des louanges au peintre Nicias d’AthĂšnes. C’est lĂ  ce que doit d’abord rechercher l’artiste, afin que ses peintures semblent avoir un grand relief. On dit que le trĂšs-noble et trĂšs-ancien peintre Zeuxis, Ă  peu prĂšs le premier, observa cette principale loi des lumiĂšres et des ombres ; mais on n’en fait presque pas honneur aux autres. Quant Ă  moi, je tiendrai pour nul ou mĂ©diocre tout peintre qui ne comprendra pas parfaitement quelle puissance toute ombre et toute lumiĂšre exercent sur les superficies. Mais, de l’avis des savants et des ignorants, je priserai fort ces figures qui semblent, comme des sculptures, sortir du tableau. Au contraire, je ne saurai que blĂąmer celles qui n’auraient d’autre qualitĂ© d’art que dans les contours. Je veux qu’une composition soit bien dessinĂ©e et bien colorĂ©e aussi. Or, pour qu’un peintre Ă©chappe au blĂąme et mĂ©rite des louanges, il faut qu’il observe surtout les lumiĂšres et les ombres. Il faut noter que la couleur doit ĂȘtre plus brillante et plus claire sur une surface oĂč tombent des rayons lumineux, et qu’elle s’assombrit Ă  partir de l’endroit oĂč la force de la lumiĂšre commence Ă  s’affaiblir. Enfin, il faut considĂ©rer ce fait par lequel les ombres correspondent toujours aux lumiĂšres dans un sens opposĂ© ; de sorte qu’en aucun corps une surface ne saurait ĂȘtre Ă©clairĂ©e sans que les surfaces qui lui sont opposĂ©es soient couvertes d’ombre. Mais j’engage fortement Ă  imiter les lumiĂšres et les ombres par le blanc et le noir, afin d’apporter une Ă©tude toute spĂ©ciale dans la connaissance des surfaces qui sont touchĂ©es par la lumiĂšre ou l’ombre. C’est ce que la nature, c’est ce que les objets mĂȘmes vous apprendront parfaitement. Lorsque, enfin, vous possĂ©derez bien ces notions, vous modifierez la couleur en son lieu et place et dans ses contours par une quantitĂ© de blanc extrĂȘmement petite, et au mĂȘme instant vous aurez soin de poser quelque peu de noir dans la partie opposĂ©e, afin que, par cet Ă©quilibre de blanc et de noir, pour ainsi dire, un relief, s’élevant, prenne plus d’apparence. Vous continuez Ă  ajouter ainsi ces deux couleurs avec la mĂȘme modĂ©ration, jusqu’à ce que vous sentiez ĂȘtre parvenu Ă  un effet suffisant. Le miroir sera un juge excellent pour l’apprĂ©cier. Je ne sais vraiment par quel phĂ©nomĂšne une peinture sans dĂ©faut paraĂźt gracieuse dans le miroir, et il est Ă©tonnant que les fautes y semblent plus grandes. Ainsi donc, les choses faites d’aprĂšs le naturel sont amendĂ©es par le jugement du miroir. Qu’on me permette de rapporter ici plusieurs observations que nous avons extraites de la nature. En effet. nous avons remarquĂ© que les surfaces planes conservent leur couleur uniforme dans toute leur Ă©tendue, mais que les surfaces sphĂ©riques ou concaves la voient modifiĂ©e ; car ici elle est plus claire, lĂ  plus foncĂ©e. Cependant une sorte de couleur moyenne est conservĂ©e en un certain endroit. Cette altĂ©ration des couleurs sur les surfaces non planes prĂ©sente quelque difficultĂ© aux peintres paresseux ; mais si le peintre a bien tracĂ© les contours des surfaces, ainsi que nous l’avons enseignĂ©, s’il a bien indiquĂ© la place des lumiĂšres, la maniĂšre de colorer sera facile alors. En effet, il peindra d’abord la surface en noir et en blanc, ainsi qu’il faut le faire, comme s’il Ă©pandait une lĂ©gĂšre rosĂ©e ; ensuite il arrosera de nouveau, si je puis dire ainsi, toute la superficie, mais en deçà des contours ; puis il reviendra par-dessus en deçà de cette derniĂšre couche, il en rĂ©sultera que la partie lumineuse sera d’une couleur beaucoup plus claire qui se fondra comme une fumĂ©e dans les parties qui lui sont contiguĂ«s. Toutefois, il faut se souvenir qu’aucune superficie ne doit ĂȘtre peinte tellement blanche, qu’il ne soit pas possible de la blanchir encore. MĂȘme en reprĂ©sentant des vĂȘtements blancs, il faut se tenir bien en deçà de l’extrĂȘme couleur blanche ; car le peintre n’a qu’elle pour imiter le dernier Ă©clat des surfaces les plus brillantes, de mĂȘme qu’il ne possĂšde que le noir pour rendre les plus Ă©paisses tĂ©nĂšbres de la nuit. C’est pourquoi, pour peindre des vĂȘtements blancs, il faudra prendre une des quatre espĂšces de couleurs claires et brillantes, de mĂȘme que, pour peindre un manteau noir, il faut au contraire employer une couleur Ă  l’extrĂȘme opposĂ© qui ne s’écarte guĂšre du ton de l’ombre, comme serait celui d’une mer sombre et profonde. Enfin, cet assemblage du blanc et du noir a une telle puissance, qu’employĂ© avec art et mĂ©thode, il peut reprĂ©senter, dans la peinture des surfaces, l’or, l’argent et la splendeur du verre. On ne saurait donc trop fortement blĂąmer les peintres qui emploie^ le blanc sans modĂ©ration et le noir avec nĂ©gligence. C’est pourquoi je voudrais que la couleur blanche fĂ»t vendue aux peintres beaucoup plus cher que les pierres les plus prĂ©cieuses. Il serait Ă  souhaiter que la couleur blanche et que la noire se fissent de ces perles que ClĂ©opĂątre liquĂ©fiait dans du vinaigre ; cela ferait qu’on en serait plus parcimonieux. Les Ɠuvres en seraient plus belles et plus rapprochĂ©es de la vĂ©ritĂ© ; car il est difficile de dire avec quelle discrĂ©tion et quelle mĂ©thode on doit distribuer le blanc en peinture. Zeuxis, Ă  cet Ă©gard, avait coutume de reprendre les peintres de ce qu’ils n’avaient aucune notion de l’excĂšs. Cependant, s’il faut pardonner Ă  l’erreur, ceux qui emploient le noir avec profusion sont moins Ă  blĂąmer que ceux qui gaspillent du blanc sans modĂ©ration ; car, par la nature mĂȘme, nous apprenons, avec l’usage de peindre, Ă  exĂ©crer les Ɠuvres noires et horribles ; et d’autant plus sommes-nous instruits, d’autant plus laissons-nous nos mains incliner vers la grĂące et la beautĂ©. En effet, nous aimons tous naturellement les choses claires et voyantes. Donc il faut fermer avec soin la porte ouverte plus facilement Ă  la faute. Nous avons jusqu’ici parlĂ© sur l’emploi du blanc et du noir ; il faut y joindre quelques prĂ©ceptes sur le genre des couleurs. Il s’ensuit donc que nous allons traiter de quelques-unes des espĂšces de couleurs ; non pas, vraiment, comme l’architecte Vitruve, en dĂ©clarant oĂč se trouvent les meilleures terres rouges et les couleurs les plus estimĂ©es, mais en indiquant par quelle mĂ©thode on doit combiner, en peignant, les couleurs prĂ©alablement bien choisies et bien broyĂ©es. On dit que le peintre antique Euphranor a rapportĂ© par Ă©crit quelque chose sur la matiĂšre. Ses Ă©crits n’existent plus. Pour nous qui avons remis en lumiĂšre cet art de la peinture, soit que, dĂ©crit jadis par d’autres, nous l’ayons rappelĂ© des demeures infernales, soit que, n’ayant jamais Ă©tĂ© dĂ©crit par personne, nous l’ayons tirĂ© des cieux, nous continuerons cette Ɠuvre pour l’instruction d’autrui, cela d’aprĂšs notre propre gĂ©nie, ainsi que nous l’avons fait jusque-lĂ . Je voudrais qu’en peinture les genres et les espĂšces de couleurs apparussent, autant que possible, munies d’une certaine grĂące et d’une certaine douceur. Et vraiment il y aura de la grĂące alors que les couleurs seront juxtaposĂ©es avec une exacte habiletĂ©. Que si vous peignez une Diane conduisant des chƓurs de Nymphes, il conviendrait de donner des vĂȘtements verts Ă  celle-ci, des blancs Ă  sa voisine, des pourpres Ă  celle-lĂ  et des jaunes Ă  cette autre. Qu’elles soient vĂȘtues avec cette diversitĂ© de couleurs telle, que les claires soient toujours proches des plus foncĂ©es et d’un genre diffĂ©rent car un tel assemblage procure, grĂące Ă  la variĂ©tĂ©, un grand charme, et grĂące au contraste, une plus grande beautĂ©. La couleur rouge placĂ©e entre le bleu de ciel et le vert leur communique une mutuelle noblesse. La couleur blanche placĂ©e entre le cendrĂ© et le jaune les enrichit d’une certaine gaietĂ©, ainsi d’ailleurs que presque toutes les autres couleurs. Les couleurs foncĂ©es ne se piacent pas parmi les claires sans une dignitĂ© remarquable, et de mĂȘme les couleurs claires font le meilleur effet parmi les foncĂ©es. Le peintre mettra doit dans sa composition la variĂ©tĂ© de colorations que j’ai indiquĂ©e. Il y a des personnes qui emploient l’or immodĂ©rĂ©ment dans les tableaux, pensant que ce mĂ©tal apporte au sujet une certaine noblesse. Je ne saurais les approuver. Si, par exemple, je voulais peindre la Didon de Virgile, dont le carquois Ă©tait attachĂ© par une ceinture d’or, les cheveux relevĂ©s par des rubans d’or, le vĂȘtement maintenu par une agrafe d’or, et qui Ă©tait traĂźnĂ©e par des chevaux aux freins d’or, environnĂ©e d or en un mot, je m’efforcerais de rendre tout cela avec des couleurs de prĂ©fĂ©rence Ă  de l’or, dont l’éclat blesse les yeux des spectateurs. Car, comme tout le mĂ©rite de la coloration gĂźt dans un artifice, il est facile de voir que de l’or posĂ© dans un tableau uni fait paraĂźtre obscures, aux yeux des spectateurs, des surfaces qui eussent dĂ» paraĂźtre claires et brillantes, tandis que d’autres qui eussent dĂ» paraĂźtre foncĂ©es sont prĂ©sentĂ©es plus lumineuses. AssurĂ©ment, je ne condamne pas les ornements ajoutĂ©s Ă  la peinture, comme des colonnes sculptĂ©es, des bases et des chapiteaux, fussent-ils en or et en argent massifs trĂšs-purs, attendu qu’une composition bien achevĂ©e, enjolivĂ©e d’ornements de pierreries mĂȘme, est chose fort convenable. Jusqu’ici nous avons traitĂ© de trois parties de la peinture, en toute briĂšvetĂ©. Nous avons parlĂ© du dessin, des superficies petites et grandes nous avons parlĂ© de la composition des membres et des corps ; nous avons dit, Ă  propos des couleurs, combien nous pensions qu’elles avaient d’importance pour k peintre. Nous avons donc traitĂ© de toute la peinture, que nous avons dit consister en trois choses la circonscription, la composition, et la rĂ©ception des lumiĂšres. ↑ Î•Ï…Ï†ÏÎŹÎœÏ, statuaire et peintre grec, nĂ© dans l’isthme de Corinthe, Ă©lĂšve d’Ariston fils d’Aristide de ThĂšbes, composa le traitĂ© De symmetria et coloribus. Il ne faut pas le confondre avec un Euphranor dont parle Vitruve, et qui fit un traitĂ© De praceptibus symmetriarum. ↑ Voir la belle traduction d’HermĂšs TrismĂ©gistc, par M. Louis MĂ©nard. ↑ ColotĂšs ÎšÎżÎ»ÏŽÎ·, peintre grec qu’il ne faut pas confondre avec son homonyme, sculpteur Ă©lĂšve de Phidias. ↑ Io, fille d’Inachus, changĂ©e en vache par Jupiter. ↑ Puta, dĂ©esse qui prĂ©side Ă  la coupe des arbres.
ï»żLauteur Ă©tudie dans cette contribution les fondements idĂ©ologiques de l’organisation du territoire en GrĂšce aprĂšs la fondation de l’État indĂ©pendant en 1832. La crĂ©ation des circonscriptions (dĂ©partements, arrondissements, communes), la dĂ©finition de leur taille, la sĂ©lection des Ă©lites locales, le choix des chefs-lieux et leur hiĂ©rarchisation, l’hellĂ©nisation de leur
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journal article DÉMÉTRIOS J. LAZARIDIS 1917-1985 Revue ArchĂ©ologique Nouvelle SĂ©rie, Fasc. 2 1985, pp. 301-304 4 pages Published By Presses Universitaires de France Read and download Log in through your school or library Read Online Free relies on page scans, which are not currently available to screen readers. To access this article, please contact JSTOR User Support. We'll provide a PDF copy for your screen reader. With a personal account, you can read up to 100 articles each month for free. Get Started Already have an account? Log in Monthly Plan Access everything in the JPASS collection Read the full-text of every article Download up to 10 article PDFs to save and keep $ Yearly Plan Access everything in the JPASS collection Read the full-text of every article Download up to 120 article PDFs to save and keep $199/year Purchase a PDF Purchase this article for $ USD. Purchase this issue for $ USD. Go to Table of Contents. How does it work? Select a purchase option. Check out using a credit card or bank account with PayPal. Read your article online and download the PDF from your email or your account. Preview Preview Journal Information La Revue archĂ©ologique est l’un des plus anciens pĂ©riodiques scientifiques français. D’abord surtout consacrĂ©e au territoire national, elle s’est peu Ă  peu concentrĂ©e sur l’AntiquitĂ© classique. Seule revue française d’archĂ©ologie restĂ©e gĂ©nĂ©raliste, elle s’ouvre Ă  toutes les facettes des mondes grec et romain, de l’IbĂ©rie Ă  l’Asie centrale en passant par la Gaule sculpture, peinture et cĂ©ramique, petits objets, architecture, urbanisme, problĂšmes gĂ©ographiques, historiques et sociaux liĂ©s Ă  l’archĂ©ologie, et souvent abordĂ©s par le biais de l'Ă©pigraphie ou des textes anciens grecs et latins. L’histoire de l’art traditionnelle peut alors cĂŽtoyer l’archĂ©othanatologie, la prĂ©sentation d’un nouveau musĂ©e ou d’un site Internet. L'actualitĂ© est suivie dans de nombreux comptes rendus de livres, dans le Bulletin annuel de la SociĂ©tĂ© française d'archĂ©ologie classique, avec les rĂ©sumĂ©s des confĂ©rences mensuelles de cette sociĂ©tĂ©, et dans des chroniques bibliographiques, dont celle des verres grecs et romains et le Bulletin d’architecture du monde grec. AssistĂ© par un ComitĂ© scientifique international composĂ© de 12 spĂ©cialistes reconnus d’Allemagne, d’Espagne, de Grande-Bretagne, de GrĂšce, d’Italie et de Russie, le comitĂ© de lecture de la Revue archĂ©ologique se rĂ©unit deux fois par an, au rythme des deux fascicules annuels, et se prononce sur les nouveaux manuscrits aprĂšs avoir entendu trois rapports. Les seuls critĂšres de sĂ©lection sont le trĂšs haut niveau scientifique et l’originalitĂ©, sans exclusive Ă©pistĂ©mologique, puisque cette revue ne reprĂ©sente aucune institution ni Ă©cole. Servie par une illustration de qualitĂ©, la publication se fait en français de prĂ©fĂ©rence, mais l’anglais, l’allemand, l’italien ou l’espagnol sont acceptĂ©s. Publisher Information Founded in 1921, consolidated in the '30s by merging with three editors of philosophy Alcan, history Leroux and literature Rieder, Presses Universitaires de France today organize their publications around the following lines of force research and reference collections, journals, book collections, and essay collections. Rights & Usage This item is part of a JSTOR Collection. For terms and use, please refer to our Terms and Conditions Revue ArchĂ©ologique © 1985 Presses Universitaires de France Request Permissions

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La dĂ©mocratie athĂ©nienne dĂ©signe le rĂ©gime politique mis en place progressivement dans la citĂ© d'AthĂšnes durant l'AntiquitĂ© et rĂ©putĂ©e pour ĂȘtre l'ancĂȘtre des dĂ©mocraties modernes. Le terme dĂ©mocratie vient des mots grecs ÎŽáż†ÎŒÎż / dĂȘmos le peuple» et ÎșÏÎŹÎż / krĂĄtos la puissance, le pouvoir». Il s'agit donc d'un rĂ©gime oĂč les dĂ©cisions sont prises par le peuple. La citĂ© Plate-forme de la Pnyx d'oĂč parle l'orateur public. En arriĂšre-plan, l'Acropole. AthĂšnes est fondĂ©e formellement vers 750 av. par synƓcisme de plusieurs agglomĂ©rations partiellement prĂ©servĂ©es de l'invasion des Doriens. Le site est choisi pour la forteresse naturelle que reprĂ©sente l'Acropole ; les habitants peuvent rĂ©sister aux hordes de pillards qui menacent la rĂ©gion, augmentant avec les annĂ©es sa fortification. À partir de 510 av. cette fonction dĂ©fensive est abandonnĂ©e, le lieu Ă©tant consacrĂ© aux cultes et notamment celui d'AthĂ©na, dĂ©esse protectrice d'AthĂšnes. Des remparts encerclent Ă  partir de 478 av. la ville et son port, le PirĂ©e. Rares sont les bĂątiments au-delĂ  des quinze majestueuses portes, exception faite du populaire quartier du CĂ©ramique dont la production inonde le monde grec entier, ainsi seuls quelques gymnases et Ă©coles de philosophie s'excentrent pour que leurs Ă©lĂšves profitent de la tranquillitĂ© et soient totalement isolĂ©s pendant les deux annĂ©es de leur Ă©phĂ©bie. L'agora devient le centre social et politique de la citĂ© avec l'installation des institutions dĂ©mocratiques sur cette place. En Ă©tĂ© de nombreux dĂ©bats houleux ou amicaux se tiennent Ă  l'ombre du portique sud et de la Stoa PoikilĂš, on discute politique et philosophie. Des joutes oratoires d'un autre genre se dĂ©roulent sur la Pnyx, colline sur laquelle sont votĂ©es toutes les lois athĂ©niennes. La citĂ© est donc le cƓur de la dĂ©mocratie. GenĂšse de la dĂ©mocratie La naissance de la dĂ©mocratie peut ĂȘtre considĂ©rĂ©e par rapport Ă  un horizon politique au sens large du terme qui va rendre cette rĂ©forme possible et nĂ©cessaire, une crise politique et sociale totale, la stasis. Les citoyens qui rĂ©gissent leurs affaires sont amenĂ©s Ă  rĂ©flĂ©chir au meilleur systĂšme politique, Ă  la meilleure politeia, c'est-Ă -dire la meilleure façon de s’organiser pour surmonter cette crise multiple. Les origines de la dĂ©mocratie athĂ©nienne la crise de la citĂ© grecque La dĂ©mocratie trouve son origine dans la grave crise de la citĂ© grecque et les mutations propres Ă  AthĂšnes. Au VIe siĂšcle av. les citĂ©s du monde grec sont confrontĂ©es Ă  une grave crise politique, rĂ©sultant de deux phĂ©nomĂšnes concomitants. D'une part l'esclavage pour dettes, liant situation politique et situation financiĂšre, touche un nombre grandissant de paysans non propriĂ©taires terriens l'inĂ©galitĂ© politique et le mĂ©contentement sont forts dans le milieu rural. D'autre part le dĂ©veloppement de la monnaie et des Ă©changes commerciaux fait Ă©merger une nouvelle classe sociale urbaine aisĂ©e, composĂ©e des artisans et armateurs, qui revendique la fin du monopole des nobles sur la sphĂšre politique. Pour rĂ©pondre Ă  cette double crise, de nombreuses citĂ©s modifient radicalement leur organisation politique. À AthĂšnes, un ensemble de rĂ©formes amorce un processus dĂ©bouchant au Ve siĂšcle av. sur l'apparition d'un rĂ©gime politique inĂ©dit une sorte de dĂ©mocratie pour les hommes libres mais avec la continuation de l'esclavage. À titre d'exemple, le philosophe Jacques RanciĂšre estime que la dĂ©mocratie est nĂ©e historiquement comme une limite mise au pouvoir de la propriĂ©tĂ©. C’est le sens des grandes rĂ©formes qui ont instituĂ© la dĂ©mocratie dans la GrĂšce antique la rĂ©forme de Dracon qui rĂ©forma la justice, la rĂ©forme de ClisthĂšne au VIe siĂšcle av. instituant la communautĂ© politique sur la base d’une nouvelle redistribution territoriale qui cassait le pouvoir local des riches propriĂ©taires ; la rĂ©forme de Solon interdisant l’esclavage pour dettes »[1]. On ne saurait mĂ©connaĂźtre cependant le lien essentiel entre dĂ©mocratisation Ă©conomique et sociale dĂ©crite ci-aprĂšs et dĂ©mocratisation politique, non plus que l'essor naval athĂ©nien Ă  partir de 483 av. qui conditionna la dĂ©mocratie[2]. PaupĂ©risation rurale À partir du VIIe siĂšcle av. la plupart des citĂ©s grecques sont confrontĂ©es Ă  une crise politique. Le commerce se dĂ©veloppe, notamment avec l'apparition de la monnaie au Ve siĂšcle av. en provenance de la Lydie de CrĂ©sus, en contact avec les citĂ©s grecques avant la dĂ©faite de -546 face au Perse Cyrus. Ce dĂ©veloppement extraordinaire du commerce mĂ©diterranĂ©en a deux consĂ©quences. D'une part, les agriculteurs grecs sont peu compĂ©titifs face Ă  la concurrence de plus en plus vive des terres fertiles de la Grande-GrĂšce rĂ©cemment colonisĂ©e. De plus en plus de paysans, incapables d'Ă©couler suffisamment leur production, sont condamnĂ©s Ă  se vendre comme esclaves pour faire face Ă  leurs dettes. Cette main-d'Ɠuvre servile est utilisĂ©e par les urbains et vient donc elle-mĂȘme concurrencer les petits artisans indĂ©pendants. Ces sujets peu fortunĂ©s, sur lesquels repose une part croissante de l'Ă©conomie, viennent grossir le rang des chĂŽmeurs et manifestent leur mĂ©contentement. RĂ©volution hoplitique Ă©mergence d'une petite bourgeoisie Gravure d'un hoplite. D'autre part, corrĂ©lativement Ă  l'appauvrissement des masses paysannes, Ă©merge une nouvelle classe de sujets aisĂ©s, faite de commerçants et d'artisans notamment potiers Ă  AthĂšnes[rĂ©f. souhaitĂ©e]. Ceux-ci sont dorĂ©navant suffisamment riches pour acheter des Ă©quipements d'hoplites la guerre n’est plus l’apanage de l'aristocratie. Le systĂšme aristocratique basĂ© sur la propriĂ©tĂ© agraire est battu en brĂšche face aux revendications Ă©galitaires de ces nouveaux citoyens-soldats. On parle de rĂ©volution hoplitique. InstabilitĂ© politique Au sein de chaque citĂ© les grandes familles s'appuient sur le mĂ©contentement populaire tant des paysans appauvris que des nouveaux riches urbains pour mieux se disputer le pouvoir. Elles n'hĂ©sitent pas non plus Ă  faire appel Ă  des puissances extĂ©rieures pour renverser les tyrans. Ainsi, les citĂ©s se combattent frĂ©quemment entre elles, ce qui nourrit souvent les rĂ©voltes, par ailleurs durement rĂ©primĂ©es. Mais les guerres sont aussi parfois un facteur de cohĂ©sion interne des citĂ©s. En outre, chaque citĂ© grecque frappe dĂ©sormais sa propre monnaie, forgeant ainsi une nouvelle composante majeure de son identitĂ©. Au Ve siĂšcle av. les citĂ©s grecques ne frappent plus la monnaie irrĂ©guliĂšrement et chacune appose un signe particulier sur la monnaie qu'elle frappe, l'Ă©picĂšne, qui permet de la reconnaĂźtre. Pour la monnaie athĂ©nienne, c'est une chouette. Qu'elles retardent ou prĂ©cipitent l'Ă©closion d'un nouveau rĂ©gime, les diffĂ©rentes mesures politiques guerres, chutes de rĂ©gime, rĂ©pressions, levĂ©es ou baisses d'impĂŽts, introductions de monnaies n'y pourront peu la donne sociale a dĂ©finitivement changĂ©. Partout la nouvelle configuration des rapports de forces sociales fait Ă©merger une nouvelle donne politique. Deux nouveaux modĂšles, appelĂ©s Ă  s'opposer dans le siĂšcle Ă  venir, se distinguent par leur originalitĂ© l'oligarchie militaire spartiate et la dĂ©mocratie athĂ©nienne. Les rĂ©formes politiques La dĂ©mocratie athĂ©nienne ne naĂźt pas d’insurrections populaires mais de l'engagement de citoyens en politique pour assurer l'unitĂ© de la citĂ©. On distingue quatre principales sĂ©ries de rĂ©formes. RĂ©formes de Dracon Dracon est mandatĂ©, en 621-620 av. pour mettre par Ă©crit des lois ; on ne connaĂźt bien que sa lĂ©gislation sur les meurtres dĂ©sormais, tout meurtrier est soustrait Ă  la vengeance des clans et un vĂ©ritable procĂšs se dĂ©roule devant l'ArĂ©opage ou devant les tribunaux des ÉphĂštes[3]. La sĂ©vĂ©ritĂ© des peines prĂ©vues reste lĂ©gendaire, et l'adjectif draconien » devient synonyme d' implacable ». Mesure limitĂ©e qui, cependant, affirme pour la premiĂšre fois l'autoritĂ© de l'État au-dessus des parentĂ©s dans le domaine de la justice, instaure un droit commun pour tous et, par lĂ  mĂȘme, porte atteinte Ă  l'arbitraire des aristocrates. Six thesmothĂštes gardiens de la loi Ă©crite viennent alors renforcer le collĂšge des archontes. MalgrĂ© l'amplification de la crise, le monopole Ă©conomique et politique des grandes familles athĂ©niennes, les Eupatrides, n'est cependant en rien attaquĂ©, les archontes dirigeant collĂ©gialement la citĂ© Ă©tant toujours tous issus de ces milieux. Deux modĂšles rĂ©solvant ce problĂšme Ă©mergĂšrent en GrĂšce au VIe siĂšcle av. soit l'arbitrage d'un lĂ©gislateur, chargĂ©, dans une sorte de consensus, de mettre fin Ă  des troubles qui risquent de dĂ©gĂ©nĂ©rer en guerre civile ; soit la tyrannie, qui, dans l'Ă©volution de la GrĂšce archaĂŻque, apparaĂźt bien souvent comme une solution transitoire aux problĂšmes de la citĂ©. Avec Solon, le lĂ©gislateur, puis avec les Pisistratides, AthĂšnes fera successivement l'expĂ©rience de l'une et de l'autre. RĂ©formes de Solon Solon. AthĂšnes est en pleine crise politique et sociale lorsque les adversaires se mettent d'accord pour choisir Solon comme arbitre. Archonte de -594 Ă  -593, lĂ©gislateur, auteur d’un code de lois, il aurait effacĂ© les dettes, interdit l’esclavage pour dettes et dĂ©fait les lois draconiennes. Il a surtout effectuĂ© des rĂ©formes constitutionnelles qui lui valurent la rĂ©putation d'ĂȘtre le pĂšre de la dĂ©mocratie. Le systĂšme qu'il a proposĂ© est un peu diffĂ©rent de la ploutocratie. Il existerait alors quatre groupes socio-Ă©conomiques Ă  AthĂšnes les aristocrates, ou Eupatrides, composĂ©s des propriĂ©taires fonciers les plus riches ; les gĂ©moroi, cultivateurs, constituĂ©s des autres propriĂ©taires fonciers ; la classe populaire, qui compose le reste de la population et vit de son salaire ou du commerce ; les esclaves, considĂ©rĂ©s comme des biens et non comme des hommes libres. Des hommes libres, Solon tire quatre classes censitaires. D'aprĂšs le nombre de mesures de blĂ©, de vin et d'huile que le citoyen possĂšde, il appartient Ă  l'une des quatre classes » suivantes les pentacosiomĂ©dimnes, qui possĂšdent plus de 500 mĂ©dimnes de cĂ©rĂ©ales ; les hippeis, cavaliers plus de 300 mĂ©dimnes ; les zeugites, laboureurs plus de 200 mĂ©dimnes ; les thĂštes moins de 200 mĂ©dimnes. Les plus hautes magistratures ne sont accessibles qu'aux plus hautes classes ; les thĂštes n'ont accĂšs qu'Ă  l'EcclĂ©sia et aux tribunaux. L'accĂšs aux charges passait toutefois par une Ă©lection Ă  l'EcclĂ©sia. Aristote affirme qu'il aurait créé un deuxiĂšme Conseil de quatre cents membres[4] Ă  raison de 100 par tribu au fonctionnement probouleumatique[5] mais aucune preuve de son existence n'a Ă©tĂ© dĂ©couverte Ă  ce jour. La vĂ©ritable originalitĂ© de Solon rĂ©side toutefois dans ses rĂ©formes judiciaires il crĂ©a l'HĂ©liĂ©e, un tribunal populaire ouvert Ă  tous oĂč, chose nouvelle, chacun avait le droit d'intervenir en justice contre quiconque aurait enfreint les lois, affirmant ainsi la responsabilitĂ© collective des citoyens. RĂ©formes de ClisthĂšne et poussĂ©e politique des thĂštes Organisation gĂ©ographique de l'Attique. À travers sa rĂ©forme de -508, ClisthĂšne, membre d’une des plus grandes familles d’AthĂšnes, les AlcmĂ©onides, concĂ©da au peuple la participation non seulement aux dĂ©cisions politiques mais aussi aux fonctions politiques en Ă©change de son soutien. Cette rĂ©forme repose sur la rĂ©organisation de l’espace civique. Les anciennes structures politiques fondĂ©es sur la richesse et les groupes familiaux furent remplacĂ©es par un systĂšme de rĂ©partition territoriale. Un citoyen athĂ©nien ne se dĂ©finit dĂ©sormais plus que par son appartenance Ă  un dĂšme, circonscription administrative de base de la vie civique ; chaque citoyen athĂ©nien doit ĂȘtre admis dans son dĂšme lors de ses dix-huit ans. L'Attique est divisĂ©e en trois ensembles la ville asty, la cĂŽte paralie, et l’intĂ©rieur mĂ©sogĂ©e. Dans chaque ensemble se trouvent dix groupes de dĂšmes, nommĂ©s trittyes. La rĂ©union de trois trittyes, une de chaque ensemble, forme une tribu, phylĂš il y a donc dix tribus. Chaque tribu regroupe plusieurs membres ; ils sont mĂ©langĂ©s et non pas classĂ©s par culture, rĂ©gion et classes sociales afin que la population soit rĂ©partie de maniĂšre homogĂšne et que les goĂ»ts politiques et culturels et les envies soient tous entendus[6]. Ce systĂšme, sur lequel se base la nouvelle organisation des institutions, casse la pratique du clientĂ©lisme traditionnel. On parle d'isonomie, ce qui ne signifie pas Ă©galitĂ© devant la loi », comme on l'affirme souvent, mais Ă©gale rĂ©partition » du verbe grec ΜέΌ, rĂ©partir, distribuer[7]. Nouvelle organisation administrative et civique de l'Attique aprĂšs la rĂ©forme de ClisthĂšne. À la structure sociale et administrative hiĂ©rarchisĂ©e DĂšme ⊂ Trittye ⊂ Tribu ⊂ CitĂ©, ClisthĂšne fait correspondre une structure hiĂ©rarchisĂ©e du pouvoir Prytanes ⊂ BoulĂš ⊂ EcclĂ©sia. Juges ⊂ HĂ©liĂ©e ⊂ EcclĂ©sia. La BoulĂš passe ainsi de 400 Ă  500 membres, 50 pour chaque nouvelle tribu, et sert non plus Ă  Ă©clairer l'ArĂ©opage mais Ă  dĂ©finir l'ordre du jour de l'EcclĂ©sia. MalgrĂ© la crĂ©ation des tribunaux de l'HĂ©liĂ©e, la mainmise sur le pouvoir judiciaire de l'ArĂ©opage reste prĂ©dominante. La rĂ©forme ne retint pas le vote comme mode principal de dĂ©signation des responsables politiques, lui prĂ©fĂ©rant des tirages au sort pour la dĂ©signation des bouleutes et des hĂ©liastes et un systĂšme d'alternance rĂ©guliĂšre pour les prytanes, ce qui fait, pour partie, de la dĂ©mocratie athĂ©nienne une stochocratie. D'autre part, lorsque ThĂ©mistocle convainquit les AthĂ©niens de construire une flotte de combat pour leur dĂ©fense contre les Perses, en 483 av. il fallut embarquer des milliers de citoyens de la quatriĂšme classe, les thĂštes Ă  raison de 174 rameurs par bĂątiment, pour une flotte de deux cents triĂšres, ces citoyens pauvres acquĂ©raient un poids politique bien plus important que celui des hoplites. Cet essor naval d'AthĂšnes conditionna aussi la dĂ©mocratie proprement dite. RĂ©formes de PĂ©riclĂšs Vers le milieu du Ve siĂšcle av. en 451 av. PĂ©riclĂšs mit en place une indemnitĂ© journaliĂšre de prĂ©sence au sein de l'HĂ©liĂ©e et de la BoulĂȘ, ainsi qu'aux spectacles des PanathĂ©nĂ©es c’est le misthoĂŻ salaire » destinĂ© Ă  faire participer les citoyens les plus pauvres et rĂ©sidant le plus loin de la ville[8]. Elle leur permettait de chĂŽmer un jour pour assurer leurs fonctions civiques et politiques. Le montant de cette indemnitĂ© ou misthos passa de deux Ă  trois oboles par jour sous ClĂ©on, soit l'Ă©quivalent du faible salaire d'un ouvrier. Cette mesure renforça le caractĂšre dĂ©mocratique du rĂ©gime athĂ©nien. Cependant, PĂ©riclĂšs se distingua plus par ses actions militaires et diplomatiques et par les grands chantiers qu'il entreprit que par sa rĂ©novation des institutions politiques. En -451, PĂ©riclĂšs fit adopter un dĂ©cret qui imposa, pour devenir citoyen, d'ĂȘtre nĂ© de l'union lĂ©gitime d'un pĂšre citoyen et d'une mĂšre, fille de citoyen[9]. Fonctionnement de la dĂ©mocratie athĂ©nienne La citoyennetĂ© athĂ©nienne Jusqu'en 451 av. pour ĂȘtre citoyen athĂ©nien, il faut ĂȘtre un homme nĂ© de pĂšre athĂ©nien, et avoir suivi l'Ă©phĂ©bie de 18 Ă  20 ans, c’est-Ă -dire ĂȘtre capable de dĂ©fendre la citĂ©. L'Ă©phĂ©bie est en effet une formation militaire et civique qui permet Ă  la citĂ© d'assurer sa dĂ©fense sans avoir d'armĂ©e permanente ; elle prĂ©munit aussi la ville des risques de tyrannie. En 451, PĂ©riclĂšs modifie la loi qui dĂ©sormais confĂšre la citoyennetĂ© au jeune adulte Ă  la seule condition de la double filiation d'un pĂšre de statut citoyen et d'une mĂšre, fille de citoyen, ce second critĂšre introduisant une restriction notable. Les esclaves et les femmes considĂ©rĂ©s respectivement comme des biens et d'Ă©ternelles mineures, ainsi que les mĂ©tĂšques Ă©trangers n'Ă©taient pas inclus dans la communautĂ© politique, comme dans la plupart des citĂ©s grecques. Cependant, si un mĂ©tĂšque non barbare c’est-Ă -dire grec accomplissait de hauts faits pour la citĂ©, il pouvait recevoir, Ă  titre exceptionnel et en remerciement de ses actions, la citoyennetĂ© athĂ©nienne, moyennant finances. Une telle dĂ©cision ne pouvait ĂȘtre prise qu'Ă  la suite d'un vote de l'EcclĂ©sia rĂ©unissant 6 000 citoyens. Ces naturalisations sont donc trĂšs rares et solennelles. Par exemple, un mĂ©tĂšque riche a fait don Ă  la citĂ© d'AthĂšnes de plus de 1 000 boucliers, et il n'a jamais obtenu cette citoyennetĂ©. La raretĂ© de ce droit de citĂ© accordĂ© Ă  des Ă©trangers s'explique par le dĂ©sir de maintenir un Ă©quilibre optimum entre le territoire et ceux qui se le partagent, et de ne point accroĂźtre inconsidĂ©rĂ©ment le nombre des citoyens, c'est-Ă -dire des ayants droit[10]. La citoyennetĂ© confĂ©rait un pouvoir politique, mais aussi une protection judiciaire, les citoyens ne pouvant ni ĂȘtre soumis Ă  la question torture, ni ĂȘtre condamnĂ©s au supplice ou Ă  une peine corporelle. Les seules peines qui pouvaient leur ĂȘtre infligĂ©es Ă©taient donc l'amende, l'atimie, l'exil, et la mort. La citoyennetĂ© confĂšre aussi un privilĂšge Ă©conomique seuls les citoyens peuvent avoir une propriĂ©tĂ© fonciĂšre. Ce privilĂšge s'explique par l'histoire de la dĂ©mocratie athĂ©nienne ; hĂ©ritier d'un passĂ© aristocratique, le rĂ©gime considĂ©rait l'agriculture comme le seul travail digne d'un citoyen, et valorisa la vie de rentier. Le citoyen athĂ©nien avait le droit de voter et d'ĂȘtre Ă©lu mais il avait le devoir de faire la guerre et de payer les impĂŽts. Par ailleurs, les riches devaient financer les liturgies et les pauvres devaient ĂȘtre aidĂ©s financiĂšrement pour pouvoir participer Ă  la vie de la citĂ©. Les institutions politiques RĂ©partition des pouvoirs politiques dans l'AthĂšnes dĂ©mocratique au IVe siĂšcle. Les institutions constitutives de la dĂ©mocratie athĂ©nienne nous sont connues essentiellement grĂące Ă  la dĂ©couverte inopinĂ©e, Ă  la fin du XIXe siĂšcle d'une Constitution des AthĂ©niens attribuĂ©e Ă  Aristote, et Ă  ses disciples du LycĂ©e, et rĂ©digĂ©e aux environs de 330 av. Bien que la dĂ©mocratie athĂ©nienne n'eĂ»t jamais de constitution Ă©crite officielle, les rĂŽles de ses institutions n'en demeurent pas moins clairement connus et distincts les uns des autres. Leurs Ă©volutions font donc l'objet de subtiles luttes politiques. L'EcclĂ©sia C'est l'assemblĂ©e qui rassemble tous les citoyens rĂ©unis sur la colline de la Pnyx. Elle vote les lois en gĂ©nĂ©ral avec un quorum de 6 000 citoyens, en certaines circonstances ; la participation est normalement infĂ©rieure Ă  ce chiffre si l'on en croit Thucydide[12],[13]. Ces votes se font Ă  main levĂ©e et Ă  la majoritĂ© simple. N'importe quel citoyen peut prendre la parole libertĂ© qu'en grec ancien on appelle áŒ°Î·ÎłÎżÏÎŻÎ±, isegoria, exercer son pouvoir d'amendement et proposer une motion. C’est le propre de la dĂ©mocratie directe. Une fois votĂ©e, la loi est exposĂ©e au public sur l'Agora. Selon un processus similaire, l'EcclĂ©sia peut, une fois par an, prononcer l'exil d'un citoyen, pour diffĂ©rents motifs et pour une durĂ©e dĂ©terminĂ©e. Ce vote est appelĂ© l'ostracisme dont le nom vient du morceau de cĂ©ramique l'ostracon sur lequel est inscrit le nom de la personne dont on demande le bannissement. Cette sanction est dure, car le banni n'est plus protĂ©gĂ© par sa citĂ©. Il est soumis Ă  tous les alĂ©as, et dans les pires cas, il peut connaĂźtre l'esclavage. La rĂ©union annuelle d'ostracophorie s'effectue aprĂšs celle pendant laquelle les magistrats, bouleutes et hĂ©liastes sont tirĂ©s au sort pour des mandats d'un an. Elle nĂ©cessite la prĂ©sence de 6 000 membres, c'est le fameux quorum de 6 000. Cette pratique disparaĂźtra en 417 av. aprĂšs avoir frappĂ© une dizaine de grands hommes politiques athĂ©niens, Ă©vincĂ©s par des rivaux politiques. La BoulĂš La BoulĂš orthographiĂ©e parfois BoulĂȘ est le nom gĂ©nĂ©rique des conseils dans diffĂ©rents rĂ©gimes grecs. À AthĂšnes, la BoulĂȘ est souvent appelĂ©e Conseil des Cinq-Cents », car, Ă  partir des rĂ©formes de ClisthĂšne, elle est composĂ©e de 500 membres bouleutes Ă  raison de cinquante par tribu. Les bouleutes sont tirĂ©s au sort parmi des listes dressĂ©es par chaque dĂšme de citoyens volontaires ĂągĂ©s de plus de trente ans et renouvelĂ©s chaque annĂ©e l'absence de toute qualification autre que d'Ăąge empĂȘche que la fonction soit l'objet d'une compĂ©tition ; un citoyen ne peut ĂȘtre bouleute au maximum que deux fois non successives, ce qui exclut la possibilitĂ© d'y faire carriĂšre. Cette assemblĂ©e siĂšge de façon permanente. La prĂ©sidence et la coordination du travail sont assurĂ©es par les prytanes. Chaque tribu assure pendant un dixiĂšme de l'annĂ©e 35-36 jours la prytanie, c'est-Ă -dire la permanence. Le principal travail de la BoulĂš est de recueillir les propositions de loi prĂ©sentĂ©es par les citoyens, puis de prĂ©parer les projets de loi pour pouvoir ensuite convoquer l'EcclĂ©sia. La BoulĂš siĂšge au Bouleuterion, bĂątiment contigu Ă  la Tholos sur l'Agora. On a pu dire de la boulĂ© athĂ©nienne que c'Ă©tait une machine Ă  Ă©liminer les influences et Ă  faire triompher le sens commun du dĂ©mos, et le meilleur garant de la dĂ©mocratie »[14]. Les magistrats La magistrature est une institution de la dĂ©mocratie athĂ©nienne. Elle comprend environ 700 magistrats, choisis par Ă©lection, dĂ©signation, ou par tirage au sort. Leur mandat dure le plus souvent 1 an mais il existe plusieurs exceptions[15]. Les magistrats gĂšrent les affaires courantes et veillent Ă  l'application des lois. Ils doivent exercer leur pouvoir de maniĂšre collĂ©giale, aucune magistrature n'Ă©tant lĂ©galement en Ă©tat de dĂ©velopper un pouvoir personnel, ce qui est censĂ© Ă©viter le retour Ă  la tyrannie. Les magistrats et les ambassadeurs sont contrĂŽlĂ©s Ă  la fin de leur mandat. C'est la reddition de comptes que l'on nomme euthynai. Cela permet aux AthĂ©niens de contrĂŽler efficacement les magistrats et de limiter ainsi les dĂ©rives. Avant d'ĂȘtre investis, les hommes tirĂ©s au sort devaient passer devant une commission de contrĂŽle qui avait pour mandat de s'assurer que les individus sĂ©lectionnĂ©s possĂ©daient les compĂ©tences nĂ©cessaires pour exercer la magistrature pour laquelle ils avaient Ă©tĂ© dĂ©signĂ©s[16]. La dokimasia est l'examen prĂ©liminaire que subissent les futurs magistrats pour limiter les effets malheureux du tirage au sort. Il s'agit d'un examen de capacitĂ© lĂ©gale il permet de vĂ©rifier que le candidat est bien citoyen, qu'il a bien l'Ăąge minimum et le cens requis, qu'il n'a jamais occupĂ© le poste et qu'il n'est pas frappĂ© d'incapacitĂ© juridique. Il se dĂ©roule soit devant la BoulĂ©, soit devant l'HĂ©liĂ©e[17]. Magistratures athĂ©niennes liste non exhaustive Archontes Édiles Magistratures judiciaires Magistratures financiĂšres Magistratures commerciales Magistratures culturelles et religieuses Magistratures militaires Magistratures de contrĂŽle L'archonte Ă©ponyme Les astynomes Les Onze Les trĂ©soriers Les agoranomes Les hiĂ©ropoioi Les stratĂšges Les euthynes et leurs parĂšdres L'archonte-roi Les hodopoioi Les juges des dĂšmes Les colacrĂštes ou apodectes Les mĂ©tronomes Les exĂ©gĂštes Les taxiarques Les logistes et leurs substituts L'archonte polĂ©marque Les polĂštes Les sitophylakes Les athlothĂštes Les phylarques Les thesmothĂštes Les logistes Les Ă©pimĂ©lĂštes d'emporion Les hipparques Le secrĂ©taire Les hellĂ©notames Les intendants de galĂšre Les practores Les sophronistes Parmi eux, on trouve donc les 10 stratĂšges, Ă©lus pour un an et rééligibles Ă  leurs fonctions militaires, puisqu'ils sont chargĂ©s du commandement de l'armĂ©e, Ă©taient liĂ©es de multiples affaires qui leur ont valu une compĂ©tence et une autoritĂ© grandissantes. Ce sont les magistrats les plus importants de la dĂ©mocratie. L'ArĂ©opage L'ArĂ©opage est une institution politique, prĂ©cĂ©dant l'avĂšnement de la dĂ©mocratie et aux origines mythiques, qui eut pour but premier de conserver les lois », c’est-Ă -dire de veiller au respect de la constitution, et ayant Ă  cette fin des pouvoirs judiciaires trĂšs Ă©tendus. Il est formĂ© d'anciens archontes, c’est-Ă -dire d'anciens nobles riches et puissants avant qu'ils ne fussent tirĂ©s au sort. C'est traditionnellement l'institution athĂ©nienne la moins dĂ©mocratique et la plus aristocratique. Elle tient son nom de la colline d’ArĂšs oĂč siĂšgent les arĂ©opagites. Son emplacement, hors de l’Agora qui est le cƓur de la citĂ©, a une forte symbolique le crime n'a, littĂ©ralement, pas le droit de citĂ©. Les rĂ©formes de Dracon permirent aux citoyens de former des recours auprĂšs de l'ArĂ©opage Ă  l'encontre de magistrats les ayant lĂ©sĂ©s dans l'exercice de leurs fonctions. Celles de Solon renforcĂšrent encore le pouvoir de l'ArĂ©opage, qui fit alors figure de conseil des Sages, protĂ©geant la citĂ© non seulement contre les menaces internes et prĂ©venant ainsi — paradoxalement — les complots ourdis contre la dĂ©mocratie mais aussi les menaces externes. À ce titre, l’ArĂ©opage ne rendait compte de ses activitĂ©s auprĂšs d'aucune autre institution. AprĂšs les rĂ©formes de ClisthĂšne et les guerres mĂ©diques, le pouvoir dĂ©tenu par l'ArĂ©opage devient donc prĂ©pondĂ©rant. ÉphialtĂšs et ThĂ©mistocle travaillĂšrent de concert pour rĂ©duire cette influence au profit de l'EcclĂ©sia, de la BoulĂȘ, et des nouveaux tribunaux de l'HĂ©liĂ©e. Ainsi, aprĂšs 462 av. l'ArĂ©opage ne dispose plus de pouvoir politique mais fait figure de vĂ©nĂ©rable institution. L'HĂ©liĂ©e Ce tribunal populaire est composĂ© de 6 000 citoyens, toujours ĂągĂ©s de plus de 30 ans et rĂ©partis en dix classes de 500 citoyens 1 000 restant en rĂ©serve tirĂ©s au sort chaque annĂ©e pour devenir hĂ©liastes[18]. Ils Ă©taient dĂ©signĂ©s grĂące Ă  la plaque que l'on voit ci-contre Ă  gauche. Pour ce faire, on mettait les noms de tous les volontaires dans les cases et on ajoutait des fĂšves blanches et noires dans un autre compartiment qui a Ă©tĂ© arrachĂ©, puis on tirait au sort un nom et une fĂšve si la fĂšve Ă©tait blanche, le citoyen Ă©tait hĂ©liaste et si la fĂšve Ă©tait noire, il ne l'Ă©tait pas, et on recommençait pour en avoir jusqu'Ă  500. L'accusation est toujours, en l'absence d'Ă©quivalent Ă  nos ministĂšres publics », une initiative personnelle d'un citoyen. Celui-ci percevant, en cas de condamnation, une partie de l'amende, pour indemnisation et rĂ©compense de ses efforts pour la justice, certains citoyens font de la dĂ©lation leur mĂ©tier, ce sont les sycophantes. MalgrĂ© des mĂ©canismes limitant les dĂ©rives de ce systĂšme, celui-ci contribue Ă  diviser la citĂ© et servit d'argument fort au parti aristocratique contre le nouveau rĂ©gime. Par un systĂšme compliquĂ© et selon l'affaire, on dĂ©signe par tirage au sort sous contrĂŽle d'un magistrat instructeur un plus ou moins grand nombre d'hĂ©liastes pour chaque procĂšs. Ainsi, Ă  titre d'exemple, pour un procĂšs privĂ©, 201 juges siĂšgent normalement, 401 exceptionnellement. Pour les procĂšs publics, ils sont 501, 1 001, voire 1 501 juges. La tĂąche de juger est d'autant plus difficile qu'il n'y a ni code de procĂ©dure, ni code pĂ©nal, offrant ainsi une grande libertĂ© d'interprĂ©tation des lois par ailleurs en nombre rĂ©duit. De plus, les verdicts sont sans appel et immĂ©diatement exĂ©cutoires, on comprend dĂšs lors l'important rĂŽle politique que prennent les tribunaux de l'HĂ©liĂ©e. 200 rĂ©unions ont lieu par an, chacune sous la prĂ©sidence d'un magistrat qui ne prenait pas part au vote. Le tribunal des ÉphĂštes, juges des causes criminelles, compte 51 membres, c'est celui qui a le plus accaparĂ© les prĂ©rogatives de l’ArĂ©opage ; il peut siĂ©ger en quatre endroits diffĂ©rents selon les types d'affaires au Prytaneion, tribunal du sang », ils jugent tout ce qui a pu amener mort d'hommes objets, animaux ; au Palladion, ils jugent les homicides involontaires, les instigations au meurtre, les mĂ©tĂšques et les esclaves ; au Delphinion, ils jugent les homicides considĂ©rĂ©s par l'archonte-roi comme excusables ou dĂ©coulant de la lĂ©gitime dĂ©fense ; Ă  PhrĂ©attys sur une plage, ils jugent les bannis pour homicide involontaire qui ont commis un meurtre avec prĂ©mĂ©ditation dans leur exil. L'accusĂ©, encore en Ă©tat de souillure et interdit de sĂ©jour, est alors placĂ© sur une embarcation au large d'oĂč il prĂ©sente sa dĂ©fense aux juges[19]. Équilibre entre l’EcclĂ©sia et l’HĂ©liĂ©e Au cours du temps, l’HĂ©liĂ©e a limitĂ© le pouvoir de l'EcclĂ©sia. Au Ve siĂšcle avant notre Ăšre, Ă  l'Ă©poque de PĂ©riclĂšs, la dĂ©mocratie est radicale et l'EcclĂ©sia vote tout, toute seule. Mais au IVe siĂšcle av. Ă  l'Ă©poque de DĂ©mosthĂšne, l'EcclĂ©sia ne vote plus que les dĂ©crets. Les lois doivent ĂȘtre votĂ©es par les nomothĂštes sur proposition de l'EcclĂ©sia. Les nomothĂštes sont tirĂ©s au sort de la mĂȘme façon que les membres du tribunal de l'HĂ©liĂ©e, elle-mĂȘme chargĂ©e de veiller Ă  la lĂ©galitĂ© des dĂ©crets. En effet, en 416 av. la procĂ©dure de graphĂš paranomĂŽn áŒĄ ÎłÏÎ±Ï†Îź παραΜΌΜ est une action en illĂ©galitĂ© pour la mise en accusation d'un dĂ©cret ; elle se substitue Ă  la pratique de l'ostracisme utilisĂ©e pour la derniĂšre fois l'annĂ©e prĂ©cĂ©dente. Elle permet Ă  n’importe quel citoyen de faire examiner par un tribunal de l’HĂ©liĂ©e, le dikastĂšrion, tout dĂ©cret ayant Ă©tĂ© votĂ© par l’EcclĂ©sia ou en cours de proposition par l’EcclĂ©sia. Si le tribunal juge le dĂ©cret ou la proposition de dĂ©cret contraire aux lois, non seulement elle est annulĂ©e mais son auteur, et l’épistate dirigeant les dĂ©bats au moment de son adoption ou proposition, sont passibles de lourdes sanctions, allant jusqu’à l’atimie. Si le tribunal est appelĂ© pour juger un dĂ©cret en cours de proposition et qu’il l’a dĂ©clarĂ© compatible avec la loi, cela entraĂźnait son adoption sans rĂ©examen par l’EcclĂ©sia. La graphĂš paranomĂŽn offre donc Ă  l’HĂ©liĂ©e au fil du temps un rĂŽle de co-lĂ©gislateur, partageant le pouvoir lĂ©gislatif avec la BoulĂȘ et l’EcclĂ©sia. RĂ©sultat Ă  partir de 355 av. les luttes politiques ne se tiennent plus seulement sur la Pnyx, mais aussi devant les HĂ©liastes qui, Ă  l'inverse des ecclĂ©siastes, avaient prĂȘtĂ© serment, votaient Ă  bulletin secret, devaient avoir au moins trente ans, et consacraient une journĂ©e entiĂšre par affaire, alors que l'EcclĂ©sia votait plusieurs dĂ©crets en une demi-journĂ©e. Les AthĂ©niens considĂ©raient donc que les dĂ©cisions des nomothĂštes Ă©taient supĂ©rieures, en raison du serment religieux d'Ă©couter Ă©galement les deux parties et de se dĂ©terminer en son Ăąme et conscience, de la sagesse qui vient avec l'Ăąge et du temps consacrĂ© Ă  chaque affaire. Cependant les nomothĂštes sont quand mĂȘme tirĂ©s au sort dans l'ensemble des citoyens volontaires, ils ne constituent donc pas une limitation Ă©litiste de la souverainetĂ© du dĂ©mos. Peines judiciaires et sanctions dĂ©mocratiques Ă  AthĂšnes Les citoyens ne pouvaient pas, contrairement aux mĂ©tĂšques ou aux esclaves, encourir la torture. Mais ils encouraient plusieurs peines judiciaires en cas d’infraction Ă  la loi, ou des sanctions inhĂ©rentes aux institutions dĂ©mocratiques Les citoyens peuvent subir des amendes financiĂšres ; Les citoyens ayant commis des dĂ©lits mineurs avaient la maison peinte d'une couleur voyante pour susciter la honte du coupable et le mĂ©pris du voisinage[rĂ©f. nĂ©cessaire] ; Les citoyens pouvaient ĂȘtre dĂ©mis de leur qualitĂ© par l'atimie, ce qui les privait de nombreux avantages ; L'ostracisme pouvait ĂȘtre votĂ© par l'EcclĂ©sia, il consistait gĂ©nĂ©ralement en un bannissement d'une durĂ©e de 10 ans ; Enfin, dans les cas exceptionnels, la peine de mort Ă©tait appliquĂ©e, par exemple, par absorption de la ciguĂ« que Socrate ou ThĂ©ramĂšne sont condamnĂ©s Ă  boire[20]. Globalement, les citoyens Ă©taient beaucoup mieux protĂ©gĂ©s par la loi que les non-citoyens ; en gĂ©nĂ©ral le meurtre d'un citoyen Ă©tait puni de la peine de mort tandis que le meurtre d'un mĂ©tĂšque entraĂźnait le bannissement. Les grandes crises de l'Empire AthĂ©nien guerre du PĂ©loponnĂšse et coups d'État L'annĂ©e -430 marque, avec la guerre du PĂ©loponnese, le dĂ©but du dĂ©clin d'AthĂšnes. La dĂ©sastreuse et longue lutte contre Sparte conjuguĂ©e Ă  une Ă©pidĂ©mie de fiĂšvre typhoĂŻde, fatale pour PĂ©riclĂšs en -429, ne sont que les premiers facteurs qui finalement conduiront Ă  leur perte l'empire athĂ©nien et la citĂ© dĂ©sormais dĂ©moralisĂ©e et soumise aux dĂ©magogues. AprĂšs PĂ©riclĂšs, les auteurs contemporains dont les ouvrages nous sont parvenus les historiens Thucydide puis XĂ©nophon, le comique Aristophane, et plus tard au IVe siĂšcle Platon, critiquent fortement la dĂ©rive dĂ©magogique de la dĂ©mocratie athĂ©nienne. Pour Aristophane, qui critiqua notamment le passage Ă  trois oboles du misthos sous ClĂ©on dans sa piĂšce les GuĂȘpes les pauvres, de plus en plus impliquĂ©s dans l'exercice du pouvoir, sont plus sensibles aux arguments des dĂ©magogues. La foule des citoyens prend des dĂ©cisions qu'on analysera ultĂ©rieurement comme particuliĂšrement injustes, un exemple souvent citĂ© Ă©tant la condamnation Ă  mort de Socrate[rĂ©f. nĂ©cessaire]. Il n'est donc pas Ă©tonnant que la critique intellectuelle de la dĂ©mocratie apparaisse sous une forme particuliĂšrement sĂ©vĂšre, chez le principal disciple de Socrate Platon. Celui-ci hiĂ©rarchise dans la RĂ©publique les rĂ©gimes politiques en plaçant la dĂ©mocratie juste devant la tyrannie et derriĂšre l'aristocratie, la timocratie, et l'oligarchie. Un premier coup renverse la dĂ©mocratie au profit d'une Ă©phĂ©mĂšre tyrannie en -411, avec le coup d'État des Quatre-Cents. À la suite de la dĂ©faite finale d'AthĂšnes contre Sparte Ă  Aegos Potamoi, Sparte occupe AthĂšnes et instaure en -404 un rĂ©gime tyrannique avec les Trente tyrans ». Ceux-ci suppriment l'HĂ©liĂ©e, restaurent les prĂ©rogatives passĂ©es de l'ArĂ©opage, et relĂšguent l'EcclĂ©sia Ă  un simple rĂŽle consultatif, s'assurant eux-mĂȘmes les rĂȘnes du pouvoir. Ce rĂ©gime, de plus en plus violent[20], ne survivra pas au dĂ©part de l'occupant spartiate au dĂ©but de l’an -403. IVe siĂšcle av. PĂ©riodes hellĂ©nistique et romaine Alexandre le Grand avait menĂ© une coalition des États grecs Ă  la guerre avec l'Empire perse en 336 av. mais ses soldats grecs Ă©taient des otages pour le comportement de leurs États autant que des alliĂ©s. Ses relations avec AthĂšnes Ă©taient dĂ©jĂ  tendues quand il retourna Ă  Babylone en 324 av. AprĂšs sa mort 323 av. AthĂšnes, qui a reconstituĂ© ses finances et ses forces navales, et Sparte ont menĂ© plusieurs États grecs Ă  la guerre avec la MacĂ©doine et ont perdu cette guerre. AthĂšnes dut adopter un rĂ©gime oligarchique protĂ©gĂ© par une garnison macĂ©donienne. HypĂ©ride fut exĂ©cutĂ© et DĂ©mosthĂšne se suicida[21]. Ceci a abouti Ă  un certain nombre de pĂ©riodes au cours desquelles une force extĂ©rieure a commandĂ© AthĂšnes[22]. Souvent, le pouvoir extĂ©rieur mit en place un agent local en tant que gouverneur politique Ă  AthĂšnes. Mais quand AthĂšnes Ă©tait indĂ©pendante, elle fonctionnait sous sa forme de gouvernement traditionnel. Elle a rarement contrĂŽlĂ© toute l'Attique, puisque le PirĂ©e est une excellente base navale, et un des rois hellĂ©nistiques habituellement la contrĂŽlait. MĂȘme les gouverneurs, comme DĂ©mĂ©trios de PhalĂšre qui gouverna AthĂšnes pour le compte de Cassandre entre 317 et 307 av. maintenaient les institutions traditionnelles formellement. L'AthĂšnes indĂ©pendante Ă©tait une puissance mineure Ă  l'Ă©poque hellĂ©nistique. Elle eut rarement beaucoup Ă  faire de la politique Ă©trangĂšre. Elle restait gĂ©nĂ©ralement en paix, alliĂ©e soit avec la dynastie des PtolĂ©mĂ©es, ou plus tard, avec Rome. Quand elle fit la guerre, le rĂ©sultat comme dans la guerre lamiaque, chrĂ©monidĂ©enne ou de Mithridate fut gĂ©nĂ©ralement dĂ©sastreux. Notes et rĂ©fĂ©rences ↑ Jacques RanciĂšre La dĂ©mocratie est nĂ©e d’une limitation du pouvoir de la propriĂ©tĂ© » », sur 17 novembre 2007. ↑ Édouard Will, Le Monde grec et l'Orient, Le Ve siĂšcle 510-403, PUF, 1972, p. 65, 102 et 421. ↑ Pierre LĂ©vĂȘque, L'Aventure grecque, Armand Colin, 1969, p. 186-187. ↑ Aristote, Constitution d'AthĂšnes [dĂ©tail des Ă©ditions] lire en ligne, VIII, 4. ↑ Pierre LĂ©vĂȘque, L'aventure grecque, Armand Colin, 1969, p. 188. ↑ Édouard Will, Le monde grec et l'Orient, Le Ve siĂšcle 510-403, Presses Universitaires de France, 1972, p. 69 Ă  74. ↑ Édouard Will, Le Monde grec et l'Orient, Le Ve siĂšcle 510-403, Presses Universitaires de France, 1972, p. 73-74. ↑ Aristote, Constitution d'AthĂšnes [dĂ©tail des Ă©ditions] lire en ligne, XXVII, 3-4. ↑ Édouard Will, Le Monde grec et l'Orient, Le Ve siĂšcle 510-403, Presses Universitaires de France, 1972, p. 421. ↑ Édouard Will, Le Monde grec et l'Orient, Le Ve siĂšcle 510-403, PUF, 1972, p. 421. ↑ Aristote, Constitution d'AthĂšnes [dĂ©tail des Ă©ditions] lire en ligne. ↑ Thucydide, La Guerre du PĂ©loponnĂšse, VIII, 72. ↑ Édouard Will, Le Monde grec et l'Orient, Le Ve siĂšcle 510-403, PUF, p. 450. ↑ Édouard Will, Le Monde grec et l'Orient, Le Ve siĂšcle 510-403, PUF, 1972, p. 451-452. ↑ Yves Pepin, Ressemblances et diffĂ©rences La dĂ©mocratie AthĂ©nienne et la RĂ©publique Romaine », sur ↑ Anastasia Colosimo, DĂ©mocratie 1/3 DĂ©mocratie et libĂ©ralisme, je t’aime moi non plus ? », sur France Culture, 24 dĂ©cembre 2018 consultĂ© le 25 dĂ©cembre 2018 ↑ Édouard Will, Le Monde grec et l'Orient, Le Ve siĂšcle 510-403, PUF, 1972, p. 454. ↑ Aristote, Constitution d'AthĂšnes [dĂ©tail des Ă©ditions] lire en ligne, LXIII et suiv. ↑ Robert FlaceliĂšre, La Vie quotidienne en GrĂšce au temps de PĂ©riclĂšs, Hachette, 1971, p. 282-283. ↑ a et b XĂ©nophon trad. Jean Hatzfeld, HellĂ©niques, Les Belles Lettres, 1948. ↑ Édouard Will, Claude MossĂ©, Paul Goukowsky, Le Monde grec et l'Orient, Le IVe siĂšcle et l'Ă©poque hellĂ©nistique, PUF, 1975, p. 352. ↑ De 322 Ă  318 ; de 317 Ă  307 ; de 266 Ă  229 MacĂ©doine ; de 58 Ă  55 av. Rome. Voir aussi Bibliographie Moses Finley, DĂ©mocratie antique et dĂ©mocratie moderne, Payot, coll. Petite bibliothĂšque », 2003 ISBN 2228897515 1re Ă©d. 1973 Democracy, Ancient and Modern. Mogens Herman Hansen, La DĂ©mocratie athĂ©nienne Ă  l'Ă©poque de DĂ©mosthĂšne, Les Belles Lettres, coll. Histoire », 2003 ISBN 2251380248, 1re Ă©d. 1991 The Athenian Democracy in the Age of Demosthenes. Bernard Manin, Principes du gouvernement reprĂ©sentatif 1re Ă©d. 1995 [dĂ©tail des Ă©ditions] prĂ©sentation en ligne.. Pascal Morisod, D'AthĂšnes Ă  Berne, la voix du peuple
 », dans Chronozones no 10 2004, Lausanne ISSN 1422-5247. Jacques Jouanna, AthĂšnes et la dĂ©mocratie », Comptes rendus des sĂ©ances de l’AcadĂ©mmie des Inscriptions et Belles-Lettres, vol. 155e annĂ©e, no 4,‎ 2011, p. 1659-1668 lire en ligne, consultĂ© le 18 aoĂ»t 2020. Claude MossĂ© Histoire d'une dĂ©mocratie AthĂšnes. Des origines Ă  la conquĂȘte macĂ©donienne, Seuil, coll. Points Histoire », 1971 ISBN 2020006464, Politique et sociĂ©tĂ© en GrĂšce ancienne le modĂšle » athĂ©nien, Flammarion, coll. Champs », 2000 ISBN 2080814389. S. Price et O. Murray s. dir., La CitĂ© grecque d'HomĂšre Ă  Alexandre, La DĂ©couverte, coll. Textes Ă  l'appui », 1992 ISBN 2707121770. Jacqueline de Romilly ProblĂšmes de la dĂ©mocratie grecque, Herman, coll. Agora », 1998 ISBN 2705657819, 1re Ă©d. 1975 L'Élan dĂ©mocratique dans l'AthĂšnes ancienne, Éditions De Fallois, 2005 ISBN 2877065561. Edmond LĂ©vy, La GrĂšce au Ve siĂšcle, de ClisthĂšne Ă  Socrate, Seuil, collection Points Histoire », 1995. en R. Sinclair, Democracy and Participation in Athens, Cambridge University Press, 1988 ISBN 0521423899. Cornelius Castoriadis, Ce qui fait la GrĂšce, tome 2 La citĂ© et les lois, Seuil, coll. la couleur des idĂ©es, 2008 ISBN 9782020971416. Articles connexes Histoire de la GrĂšce antique Liens externes La citoyennetĂ© Ă  AthĂšnes, dossier du projet Musagora de l'Educnet. Textes sur la sociĂ©tĂ© athĂ©nienne Ă  l'Ă©poque classique. Textes sur la pensĂ©e politique grecque Naissance de la dĂ©mocratie, DĂ©partement des programmes Ă©ducatifs du MinistĂšre hellĂ©nique de la Culture.

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